Réflexion sur la question juive (1946), Sartre
Commentaire de texte : Réflexion sur la question juive (1946), Sartre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar xtremknight • 10 Octobre 2017 • Commentaire de texte • 2 360 Mots (10 Pages) • 871 Vues
Théo Dhôte TS4
Commentaire sur : Réflexion sur la question juive (1946), de Sartre
La recherche du vrai, de la vérité, est fondamentale chez l’homme, de telle manière à ce qu’elle illumine leur vie et leur destin. Ainsi, pour ceux qui y consacrent leur existence, atteindre la vérité est un but, un idéal. De là vont se différencier les hommes qui raisonnent, et ceux qui choisissent de raisonner faux. Il y en a effectivement qui vivent dans l’objectif d’atteindre une vérité pleine et entière, et ceux qui se détournent, non par obligation, par ignorance, mais par choix, du véritable raisonnement, sensé et construit, pour se morfondre dans un statu quo, c’est-à-dire qu’ils se complaisent dans le connu, sans chercher de nouvelles réponses, pourtant tellement enrichissantes. C’est donc ce que Sartre va nous exposer dans son texte, où il explique dans un premier temps ce que recherchent ceux qui ont abandonné la raison, et dans un second temps d’où vient cette peur de la vérité, du raisonnement.
Sartre expose dans un premier temps une réponse à la question posée, en induisant le principe d’imperméabilité. Il estime en effet que ceux qui choisissent de raisonner faux se murent dans un monde fixe et sans changements. D’une certaine manière, ils éprouvent un besoin profond de sécurité, qu’ils retrouvent en n’acceptant pas le raisonnement qui permet de progresser. Leur choix est d’éviter un progrès, car ils atteignent leur bonheur dans l’ignorance. C’est une forme de confort intérieur, où la réflexion et le raisonnement n’ont aucune place particulière, elles y sont même proscrites. Ainsi s’exprime l’imperméabilité de ceux qui choisissent de raisonner faux : ils se ferment au monde, et entrent en contradiction avec autrui, avec la vie, et les nouvelles expériences personnelles qu’elle peut amener, qui les sortiraient de ce confort intérieur. Ce n’est finalement qu’une sorte de lâcheté, une fuite de la réalité pour ne pas avoir à faire face au développement personnel, la seule façon d’entretenir le bonheur à leurs yeux. On pourrait y trouver une certaine opposition aux enseignements de Voltaire, pour qui la culture et le développement du soi intérieur est nécessaire pour atteindre le bonheur¹. L’imperméabilité induit également un rapport à l’enfance, une nostalgie, de l’époque où l’on ne peut raisonner. L’enfance a ici une connotation négative : cela rapporte à une époque où nul n’est capable de réfléchir, d’argumenter ou même de raisonner. L’enfant, par nature, ne soutient aucun débat, car il n’en n’a ni les capacités, ni l’envie. Il se mure dans son monde, dans sa solitude : il s’agit d’une imperméabilité stricte. Il n’entend rien car il ne veut rien entendre. Mais cela est dû à son âge, et le temps le rattrapera pour lui enseigner l’art de penser et de raisonner. L’enfant n’est ignorant que parce qu’il est trop jeune et trop naïf. L’adulte est ignorant par son choix de raisonner faux : il veut rester enfant. En cela il reste immature, et tend même vers une régression, car raisonner est propre à l’homme – l’abandonner, c’est abandonner une part de soi. Après avoir défini l’homme imperméable, Sartre met en avant l’homme sensé. Celui-ci n’a pas peur de la vérité : il la cherche sans relâche, y voue sa vie, et ce même dans la douleur (gémissant). En cela il estime que ces hommes sensés sont philosophes ou des scientifiques, pour qui la quête de la vérité est l’exacte opposée de l’imperméabilité de l’homme insensé. Sartre explique même que cette quête n’est jamais réellement atteinte, car toujours remise en doute, par la recherche d’autres réponses, d’autres raisonnements. L’opinion de l’homme sensé n’a que peu d’intérêt : ce qu’il cherche vraiment ce sont des réponses, et cela le différencie de l’homme imperméable, satisfait de son ignorance. Celui-ci est cette fois ci comparé à la persistance de la pierre. Ils cherchent en effet dans la pierre l’invulnérabilité : ils restent prostrés dans leur raisonnement, et comme la pierre, n’en bougent plus. Ce ne sont plus des êtres vivants, car ils ne sont plus dotés de la capacité de réfléchir. Leur façon de voir le monde reste intemporelle, ne change jamais, peu importe ce que la vie met sur leur chemin. Ces gens-là ne cherchent, en plus de ne plus mériter leur capacité cognitive, et donc leur rang d’homme, justement qu’à abandonner la vie telle qu’il la conçoive, pour ne plus avoir à raisonner, simplement perdurer dans un état de ce qu’ils estiment leur bonheur, car ils ne veulent pas avancer, évoluer. Par glissement, la permanence de la pierre renvoie donc à un bonheur, une paix éternelle, qu’ils ne peuvent trouver dans leur vie, celle qu’ils vivent actuellement ; Ainsi, ils ne cherchent qu’à rejoindre la paix totale, celle qui leur permettra d’atteindre le bonheur : la paix du tombeau. Le second sens que Sartre donne à la pierre est la fuite de l’esprit et de la raison dans la religion, et ici la pierre de de l’Eglise, du christianisme. L’instance religieuse, peu importe laquelle, donne une échappatoire à la réalité, en narrant des histoires qui se veulent rassurantes, pour que les fidèles n’aient pas à affronter la réalité. La pierre ne change jamais, les insensés ne veulent changer non plus, car ils ne cherchent aucun but au changement, il ne les conduirait nul par, du moins nulle part de bien. Au-delà d’un esprit immuable, qui se complait dans sa nostalgie bienfaitrice, l’homme insensé est surtout un homme qui éprouve une peur profonde, pour l’effort de raisonner. [pic 1][pic 2][pic 3][pic 4]
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