Fiche de lecture : 1984, George Orwell
Fiche de lecture : Fiche de lecture : 1984, George Orwell. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eva.gnr • 21 Février 2021 • Fiche de lecture • 2 713 Mots (11 Pages) • 4 706 Vues
PG2
Fiche de lecture, 1984
Références bibliographiques :
- Auteur : George Orwell (1903-1950) nom de plume d’Éric Arthur Blair
- Tire de l’œuvre : 1984
- Année d’écriture/publication : écrit en 1948 et publié en 1949
- Genre littéraire : roman d’anticipation, dystopie
- Mouvement littéraire :
Contextes de l’œuvre :
- Contexte biographique : Orwell est très préoccupé par le fascisme et ses menaces sur les libertés qui commencent à ronger l’Europe. Quand la guerre civile éclate en Espagne, il part se battre contre les fascistes. A son retour en 1938, Orwell écrit « Hommage à la Catalogne », basé sur son expérience de la guerre. Son prochain ouvrage sera « La ferme des Animaux » qui sera son premier vrai succès majeur. En 1945 Sa femme, Eileen, meurt d’un arrêt cardiaque à la suite d’un cancer foudroyant. Orwell, dévasté se met en retrait de la société et écrit son chef d’œuvre « 1984 » publié en 1949.
- Contexte historique : Œuvre majeure de George Orwell, 1984 est une critique de la société poussée à l’extrême. Cet ouvrage est considéré aujourd’hui comme un des + important roman d’anticipation et il a ouvert la voie aux récits dystopiques chers à l’univers de la science-fiction. Influencé par son engagement politique dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres, Orwell imagine une société contrôlée par un pouvoir totalitaire, inspiré du marxisme et du nazisme : Big Brother.
Cette dictature froide et stylisée permet à tous de se projeter dans un possible futur où toute action déviante est punie et où la liberté de penser n’existe plus. C’est cette universalité qui lui a valu un tel succès, tant dans les sphères intellectuelles que dans l’univers culturel populaire.
- Contexte culturel, artistique, littéraire :
Caractéristiques et brève analyse :
- Structures de l’œuvre, parties, chapitres : Il y a 3 parties, première partie = 8 chapitres, deuxième partie = 10 chapitres et troisième partie = 6 chapitres.
- Mode de narration, point de vue :
- Cadre spatio-temporel : L’histoire se passe à Londres en 1984, comme l'indique le titre du roman. Le monde, depuis les grandes guerres nucléaires des années 1950, est divisé en trois grands « blocs » : l’Océania (Amériques, îles de l'Atlantique, comprenant notamment les îles Anglo-Celtes, Océanie et Afrique australe), l’Eurasia (reste de l'Europe et URSS) et l’Estasia (Chine et ses contrées méridionales, îles du Japon, et une portion importante mais variable de la Mongolie, de la Mandchourie, de l'Inde et du Tibet6) qui sont en guerre perpétuelle les uns contre les autres. Ces trois grandes puissances sont dirigées par différents régimes totalitaires revendiqués comme tels, et s'appuyant sur des idéologies nommées différemment mais fondamentalement similaires : l’Angsoc (ou « socialisme anglais ») pour l'Océania, le « néo-bolchévisme » pour l'Eurasia et le « culte de la mort » (ou « oblitération du moi ») pour l'Estasia. Tous ces partis sont présentés comme communistes avant leur montée au pouvoir, jusqu'à ce qu'ils deviennent des régimes totalitaires et relèguent les prolétaires qu'ils prétendaient défendre au bas de la pyramide sociale. Les trois régimes sont présentés comme étant socialement, économiquement et idéologiquement sensiblement les mêmes.
- Personnages principaux, caractérisation, schéma actanciel, liens entre eux et rôle dans le récit :
- Personnages :
- Winston Smith : Le personnage principal. Il vit en Océania, à Londres. Le monde est divisé en 3 continents se faisant continuellement la guerre : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. Travaillant pour le ministère de la Vérité, il passe ses journées à détruire des informations pour en créer de nouvelles, s’adaptant aux demandes du Parti qui modifie constamment l’Histoire. Il a conscience de vivre dans un univers où le pouvoir établi ment en permanence aux populations et constate avec stupéfaction que beaucoup d’autres personnes se laissent leurrer bien plus facilement que lui. Winston possède un instinct de rébellion, ce qui lui fait craindre pour sa vie. Surveillé, comme tous les autres habitants, à son domicile par un télécran, il se cache pour écrire un journal intime.
- Julia : Elle travaille également pour le Parti. Dans les bureaux des ministères elle croise à plusieurs reprises Winston. Ce dernier a peur d’elle, car il est convaincu qu’elle veut le dénoncer. En fait, Julia est attirée par Winston. Elle réussit à communiquer avec lui et à lui faire part de son envie de le rencontrer. Grâce à de nombreux subterfuges, ils parviennent à se voir en cachette.
