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Rhinocéros, Ionesco, monologue

Commentaire de texte : Rhinocéros, Ionesco, monologue. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  996 Mots (4 Pages)  •  1 246 Vues

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Plan détaillé : Monologue finale :

Introduction :

Ovide est un des premiers dramaturges de l’Antiquité à utiliser le théâtre pour y mettre en scène des transformations physiques à travers les métamorphoses, Ionesco s’inscrit dans cette lignée en y métamorphosant ses personnages. Cet extrait est le monologue finale issu de l’œuvre rhinocéros de Ionesco.Les habitants d’une petite ville se sont tous transformés en rhinocéros ; seul Bérenger, incarnation symbolique du  résistant anticonformiste, refuse cette situation à travers un monologue.

Nous nous demanderons comment Ionesco met-il en scène et modernise-t-il la lutte tragique de l’homme contre le monde et contre son destin ?

Dans un premier temps nous verrons un monologue théâtral entre tradition et modernité puis dans un second temps l’image de l’individu face au totalitarisme et enfin la crise d’identité d’un héros moderne.

I. Un monologue théâtral entre tradition et modernité

1. La reprise de la tradition du monologue délibératif

Ionesco reprend la tradition théâtrale du monologue, forme d’expression de la solitude, qui illustre une situation tragique traditionnelle : celle d’un personnage confronté à une crise d’identité (« c’est moi, c’est moi ») et à une décision vitale.

Bérenger s’exprime comme un héros tragique traditionnel : nombreuses phrases exclamatives, interjections tragiques (« hélas ! »), rythme heurté et répétitions, et même quelques alexandrins (« les hurlements ne sont pas des barrissements », avec rimes intérieures ; « Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? » ; « J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc et poilu ! ») avec un jeu sur les sonorités (comme dans la tragédie classique : « Leurs chants ont du charme, un peu âpre, mais un charme certain »).

2. Mais le refus de la tradition théâtrale

Mais Ionesco modernise la situation : le tragique et le destin prennent la forme métaphorique du rhinocéros, qui donne lieu à une irruption du fantastique à travers l’évocation des transformations en rhinocéros (« corne » qui « pousse », « (mains) rugueuses », « peau flasque »/« dure », « couleur d’un vert sombre »…).

La théâtralité de la scène repose sur l’importance du jeu et des éléments visuels, que signalent les nombreuses didascalies : le décor est précis ; les accessoires (la « carabine », le miroir), les jeux de scène, les gestes sont aussi significatifs que la parole.

Le langage aussi est modernisé : on note des onomatopées inattendues (barrissements), des références à des éléments modernes (« carabine »).

La structure et le rythme du monologue (crise d’identité, renversements des valeurs, tentative pour abjurer et échec, mais surtout sursaut final et refus de capituler) composent un dénouement ouvert, inhabituel dans la tragédie.

II. L’image de l’individu face au totalitarisme

1. L’individualisme contre l’instinct grégaire

L’opposition est dramatisée par les mots et les éléments de mise en scène.

La lutte de l’individu contre la pression du groupe est matérialisée par le jeu des pronoms personnels : « eux », « tout le monde » (pluriel indivisible) contre le « je », marque de l’identité et de la singularité.

Bérenger insiste sur le risque de déshumanisation s’il se joint au mouvement : en effet les rhinocéros ont tous la même tête.

C’est la lutte de la laideur contre la beauté (relever les mots en opposition).

2. La dénonciation du conditionnement social

Le poids du groupe conduit à l’inversion et à la perversion des valeurs esthétiques et morales : tous les éléments inesthétiques dans notre système de valeurs (désignés par des termes péjoratifs : « peau rugueuse, dure », « couleur vert sombre, nudité […] sans poils », « chants [au charme] âpre », « barrissements ») deviennent des canons de beauté (mots emphatiques : « très belles », « magnifique », « charme »).

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