La technique

La technique est bien l'expression de l'intelligence humaine – de sa capacité à innover –maisellereprésenteaussilaprédominanceducerveausurlasensibilité etlecorps: de plus en plus, les procédés sont conçus par quelques uns, à partir d'un travail d'ingénierie qui obéit à des contraintes rationnelles, et les citoyens sont devenus essentiellement des usagers passifs des techniques : les dispositifs techniques sont des « boîtes noires » (on connaît l'entrée et la sortie, mais pas ce qui se passe à l'intérieur, il nous suffit d'appuyer sur le bouton pour obtenir ce que l'on veut) -

D'où le fait que notre expérience technique, globalement, est à la fois très riche (si l'on s'intéresse au fonctionnement réel des dispositifs techniques) et très pauvre (si l'on reste un usager qui attend que ça marche, et ne se préoccupe de la machine que quand il y a une panne).

Nous n'apprenons pas assez des techniques et, d'un point de vue politique, les choix dans ce domaine restent « technocratiques », l'apanage de décideurs ou experts, les citoyens ne les discutent pas assez (ils sont supposés ne pas s'y connaître assez) - Certains mouvements veulent aller à contre-courant, par exemple le mouvement des makers, une forme de « démocratie technique » qui consisterait à faire de nous tous des fabricants, maîtres des techniques que nous utilisons, au lieu de subir un développement technologique global sur lequel on n'a aucune prise (ce que certains nomment : le déterminisme technique) -

La technique peut apparaître rébarbative, il s'agit de s'intéresser à des fonctionnements matériels complexes, mais somme toute : l'humanité n'a pu survivre sans la technique. Cela nous donne donc un enseignement sur l'humanité : comme si elle n'existait qu'en-dehors d'elle-même, dans les dispositifs qu'elle a créés et qui constituent une sorte de mixte homme-nature, matière-esprit.

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