Industrie culturelle
Cours : Industrie culturelle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Audrey • 30 Mars 2020 • Cours • 2 432 Mots (10 Pages) • 566 Vues
Dossier industrie culturelle
Introduction
Les Français en désamour avec la télévision ? Pas si sûr, en 2018, près de 93,4%d’entre eux étaient équipés d’un téléviseur. Malgré une légère diminution depuis ces dernières années il reste tout de même l’écran le plus répandu dans les foyers, la télévision est à la fois « dame de compagnie et pratique de loisir ». La télévision s’inscrit avec le cinéma, les livres et bien d’autres dans les « industries culturelles » à un détail près, elle ne réalise pas une « juxtaposition de produits individualisés (comme les livres), mais fournit un ensemble continu d’images animées dans laquelle chaque émission compte moins en elle même que par rapport à l’ensemble d’une programmation». Ceci fait référence à la culture de flot et au paradigme de la programmation. Ce qui nous intéressera dans ce dossier sera un genre particulier d’émissions et relativement jeune qu’est la télé-réalité. Apparues en Europe et en France dans les années 2000, les émissions de télé-réalité ont suscité auprès des téléspectateurs un fort intérêt. Pour preuve, le succès fulgurant de l’émission lancée le 26 avril 2001 : Loft Story. Le principe, onze célibataires enfermés dans un studio avec des caméras braquées sur eux constamment. Et les audiences sont là, près de 5 millions de téléspectateurs suivent quotidiennement les aventures de Loana, Jean-Edouard et les autres. Une nouvelle aire télévisuelle s’ouvre, suscitant des interprétations très diverses à son égard : analogie avec d’autres dispositifs de soumission au regard (Aïm, 2004), zoo humain (Razac, 2002), pornographie (Frau-Meigs, 2003), confessionnal (Jost, 2009), art contemporain (Jost, 2007) ou encore « télé poubelle ». Parfois décriés par des auteurs comme Dominique Mehl, elles constituent « cependant un élargissement des thématiques et des publics présents dans l’espace médiatique commun ; Peter Lunt (2009) estime de même que les formats tels que la télé-réalité, ont un effet émancipateur («empowerment») sur les téléspectateurs ». La télévision issue des industries culturelles n’est plus de la culture pour se cultiver, mais pour se divertir et satisfaire des besoins, avec des retombées marchandes. Pourquoi alors s’intéresser à la télé-réalité ? D’abord parce que ces émissions sont omniprésentes dans les grilles, ensuite elles ont une part importante dans la culture médiatique chez les jeunes (15-24 ans). Cependant, on assiste à un paradoxe, un malaise chez ces jeunes apparaît : ils regardent ces programmes, mais les détestent en même temps. Se pose alors une question : entre clichés stéréotypés et transmédia comment la télé-réalité occupe une place importante dans les industries culturelles ? Il conviendra dans un premier temps de définir la télé-réalité ainsi que ses principaux enjeux. Dans un second temps seront évoqués les stéréotypes liés à ces émissions et notamment ceux féminins. Enfin, comment la télé-réalité a-t-elle réussi à sortir du petit écran et à se propager dans notre quotidien ?
Qu’est ce que la télé-réalité ?
Qu’est-ce que la télé-réalité ? Bien difficile d’y répondre tant les programmes sont variés, à la fois jeu, concours culinaire, audition de chant, aventure ou encore magazine, il est complexe d’établir une réelle définition type. Selon le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, ce sont « des émissions plaçant des personnes dans des situations artificielles afin d’observer leur comportement et de susciter des réactions dans le public » (CSA 2011). Avec des principes d’enfermement (ou plus généralement d’isolement de toutes activités extérieures, sans téléphones, ordinateurs…), de compétition, de mise en concurrence entre les participants, d’éliminations progressive de certains candidats… Le chercheur Guillaume Soulez les définit d’ailleurs comme étant « fondées sur une mise à l’épreuve de candidats cobayes pour réaliser les conditions d’une expérience psycho-sociale sous les yeux du public, afin de chercher à lui révéler une réalité ». Toutes les variantes du Big Brother de George Orwell correspondent à ces types d’émissions : des huis clos, des « candidats », des micros et des caméras. La plupart du temps ces émissions sont des jeux diffusés au rythme de feuilletons, avec des saisons successives elles-mêmes composées de rendez-vous hebdomadaires et quotidiens. La mise en feuilleton est particulièrement vérifié dans ce genre de programme car « dans une pure logique de consommation individuelle, il est possible que la construction scénaristique intrinsèque de certains programmes, tels que la télé-réalité, soit à même de générer une attente chez le téléspectateur suffisamment forte pour l’inciter à regarder rapidement le contenu dès qu’il est disponible ».
Ce n’est plus un mythe, la télé-réalité n’est pas la réalité. Les émissions sont des procédés de réalismes, de « fiction réelle ». Jean Baudrillard, philosophe français, souligne la façon dont « le réel se confond avec le modèle ». Selon lui, dans ces émissions, « vous ne regardez plus la tv, c’est la tv qui vous regarde (vivre) », « la distinction du passif et de l’actif est abolie », le lieu du pouvoir devient impossible à localiser, le média et le message confondus Aujourd’hui, « le message implicite ou subconscient que l'industrie de la culture produit peut parfois se passer de tout scénario affirmé, dans les télé-réalités qui semblent filmer une vie quotidienne en temps réel, alors qu'en réalité ces productions reposent à chaque fois sur une scénarisation écrite et réglementée » par les boîtes de production comme Endemol, La grosse équipe, ou 909 productions pour ne citer qu’elles. Il y a bien sur des interactions réelles mais ensuite, les scènes sont coupées, montées, mises en scène, on assiste également à une forte exposition de l’intimité. Des castings sont également organisés pour « construire » et forger des personnage susceptibles de plaire au public, capable de créer du buzz, retenir l’attention, de faire preuve de drôlerie et d’originalité, mais aussi d’accumuler un capital de visibilité sur les différents réseaux sociaux. D’ailleurs, ce sont des milliers de candidatures qui sont envoyées chaque année pour participer à ces castings. Lorsque les candidats ont participé à une émission s’ouvre devant eux, potentiellement, une « carrière» dans l’audiovisuel.
Du point de vue économique la télé-réalité est présentée essentiellement
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