Trois Saisons d'orage de Cécile Coulon
Fiche : Trois Saisons d'orage de Cécile Coulon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sharzoune • 23 Avril 2024 • Fiche • 1 607 Mots (7 Pages) • 83 Vues
Au seuil de ce texte fascinant, l'autrice tisse les premières lignes d'une toile narrative singulière qui transporte le lecteur dans un univers hors du commun. "Trois Saisons d'orage" de Cécile Coulon, datent de 2017 nous transporte dans le village des Fontaines, un lieu marqué par la vie et la mort. Clément, un homme d'Église, partage l'histoire poignante d'une famille. Entre les murs de l'église Clément vit en étranger. En quoi Cécile Colon propose-t-elle un incipit étonnant qui suscite l’intérêt du lecteur ? En premier lieux nous parlons du cadre général du récit et pour finir un narrateur paradoxal
I-Cadre général du récit
Le cadre général du récit dans "Les Fontaines" s'articule autour de la mise en valeur du village des Fontaines Clément est le personnage central, du lieu symbolique de l'église. Dès le début, une opposition frappante se dessine entre la fragilité éphémère de la vie humaine, représentée par Clément, et la force et la ténacité du village des Fontaines L'expression " (L2) qui est mort mille fois avant mon arrivée, qui mourra mille fois encore après mon départ" souligne la permanence du village au-delà des vies individuelles, créant un contraste avec la vie éphémère de Clément. Cette opposition crée un contraste poignant entre les existences éphémère des individus et la persistance du lieu. Le texte explore des oppositions constantes, dépeignant Clément en tant qu'individu conscient de sa mortalité, soulignant ainsi la vitalité et la résilience du village qui, lui, persiste malgré les vicissitudes. Les répétitions du mot "église" dans le texte, notamment à partir de la ligne six, créent une antithèse frappante. Cela démontre que la vie et la mort de Clément sont inextricablement liées à l'église. Un parallélisme de construction, tant verbal que nominal, renforce cette relation. L'église émerge comme un élément central, servant de point d'ancrage pour le narrateur. Cette centralité suggère que l'église joue un rôle clé dans le récit. L'antanaclase du mot "Église" devient une figure de style puissante, jouant avec les nuances de sens, tant en référence à l'institution religieuse qu'au bâtiment lui-même. La personnalisation de l'église avec des traits humains, comme ses courbes et son caractère respirant, crée une hypothèse intrigante : elle pourrait être la narratrice de l'histoire Le texte lui-même fonctionne comme un effet d'annonce. La description de l'endroit qui "meurt mille fois avant mon arrivée" et "mourra mille fois encore après mon départ" (L2) crée une atmosphère d'éternité et annonce une histoire qui transcende le temps. Le paragraphe d'ouverture sert d'incipit, invitant le lecteur à se repérer dans l'espace et le temps. Ainsi, dans ces premiers éléments du texte, l'auteur utilise des oppositions, des répétitions, et des effets d'annonce pour établir le cadre général du récit, préparant le lecteur à une exploration profonde des thèmes de la vie, de la mort, et de la persistance du lieu.
II-Un narrateur paradoxal
Cécile Coulon débute son récit en dévoilant un protagoniste atypique, Clément, qui se présente comme un homme d'église dénué d'histoire personnelle. Cette annonce initiale renverse les attentes du lecteur et éveille sa curiosité, créant un point de tension narratif. « Je suis vieux, comme tous les hommes d’Église. » (L6/7) L'utilisation de l'antanaclase souligne le renoncement de Clément à sa propre histoire au profit de celles des autres habitants du village « j’ai abandonné la mienne pour entendre quotidiennement celles des autres. » (L9). Son rôle semble limité à l'écoute bienveillante des confessions des villageois, créant ainsi un personnage dévoué, mais énigmatique. Clément devient une figure énigmatique, à la fois proche des habitants et détachée de son propre passé. L'absence totale de références identitaires chez Clément accentue son caractère étrange. Cette étrangeté renforce le mystère entourant le narrateur, incitant ainsi le lecteur à chercher des explications et à s'interroger sur les raisons de ce choix narratif. L’autrice crée une ambiance étonnante dès le début avec l'antithèse "Je suis né dans une église. Une église de grande ville. Je mourrai dans une église" (l. 16). Cette déclaration sert à mettre en avant le dévouement total de Clément à l'Église, ce qui déroute le lecteur et suscite l'intérêt quant à la raison de cette vie monacale. L'absence d'histoire personnelle de Clément, soulignée par le renoncement à son passé au profit des récits des autres (l. 9), crée un paradoxe fascinant. L'homme d'Église semble être une page blanche, délibérément effacée pour mieux accueillir les histoires des villageois. Cette étrangeté renforce le mystère autour du narrateur et instaure une tension narrative. L'utilisation récurrente de l'anaphore avec "Je serai toujours un étranger" (l. 18 et 21) met en lumière le sentiment de décalage persistant chez Clément. L'adverbe "pourtant" souligne le paradoxe de sa présence, déployant une justification implicite. Le narrateur se présente comme la "grande oreille du village" (l. 23), mais la "bouche cousue sous l’œil de Dieu" (l. 23) souligne le mutisme imposé, créant un autre paradoxe. Clément connaît Les Fontaines comme s'il y était né, révélant une connaissance profonde, mais il demeure un "étranger." L'utilisation répétée de l'anaphore avec "Je serai toujours un étranger" (l. 18 et 21) crée une impression de permanence dans le décalage de Clément vis-à-vis du village. L'adverbe "pourtant" souligne la contradiction entre sa présence continue et son étrangeté persistante. Cette ambivalence suscite l'intérêt du lecteur quant à la nature de cette étrangeté et à la justification qui en découle. La métaphore du narrateur comme étranger justifié, avec une "bouche cousue sous l’œil de Dieu," crée une connivence avec le lecteur. Clément semble partager des confessions secrètes, renforçant le mystère et l'attrait du récit. L'anaphore paradoxale "Je connais Les Fontaines comme si j'y étais né" (l. 22 à 25) souligne la contradiction entre l'étrangeté revendiquée et la connaissance intime du village. Cette dualité de l'écrivain-étranger éveille la curiosité sur le rôle du narrateur dans le déroulement de l'histoire.
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