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Le démon de la théorie A.Compagnon

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Par   •  29 Octobre 2019  •  Fiche de lecture  •  2 780 Mots (12 Pages)  •  811 Vues

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Le démon de la théorie

Antoine Compagnon

Littérature et sens commun

L’auteur : grand objet de controverses. C’est à lui que l’on s’adresse lorsque l’on parle d’intention, au temps de la philologie l’intention de l’auteur expliquait le sens de l’œuvre, au temps moderne on dénonce la pertinence de l’intention de l’auteur pour déterminer la signification de l’œuvre.

Quelle utilité et quelle nuisibilité de recourir à cette notion d’intention ? chercher ds un texte les intentions de l’auteur ou ce qu’il dit réellement en faisant abstractions de celles-ci ? une 3e voie s’ouvre aujourd’hui : le lecteur comme critère de signification littéraire. Finalement l’auteur aurait été le bouc émissaire des critiques. Les formalistes russes et américains éliminent l’auteur pour assurer l’indépendance des études littéraires. Pour d’autres (marxistes et freudiens) l’auteur est un point de référence central.  Ex de cette controverse : le prologue de Gargantua où Rabelais semble nous encourager à trouver le sens caché de son livre et à la fois de se moquer de nous. Le Contre-Sainte Beuve de Proust explique que la biographie n’explique pas l’œuvre ! finalement « interpréter un texte n’est-ce pas toujours faire des conjectures sur une intention humaine en acte ? »

La thèse sur la mort de l’auteur.                                                                                                                                            Suivant le préjugé le sens d’un texte= ce que l’auteur a voulu dire. Mais dans ce cas si on sait ce que l’auteur a voulu dire pourquoi interpréter le texte ?  Il en est de même pour la théorie : si le sens est intentionnel plus besoin de critique. En 1969 « Qu’est-ce qu’un auteur ? » de Foucault                                   En 1968 ; « la mort de l’auteur » de Barthes : forme d’antihumanisme de la science du texte et d’anti concepts de la théorie. « L’auteur est un personnage moderne »  # « l’explication de l’oeuvre est toujours cherchée du côté de celui qui l’a produite » comme si elle était une confidence. Pour Barthes « l’auteur n’est jamais rien de plus que celui qui écrit , tout comme je n’est autre que celui qui dit je »,  il est un bourgeois, un personnage psychologique. Mallarmé énonce de même : « la disparition élocutoire du poète qui cède l’initiative aux mots ».

Avec la mort de l’auteur se dégage aussi la notion d’intertextualité, le lecteur devient le lieu de l’unité du texte, il est « ce quelqu’un qui rassemblées dans un même champ toutes les traces dont est constitué l’écrit » (Barthes). La mort de l’auteur entraîne une polysémie du texte, la promotion du lecteur, une liberté du commentaire, finalement le lecteur ne deviendrait-il pas un auteur de substitution ?  Ainsi l’intention de l’auteur se pose tjs on confond vite l’auteur au sens biographique et herméneutique (intention).

Philologie et herméneutique :                                                                                                                                 l’herméneutique= art d’interpréter les textes. Celui qui posa ses bases : Schleiermacher 🡪 but : rétablir la signification première d’une œuvre, « l’œuvre arrachée à son contexte perd de sa signification, si ce contexte n’est pas conservé par l’auteur », pour lui comprendre une œuvre= réduire les anachronismes allégoriques. Selon lui l’histoire peut et doit reconstituer le contexte originel et ainsi la reconstruction de l’intention de l’auteur permet de mieux comprendre le sens du texte. Cependant tout un texte ne peut être expliqué que par le contexte biographique. Comment la reconstruction de l’intention originelle est possible ? création du cercle herméneutique : l’interprète fait une hypothèse, analyse le détail des parties puis retourne à une compréhension modifiée du tout. Ce cercle peut combler l’écart historique entre le présent (le lecteur et interprète) et le passé (le texte). Selon Husserl il conditionnerait la compréhension du texte ; ainsi quiconque veut comprendre un texte y met une anticipation (un préjugé) de sens. Pour Heidegger le cercle herméneutique est vicieux et fatal. Gadamer en 1960 dans Vérité et Méthode continue d’interroger sur le sens d’un texte, l’intention de l’auteur, si on peut comprendre des textes qui nous sont historiquement et culturellement étrangers, si toute compréhension est relative à notre situation historique. Pour Gadamer la signification d’un texte ne peut être épuisée par les intentions de l’auteur. L’interprétation est un dialogue entre un passé et un présent. La distance temporelle entre interprète et texte fait prendre conscience à l’interprète de ses idées anticipées et d’autre part préserve le passé dans le présent = fusion d’horizons !  Si le sens du texte n’est pas réduit à l’intention de l’auteur il est en continuelle tension avec toutes les critiques des futurs lecteurs.

Sens n’est pas signification :                                                                                                                                     une œuvre peut continuer à avoir de la valeur pour des générations futures sans que son sens soit arrêté par l’intention de l’auteur (ex satire des moines dans Gargantua : nous y sommes sensibles même si c’est une autre époque, il y aura toujours des hypocrites dans notre monde). Montaigne disait des poèmes : « ils signifient plus qu’ils ne disent » 🡪 le sens= que veut dire ce texte -🡪 la signification= quelle valeur a ce texte ? le sens est singulier et il est l’objet de l’interprétation du texte quand la signification est plurielle et est l’application du texte au contexte de sa réception. Ainsi le lecteur est à la fois ému par la signification et curieux du sens du texte. Ce qui est inépuisable dans une œuvre c’est sa signification, sa pertinence hors de son contexte d’apparition. « Comprendre un poème disait Eliot cela revient au même que de l’aimer pour les bonnes raisons »

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