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Analyse linéaire, Céline, Voyage au bout de la nuit

Commentaire de texte : Analyse linéaire, Céline, Voyage au bout de la nuit. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Juin 2023  •  Commentaire de texte  •  2 039 Mots (9 Pages)  •  1 129 Vues

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Analyse linéaire de l'extrait de voyage au bout de la nuit / Louis Ferdinand Céline - Commentaire de texte

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932. Explication linéaire - Commentaire de texte => Texte exact

Lecture analytique, Céline "Le seul lâche sur terre" - Analyse sectorielle - alexmarine2001


Note obtenue: 15

Commentaires:

  • Trop long
  • Trop détaillé
  • Essayer d’alléger et d’aller plus vite par moments



Louis-Ferdinand Céline, médecin et écrivain du 20e siècle, dit que “La conscience n’est dans le chaos du monde qu’une petite lumière, précieuse mais fragile”. Cette citation nous introduit au fait qu’une conscience au milieu du chaos est plus qu’intéressante. C’est cette conscience, seule au milieu du chaos, qui est animée dans une des œuvres de Louis-Ferdinand Céline: Voyage au bout de la nuit. Le texte soumis à notre étude est extrait de ce roman, écrit en 1932. Alors que Bardamu, personnage principal et double littéraire de Céline, s’engage dans l’armée de terre française sur un coup de tête, il se retrouve sur un champ de bataille, “perdu” au milieu des soldats. Ayant vécu la première guerre mondiale, et s’étant précédemment engagé dans l’armée de terre, Céline communique un récit au plus près du réel, dans lequel il intègre des éléments pessimistes, anti-militaristes et anti-nationalistes. Nous pouvons ainsi nous demander en quoi cet extrait constitue une parodie de roman picaresque qui illustre le nihilisme radical de Bardamu, double littéraire de son auteur Céline. Premièrement, nous analyserons la prise de conscience violente de Bardamu. Nous verrons dans un second temps comment, selon Céline, la guerre incite et autorise à tuer.

Dans un premier temps, nous pouvons nous focaliser sur la première étape de cet extrait. S’étendant de “Serais-je donc” à “Ça venait des profondeurs et c’était arrivé.”, cette étape illustre une description apocalyptique, perçue par Bardamu, puis dans un second temps, les sentiments qui accompagnent le regret dont Bardamu nous fait part.

La description apocalyptique est introduite par la question rhétorique: “Serais-je donc le seul lâche sur terre?”. Cette question rhétorique permet à Bardamu de se placer en marge: il constitue un autoportrait par qualité péjorative. En effet, Bardamu est le double littéraire de Céline, qui souhaite montrer la naïveté de ce personnage, choqué par l’horreur de la guerre. Nous comprenons ainsi que la guerre révèle la lâcheté de l’humanité, dont Bardamu devient la synecdoque. La phrase exclamative “Et avec quel effroi!” est manifeste de la spontanéité de la pensée de Bardamu, qui exprime de manière directe ses pensées, sans filtre. Nous comprenons alors que ce témoignage est un psycho-récit, ce qui ajoute à l’effet autobiographique porté par ce personnage. Céline insiste d’ailleurs sur le côté péjoratif de cet autoportrait en précisant que Bardamu est “Perdu” au milieu de ces soldats. Il est le seul qui n’est pas fait pour la guerre. Il est incomparable à ces soldats, décrits par l’oxymore “fous héroïques”, qui témoigne de l’anti-militarisme de Céline, submergé par le terrain militaire dans lequel il est plongé. L’ampleur du champ de bataille est accentuée par la polysyndète “et déchaînés et armés”, et par l’accumulation “Avec casques, sans casques, sans chevaux [...]”, qui ne néglige pas l’aspect animalier des soldats, se déchainant face à l’ennemi. Cette longue phrase exclamative de groupes verbaux, de noms, et d’adjectifs entremêlés, ajoute à l’effet de spontanéité descriptive de la pensée. S’ajoute à cela les antithèses: “avec casques, sans casques”, qui sont manifestes à la fois du chaos de la guerre, et du chaos de ses pensées, qu’il ne prend pas soins de mettre en ordre dans son récit. Nous faisons face à tout et son contraire, l’ensemble est désordonné, en métaphore au champ de bataille. Nous pouvons également  retrouver des allitérations en “t” et en “s” dans cette phrase exclamative. Pouvant être assimilés aux sons des armes, l’amplification de l’armement des soldats est pareillement menée par le détournement comique de l’expression idiomatique: “armés jusqu’aux cheveux”. Ce détournement démontre un surarmement des soldats, qui sont, au sens propre, armés des cheveux aux pieds. Puis l’observation des termes adjacents “à genoux, creusant, se défilant” concluent en dessinant une contradiction dans les valeurs humaines. En effet, ces termes contrastent fortement avec ceux décrits précédemment, qui avaient plus tendance à décrire un ton barbare et animalier, chez ces soldats à présent décrits plus calmement. Cette contradiction soudaine est alors manifeste d’une contradiction dans les valeurs humaines, comme si les humains étaient perdus, ne connaissaient pas leur raison d’être. Ainsi, la citation “pour tout y détruire” s’y lie, tentant de trouver un but à cette guerre incompréhensible. Le but serait-il donc de tout détruire, excluant toute possibilité d’honneur et de nationalisme? Céline forme ici un questionnement chez le lecteur, qui tombe sous le chaos de ces pensées.

