Gargantua de Rabelais a-t-il pour fonction de nous amuser ou bien de nous instruire ?

François Rabelais, auteur humaniste de la Renaissance, compose *Gargantua* en 1534, une œuvre qui oscille entre une comédie débordante et une réflexion profonde sur les thèmes de l'éducation, de la société et de la religion. Cette dualité soulève une question essentielle : *Gargantua* a-t-il pour fonction principale de nous amuser ou bien de nous instruire ? L’analyse de cette problématique conduit à examiner successivement comment l’œuvre amuse par son comique foisonnant, avant d’étudier son ambition d’instruction morale et intellectuelle, puis enfin de montrer que Rabelais parvient à réconcilier amusement et érudition dans une perspective humaniste.

I. *Gargantua* : une œuvre comique pour divertir

Tout d'abord, *Gargantua* s'impose comme une œuvre comique, éminemment divertissante. Rabelais joue sur plusieurs formes d’humour qui captivent le lecteur et rendent la lecture plaisante.

1. **Un comique burlesque et grotesque** :

L’œuvre regorge de scènes exagérées et absurdes, comme la naissance de Gargantua ou la description de son appétit gargantuesque. Ces épisodes caricaturaux déclenchent le rire en jouant sur des démesures physiques et morales. Par exemple, Gargantua utilise des moyens grotesques pour éteindre un incendie, ce qui illustre l’humour rabelaisien.

2. **Un comique verbal et linguistique** :

Rabelais multiplie les jeux de mots, les calembours et les expressions imagées qui sollicitent l’intelligence du lecteur tout en le divertissant. Les noms des personnages, comme Grandgousier ou Frère Jean des Entommeures, participent à cette dérision langagière.

3. **Un comique parodique** :

L’œuvre pastiche les genres littéraires de son époque, notamment les romans de chevalerie, tout en ridiculisant certaines figures de l’autorité, comme les sophistes ou les clercs corrompus. Ce comique parodique renforce l’aspect ludique du texte.

Ainsi, *Gargantua* amuse en exploitant un humour varié et accessible, tout en affirmant une volonté de captiver le lecteur par la jubilation.

II. *Gargantua* : une œuvre qui instruit

Cependant, derrière le rire, Rabelais vise également une ambition éducative et réflexive. L’œuvre aborde des thèmes profonds qui traduisent la volonté de l’auteur de transformer son époque.

1. **Une critique de l'éducation médiévale et une proposition humaniste** :

Rabelais oppose deux modèles éducatifs : celui de l’éducation traditionnelle, qu’il critique au travers de l’enseignement stérile que reçoit Gargantua auprès de maîtres comme Thubal Holoferne, et celui de l’éducation humaniste, promue par Ponocrates. Ce dernier incarne l’idéal réformé de l’instruction, basé sur l’éveil des facultés intellectuelles et physiques.

2. **Une réflexion politique et sociétale** :

Par la figure de Grandgousier, souverain sage et bienveillant, Rabelais offre une critique implicite des abus de pouvoir féodaux et ecclésiastiques. La guerre picrocholine illustre les

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