- Monsieur Charrington : Vendeur d’antiquités vivant dans le quartier prolétaire, où la visite des membres du Parti est toujours suspecte. Winston se rend à son magasin et est fasciné par tous ces objets venant du passé, issus d’une Histoire dont il ne pourra jamais connaître la vérité. La relation entre Winston et Julia s’intensifie et ils décident de louer une chambre à Monsieur Charrington pour se retrouver régulièrement.
- O’Brien : Collègue de Winston. Son visage lui inspire une grande confiance. Winston est persuadé qu’il peut se livrer à lui sans danger. Dès qu’il le pourra, il lui fera part de ses interrogations concernant le Parti et de sa volonté de mettre fin à cette politique totalitaire. -Membre du Parti Intérieur, c’est un homme très haut placé. Il est particulièrement intéressé par le cas de Winston. Il finira par le trahir et le torturer sévèrement au ministère de l’Amour.
- Big Brother : Entité devenue tellement célèbre qu’elle a dépassé le cadre de 1984. Il s’agit d’un personnage, élaboré par le Parti, pour contrôler et surveiller la population. Il est censé représenter le chef du Parti, homme de 45 ans, moustachu. Son visage brun, aux yeux durs apparait partout, dans les télécrans des habitations, au travail, ainsi que sur des affiches dans tout le continent. Son slogan est fameux : « Big Brother is watching you ». Il est l’objet central de toute la propagande du Parti.
- Goldstein : Leader de la « Fraternité », il est le pire ennemi du Parti et de Big Brother. Révolutionnaire recherché par le Parti qui lui consacre l’intégralité de ses « Minutes de la Haine », moment de projection de vidéos attisant la haine de la population à l’égard de tout ce qui ne va pas dans le sens du pouvoir. Ce temps (2 Minutes de la Haine) représente un véritable défouloir où la violence des habitants est stimulée en direction de tous les contradicteurs du Parti.
- Catherine : Femme légitime de Winston dont il n’a pas pu divorcer. Elle est extrêmement conditionnée par la propagande et va jusqu’à considérer la procréation comme un devoir envers le Parti.
- Tom Parsons : Il est le voisin et collègue de Winston au ministère de la Vérité. C’est un homme dévoué au Parti corps et âme, qui ne fait pas preuve d’une grande intelligence.
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- Résumé, faits marquants, étapes (schéma narratif) :
- Winston Smith, 39 ans, habitant de Londres en Océania, est un employé du Parti extérieur, c'est-à-dire un membre de la « caste » intermédiaire du régime océanien, l'Angsoc (mot novlangue pour « Socialisme anglais »). Winston officie au ministère de la Vérité, ou Miniver en novlangue. Son travail consiste à remanier les archives historiques afin de faire correspondre le passé à la version officielle du Parti. Ainsi, lorsque l'Océania déclare la guerre à l'Estasia alors qu'elle était en paix deux jours avant avec cet État, les autres membres du ministère de la Vérité, notamment ceux du commissariat des archives (« Commarch » en novlangue) où travaille Winston, doivent veiller à ce que plus aucune trace écrite n'existe de l'ancienne alliance avec Estasia. Toutefois, contrairement à la majeure partie de la population, Winston ne réussit pas à pratiquer cette amnésie sélective et ne peut donc adhérer aux mensonges du parti. Il prend alors conscience qu'il n'a pas de pensées aussi orthodoxes qu’il devrait en avoir aux yeux du Parti. Susceptible d'être traqué par la Police de la Pensée, une redoutable organisation de répression, il dissimule ses opinions contestataires aux yeux de ses collègues de travail. Le roman s'ouvre sur les projets d'écriture de Winston ; il désire en effet garder une trace écrite et donc fixe du passé, en opposition à la propagande de l'Océania. La ténuité des possibilités de rébellion apparaît rapidement ; la simple rédaction de son journal n'est possible à Winston que grâce à une singularité dans le plan de son appartement qui permet d'échapper au regard omniprésent du télécran, sorte d'écran installé dans chaque foyer qui sert à la diffusion continue de la propagande du gouvernement et à voir et entendre ce qui se passe chez les gens. Winston Smith servira également de prétexte dans la suite du roman pour exposer la société totalitaire qui l'entoure, les hommes qui y collaborent et ses ressorts les plus impitoyables. On verra ainsi exposées au fur et à mesure de ses rencontres le mépris de l'amour et de la sensualité par l'ensemble de la société - avec l'exemple notable de l'ex-femme de Winston, Catherine - ou encore une présentation de la destruction de la langue par un des artisans enthousiastes de cette entreprise. La délation dans la famille et même le refoulement généralisé des membres les plus dévoués à la société qui finissent par prononcer dans leur sommeil ce qu'ils n'osent prononcer de jour seront abordés le long du roman.
