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Séance n°3 : Correction des questions 1 à 3 p. 440 du manuel « Rencontre à Rouen »

Fiche : Séance n°3 : Correction des questions 1 à 3 p. 440 du manuel « Rencontre à Rouen ». Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Mai 2021  •  Fiche  •  1 131 Mots (5 Pages)  •  590 Vues

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Séance n°3 : Correction des questions 1 à 3 p. 440 du manuel « Rencontre à Rouen »

Question 1.

L’information principale racontée dans ce chapitre titré « Des Cannibales » peut être résumée ainsi : « Trois d’entre eux […] se trouvèrent à Rouen au moment où le feu roi Charles IX y était » (l. 1-6). Le reste de cette longue phrase est consacré au développement de deux longues propositions, l’une introduite par le participe présent « ignorant » (l. 1) et l’autre par l’adjectif qualificatif « malheureux » (l. 4), deux mots qui résument le destin des Indiens tel que Montaigne le perçoit, un peu moins d’une centaine d’années après le début de la conquête et une quinzaine d’années après avoir assisté à cette rencontre de Rouen. On estime en effet que cet Essai a été rédigé vers 1578. D’emblée, Montaigne adopte un regard de compassion sur ces Indiens victimes d’une ignorance qui n’est pas absence de savoir mais méconnaissance du Monde ancien, « des corruptions de ce côté-ci de l’océan » (l. 2), une ignorance qui causera leur perte irrémédiable « leur ruine (comme je présuppose qu’elle est déjà avancée) » (l. 3-4) et le malheur, celui d’avoir perdu leur « quiétude ». Deux mondes s’opposent, « le côté-ci de l’océan », « le nôtre » (l. 5) dit Montaigne, celui de la tromperie et du vice, et l’autre, celui des Indiens que caractérise « la douceur de leur ciel » (l. 5). Montaigne prend ici clairement fait et cause pour les Indiens. Témoin dans un premier temps de l’événement, il raconte comment on veut éblouir les indigènes en leur faisant admirer la beauté de la ville. En leur demandant ce qui les a le plus surpris, le roi pose l’implicite que tout, ou du moins beaucoup de choses, sont surprenantes et admirables. Pour répondre à cette question qui contraint leur réponse, les Indiens déplacent le propos grâce à un subtil distinguo pour s’attacher plutôt à ce qui leur a semblé « étrange » et donc éloigné d’eux et de leurs coutumes. Leur étonnement souligne deux questions fondamentales, celle du pouvoir et celle de la répartition des richesses. Dans le royaume de France, le pouvoir de droit divin peut être hérité par un enfant de dix ans, dans celui des Indiens il est pris ou reçu par un homme adulte qui a la force de l’exercer. En prêtant à ses Indiens la langue simple d’un traducteur, Montaigne renforce les oppositions « tant d’hommes grands portant la barbe, forts et armés » (l. 11-12) et un « enfant » (l. 14). La parole des Indiens devient plus développée et précise quand il s’agit de dénoncer l’inégalité entre ceux qui sont « remplis et gorgés de toutes sortes de bonnes choses » (l.  17) expression qui dénonce l’excès et l’avidité et s’oppose à la pauvreté des mendiants « décharnés par la faim et la pauvreté » (l. 18-19). Richesse et pauvreté sont vues de manière réaliste. L’étonnement des Indiens va jusqu’à ne pas comprendre comment de telles inégalités ne conduisent pas les pauvres à se révolter, comme ils le feraient dans leur société, transformant l’inégalité en injustice et rendant ainsi la violence légitime contre cette injustice. Enfin, le langage prêté aux Indiens contribue à opposer leur civilisation et leurs valeurs à celles des Occidentaux : en appelant les hommes « moitié les uns des autres » (l. 16) comme l’explique Montaigne, ils posent le principe de l’égalité, d’une relation très étroite entre les êtres jusqu’à une certaine interdépendance, une solidarité.

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