La description apocalyptique, retrouvée dans cette première étape, est suivie du témoignage direct des sentiments auxquels Bardamu fait face, dans le regret de son choix d’aller au front. Ce témoignage de ses sentiments commence par une désolation: “On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la volupté.”. Bardamu fait ici une comparaison avec l’Horreur de la guerre. Le H de “Horreur” étant majuscule, Bardamu parle ici de l’horreur par définition, et ne fait référence à aucune situation particulière. De plus, l’utilisation du pronom indéfini “on”, cible une audience générale, associé au verbe être, au présent de vérité générale. Nous pouvons ainsi comprendre que ce qui est au fond de l’homme, c’est l’horreur. C’est une expérience inévitable pour devenir un homme, et Bardamu est en train de la vivre. Il se remet alors en question sur cet événement qu’il attendait: “Comment aurais-je pu me douter moi de cette horreur en quittant la place Clichy?”. Cette phrase interrogative contient une répétition inutile de pronoms personnels: “je”, “me”, “moi”. Cette répétition inconsciente témoigne d’une forte remise en question, et d’un fort doute, qui motive ce sentiment de regret et de mélancolie. La mélancolie est accentuée par la référence à la place Clichy, où il avait l’habitude de passer, et d’où il a pris sa décision de rentrer dans l’armée. Cette phrase semble répétée, en effet, la phrase suivante, également interrogative, est très similaire, ayant la forme comme seule différence. Ainsi, nous faisons face à une polyptote: “Qui aurait pu prévoir, avant [...] la guerre, tout ce que contenant la sale âme héroïque [...] des hommes?”. Bardamu parait s’accabler sur son sort, ne plus penser à autre chose, il est indigné, et en tire une conclusion. “À présent, j’étais pris dans cette fuite en masse, vers le meurtre en commun, vers le feu… ”: cette phrase provoque un effet de rapprochement vers la mort. En effet, les mots raccourcissent au cours de la phrase, qui est elle-même axée sur la mort. Les termes “fuite en masse”, “meurtre en commun”, et “feu” sont manifestes du champ lexical de la mort et de la souffrance, qui accentue cet effet de rapprochement inévitable vers la mort. De plus, comme en est la spécialité de Céline, cette phrase se termine par des points de suspension, laissant le lecteur imaginer la suite… S’ensuit le pronom démonstratif “ça”, qui réfère à un sentiment décrit précédemment, mais lequel? Ce pronom donne un ton énigmatique à la phrase, en laissant le lecteur imaginer.

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