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Devoir Maison sur Benito Cereno de Melville

Compte rendu : Devoir Maison sur Benito Cereno de Melville. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Décembre 2023  •  Compte rendu  •  2 726 Mots (11 Pages)  •  143 Vues

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Commentaire Benito Cereno

« Mon défaut capital est l'ennui, le dégoût de tout, le doute perpétuel. » Cette déclaration faite par François-René de Chateaubriand dans Les mémoires d’Outre-tombe évoque la nature parfois troublante de l’âme humaine. Nous ne sommes pas simplement des êtres dotés de langage, nous sommes également des êtres pensants qui doutent et réfléchissent sans cesse. Chateaubriand, grand écrivain du 18e siècle, connu pour éveiller la mélancolie, les émotions et explorer les tourments intérieurs met en lumière ici une réalité profondément humaine : l’incertitude, l’hésitation et le questionnement permanant. Nous pouvons lier cette notion de doute et d’ambiguïté au roman d’Herman Melville Benito Cereno. Plus qu’un simple récit d’aventure, Melville parvient à apporter quelque chose de très profond presque complexe sur des évènements qui ont déjà eu lieu. Le personnage principal, le Capitaine Delano aux commandes du Bachelor’s Delight, va aider un bateau négrier visiblement très endommagé par les tempêtes, le San Dominick dirigé par Don Benito. Bien que très aimable autant envers les esclaves que les membres de l’équipage, Delano ne recevra pas en retour l’amabilité qu’il espérait. Il se retrouvera alors rapidement confus, tiraillé entre sa perception des évènements et la réalité.

Nous nous focaliserons particulièrement sur le passage où Babo prend l’initiative de raser Don Benito et propose à Delano de se joindre à eux pour pouvoir continuer leur conversation. Dans cet extrait, le lecteur sera face aux pensées de Delano qui remettront en question notamment la notion de réalité et le rapport de pouvoir entre Don Benito et le serviteur Babo.

Nous nous demanderons donc dans quelle mesure, dans le passage, l’utilisation de l’ironie et des dialogues contribue à déconstruire les apparences du pouvoir et à créer une atmosphère remplie de doutes, partagée entre fantasme et réalité.

Pour répondre à cette question nous étudierons dans un premier temps la métaphore du pouvoir qui passe par la scène de rasage en apparence anodine, puis nous nous attarderons sur l’omniprésence de l’ironie qui nous guidera enfin sur le doute de Delano mais également celui du lecteur.

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Tout d’abord examinons la scène du rasage qui pourrait représenter la métaphore du pouvoir, d’une part par le fait que la situation soit anodine, d’une autre part par le fait que ce fameux pouvoir soit étrangement réparti entre Babo et Benito.

Le début du passage : « Ces préliminaires étant quelques peu nouveaux pour le capitaine Delano […] », nous annonce la présence d’une certaine préparation pour le rasage de Benito quelques lignes auparavant. Nous pouvons en effet noter la mise en place « d’une cuvette, spécifiquement dénommée plat à barbe » qui étonne par ailleurs le capitaine Delano. Etant Américain il n’avait manifestement jamais pu observer la façon dont se rasent les Espagnols. Il nous décrit précisément ce qu’il a en face de lui comme un mode d’emploi laissant alors le lecteur en capacité de visualiser clairement à quoi ressemble cet ustensile : « évidée d’un côté, elle reçoit exactement le menton qui demeure appuyé contre elle pendant le savonnage ». Cette description ne permet pas seulement une bonne visualisation des objets et des actions, elle permet aussi d’introduire la scène de rasage ; une situation ostensiblement banale qui regorge néanmoins de parts d’ombre.

Le moment de rasage est un moment de calme et de soin, c’est en tout cas comme cela que Babo nous le fait entendre lorsqu’il propose à Delano de se joindre à Benito et lui-même dans la tille pour continuer leur conversation sur la tempête : « Si maître veut parler encore avec Don Amasa, dit le serviteur, pourquoi Don Amasa ne viendrait-il pas s’asseoir dans la tille près de maître ? Maître parlera et Don Amasa écoutera, pendant que Babo jouera du savon et du rasoir. » Cette proposition nous semble tout à fait honnête et même logique, cela permet de gagner du temps puisque deux choses sont faites en même temps. Cet usage de se faire raser et de tenir une conversation est tout à fait normal dans notre imaginaire et cela semble être une très bonne idée pour Delano.

De plus, Babo semble particulièrement habile de ses mains et montre même une expertise dans l’art de raser. Cela renforce ce côté habituel, tel une routine, Babo s’exerce au rasage et coupage de cheveux de son maître comme tout bon serviteur qu’il est : « le Nègre chercha parmi les rasoirs comme pour choisir le plus affilé, et, l’ayant trouvé, en aviva le tranchant en le passant d’un geste expert sur la peau ferme […] p165 » ; « par ses mains expertes p177 » L’emploi du mot expert est utilisé deux fois dans le passage, il sait ce qu’il fait et Delano le voit. Il le qualifie aussi de « maître » et de « barbier », reconnaissant alors le serviteur comme un être capable d’avoir un métier et donc plus ou moins égal à l’homme blanc. La maîtrise de Babo accentue le côté tout à fait quelconque de la scène de rasage. Mais, même si celle-ci semble en apparence anodine, certains détails nous font questionner cette idée.

En effet, le pouvoir entre Babo et Benito s’avère être étrangement coordonné, remettant alors en doute cette ambiance conviviale et intime de la toilette. La description de Benito dans le passage n’est pas du tout positive, il est terrifié par le fait de se faire raser et le lecteur en est bien conscient : « il frissonna nerveusement », « sa lividité » p165, « tremble » p169, « tristesse taciturne » p177. Pourtant, c’est le capitaine du navire, pourquoi le voyons-nous dans cet état ? De plus, Benito n’aura pas une seule fois la parole, ou du moins aucun dialogue ne lui sera attribué, seulement le discours indirect lui sera attribué : « Don Benito repris son récit ; expliquant au capitaine Delano […] » p173.

Babo quant à lui est décrit plutôt positivement par Delano, comme nous avons pu le voir un peu plus haut il exerce son métier de « barbier », mais il est également comparé à un « sculpteur nubien » p175 ; les Nubiens sont originaires de la région du Nil ; rajoutant une dimension culturelle et ethnique à cette figure du serviteur. Tout au long du roman, le pouvoir de Benito tangue, il oscille, jamais vraiment certain de sa propre capacité de commandement. C’est alors dans le passage que le pouvoir de Benito bascule définitivement, permettant au lecteur de comprendre les questionnements de Delano sur certaines situations. Cela suggère symboliquement que Babo a le contrôle sur Benito. Il n’a dans sa main qu’une

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