- Rencontre avec Julia : Lors des Deux Minutes de la Haine, moment rituel de la journée, pendant lequel le visage de l’«ennemi» de l'Angsoc, Emmanuel Goldstein, est diffusé sur des écrans, Winston croise Julia, une jeune femme du commissariat aux romans, membre de la « Ligue anti-sexe des juniors », d'apparence particulièrement disciplinée. Il la hait, pensant qu'elle est une espionne de la Police de la Pensée. Plus tard, elle lui remet discrètement un papier où est écrit : « Je vous aime ». Ils se fréquentent, font l’amour clandestinement dans une mansarde louée dans le quartier des prolétaires. Ils savent qu’ils seront condamnés, que tôt ou tard ils devront payer le prix de tous ces crimes envers le Parti. Ils rêvent cependant d’un soulèvement, croient au mythe d’une Fraternité (en) clandestine qui unirait les réfractaires. C’est pourquoi ils prennent contact avec O’Brien, personnage intelligent et charismatique, membre du Parti intérieur, dont Winston a l’intime conviction qu’il est membre de la Fraternité. O’Brien leur fait parvenir « Le Livre » de Goldstein, l’ennemi du peuple et du Parti, objet de la haine et de la peur la plus intense en Océania. Y sont expliqués tous les tenants et aboutissants du système et des manipulations psychologiques mises en place en Océania. « Le Livre » de Goldstein explique notamment qu'une révolution ne peut réussir que si une classe moyenne peut remplacer la classe dirigeante. Ceci explique que le parti intérieur (classe dirigeante) surveille tout particulièrement le parti extérieur (classe moyenne). Prolongeant sa fable la Ferme des animaux, c'est une véritable théorie des révolutions qu'Orwell expose, en présentant dans 1984 son contraire et corollaire : les techniques utilisées pour empêcher toute révolution.
- Arrestation : Avant qu'ils passent à l'acte, Winston et Julia sont arrêtés par la Police de la Pensée et amenés au ministère de l'Amour (M. Charrington, qui louait une chambre à Winston et Julia, y avait caché un télécran derrière un tableau). Winston y retrouve O'Brien lui-même, qui n'a en fait jamais été membre de la Fraternité (en), bien au contraire, car il est justement chargé de traquer les « criminels par la pensée ». O'Brien lui apprend que Winston était repéré comme peu fiable bien avant que lui-même n'en prenne conscience (sept ans plus tôt). Sa réintégration comporte 3 stades : étudier, comprendre et accepter. Winston se fait torturer et humilier pendant des jours et des semaines, voire des mois (la notion du temps n'est pas très bien précisée à ce moment de l'histoire car Winston n'a aucun instrument auquel se fier pour mesurer le temps), jusqu'à ce qu'il perde toutes ses convictions morales et soit prêt à accepter sincèrement n'importe quelle vérité, aussi contradictoire soit-elle (2 et 2 font 5, Winston n'existe pas en réalité…), pourvu qu'elle émane du Parti. Sa rééducation se finit lorsque confronté à sa phobie la plus forte (les rats), il trahit et renie Julia. En effet, le but du Parti est d'épurer toutes les pensées qui lui sont gênantes avant d'exécuter ceux qui les ont émises afin d'éliminer ce que Winston appelle « la nature humaine ». La loyauté de Winston envers Julia était la dernière chose qui allait contre les idées du Parti, c'était donc l'étape finale logique de sa « rééducation ». On apprend enfin que le « Livre » de Goldstein est en vérité une création du Parti intérieur, qui est à l'origine du régime de l'Océania, et qu'Emmanuel Goldstein est une figure allégorique au même titre que Big Brother ; ce qui y est écrit n'en reste pas moins vrai d'après les paroles d'O'Brien, donnant une dimension terrifiante à ce monde.
- Échec de Winston : Relâché, Winston n'est plus qu'une épave vide de sentiments et de dignité, passant sa vie au bistrot. Par hasard il revoit Julia, qui elle aussi l'a renié sous la torture et cette trahison mutuelle rompt leur attachement. Pendant la guerre nécessaire et incessante qui oppose les trois blocs totalitaires, la propagande prétend qu'une « nouvelle brillante victoire » aurait retourné magistralement une situation très compromise. Il devient alors un admirateur béat de Big Brother. Il mourra probablement exécuté d'une balle dans la nuque, comme le sont tous les criminels de la pensée une fois leur « folie » expurgée.
- Thèmes et centres d’intérêts, sujet de réflexion suggérés par l’œuvre :
Le thème abordé : Le totalitarisme. 1984 est un roman dont les concepts ont dépassé le récit. Le personnage de Big Brother en témoigne : il symbolise la surveillance organisée de la population par les Etats et demeure d’actualité avec l’avènement des réseaux sociaux. Dans la société du roman, la surveillance permet le contrôle complet ainsi que la manipulation des masses. Le totalitarisme y atteint des sommets : les habitants sont muselés par le système de double pensée, une langue en cours de création supprime de nombreux mots et par conséquent des opinions, l’Histoire s’adapte aux évolutions souhaitées par le pouvoir, tout le peuple est constamment filmé, tandis que les personnes qui semblent réfléchir par elles-mêmes sont menacées de mort et même d’inexistence, car le Parti supprime leur identité après les avoir vaporisées. 1984 a ainsi développé une dystopie détaillée et effrayante, poussée à son paroxysme.
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