Turcaret, Lesage, Acte I, scène 4

COMMENTAIRE "Turcaret" Lesage Acte I scène IV

Dans ce court extrait de la scène 4 de l'acte I de "Turcaret", Flamand, le valet du personnage éponyme, vient apporter à la Baronne un coffret comportant un billet porteur de dix mille écus et des vers écrit pour la charmer, formant le sujet principal de la conversation. Nous sommes au tout début de la pièce. Frontin, envoyé par le Chevalier pour soutirer de l'argent à la Baronne, vient de quitter la scène. Cette dernière, s'est alors faite berner malgré les multiples mises en garde de sa suivante, Marine, qui de son côté a compris les désirs avides du chevalier. Avec l'excellente technique de persuasion de Frontin qui joue avec les sentiments de la femme amoureuse, celle ci se fait duper et finit par donner un diamant que Turcaret lui avait offert afin d'aider l'homme qu'elle aime. Durant la scène, Lesage glisse, à travers les échanges des personnages, de nombreux éléments nous permettant d'apercevoir la suite de l'histoire.

De quelle manière Lesage fait-il de ce passage un moment annonciateur de la suite de la pièce ?

La première réplique de la scène introduit le personnage de Flamand que nous ne connaissions pas encore. On devine à travers ses mots, "M. Turcaret, madame, vous prie d’agréer ce petit présent", que Flamand est sous les ordres de Frontin. On en déduit donc qu'il s'agit certainement de son valet. Lesage en fait un personnage poli "Serviteur [=bonjour], Marine." tant est si bien qu'on pourrait croire qu'il veut l'opposer au personnage de Frontin, sorti quelques minutes avant.

Ce qui se dessine à la première réplique de Marine "j'aime mieux te voir que ce vilain Frontin" est le sujet même de notre réflexion c'est à dire le premier effet d'annonciation : en effet, Marine utilise un mot fort, "vilain", qui insiste sur un certain manque de confiance en Frontin (on pourrait noter que cette remarque creuse d'avantage le contraste mentionné précédemment avec le personnage de Flamand). Étrange quand on sait que quelques scène plus tard, Marine se fera renvoyer par sa maîtresse par la faute de ce dernier. Ainsi, Lesage donne ici à Marine un sentiment d'inquiétude voir même de peur quant à son avenir dans la demeure de la baronne. On peut donc nettement distinguer ici une annonce de la suite de la pièce.

La notion de l'argent, qui sera présente pendant tout le reste de la pièce, va quant à elle être présente dans les répliques 3 à 10. Le caractère des personnages va être souligné notamment celui de Marine vis à vis de son rapport à l'argent. On sait que Marine est loyale envers sa maîtresse, qu'elle la dispute quand cette dernière dépense trop et on lui découvre par conséquent un certain sens de l'économie et une potentielle satisfaction à voir le coffre de la Baronne s'agrandir. On peut le voir à travers la réplique 4 lorsqu'elle dit "Ouvrez, ouvrez" nous pouvons percevoir une certaine hâte de ce qu'elles pourrait trouver à l'intérieur du coffre. Bien que Marine ne sait pas ce qu'il y a à dedans, elle n'est pas sans savoir que Mr Turcaret gâte beaucoup sa dulcinée, ce qui nous confirme sa certaine envie d'y trouver de l'argent.

Cette envie est prouvée lorsqu'elle demande à sa maîtresse "De combien, madame ?". On peut nettement y voir un intérêt assez appuyé sur la somme d'argent envoyée par le traitant.

La réplique 8, "Bon ! voilà la faute du diamant réparée" fait écho aux scènes précédentes dans lesquelles la Baronne se faisait tromper par Frontin et le Chevalier et confiait à ce dernier un diamant que Mr Turcaret lui avait offert. Dans ces scènes, Marine faisait la leçon à sa maîtresse en lui disant que tout ceci n'était pas sérieux. Un nouvel élément qui montre un certain attachement de Marine pour les biens de sa maîtresse. Ici, elle paraît alors presque rassurée de voir que "la faute" de la Baronne est récupérée.

Enfin, à travers la réplique 10 "Encore

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