Olympe de Gouges lecture linéaire préambule
Commentaire de texte : Olympe de Gouges lecture linéaire préambule. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Spyx_TY • 27 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 949 Mots (8 Pages) • 3 322 Vues
Objet d’étude n°1 : La littérature d’idées du XVIème au XVIIIème siècle
Oeuvre intégrale : La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges, 1791
Parcours : Ecrire et combattre pour l’égalité
Lecture linéaire n°2 / Olympe de Gouges, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791 / Extrait du premier paragraphe du Postambule, de « Femme, réveille-toi » à « vous n’avez qu’à le vouloir »
Introduction
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est une réécriture parue en 1791 de la célèbre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. C’est un texte polémique, une œuvre de combat, par laquelle ODG entend compléter le texte de 1789 en rappelant les droits de la femme. En effet, celle-ci, si elle a gagné des droits civils par la Révolution, reste encore exclue pour une large part de la politique (absence de droit de vote, aucune part prise dans l’élaboration des lois notamment); la femme est devenue, en quelque sorte, une citoyenne sans citoyenneté. La Déclaration d’ODG est précédée d’un préambule et suivie d’un postambule, qui l’encadrent en renforçant sa portée combative, par une adresse violente aux hommes, puis par un appel vibrant aux femmes.
L’extrait correspond au début du postambule, à l’exorde : ODG y enjoint les femmes de sortir de leur aveuglement, de s’emparer de leur destin, de se mobiliser pour réclamer leurs droits et de cesser d’être complices de leur propre aliénation. ODG déploie ici toute la force de son écriture et de son éloquence pour les convaincre ; c’est un appel à la révolte.
Mouvements :
lignes 1-5 « compagne » : ODG exhorte les femmes à prendre conscience qu’elles sont les grandes oubliées de la Révolution : alors que la période marque l’avènement des idées des Lumières, l’homme a floué les femmes de leurs droits.
Lignes 5 « O femmes ! » - 14 : Tentative pour vaincre les réticences des femmes en les sortant de l’aveuglement sur leur condition.
Lignes 14-fin : Incitation à mobiliser leur intelligence pour vaincre les résistances des hommes à accepter l’égalité.
Projet de lecture : Quelle stratégie ODG emploie-t-elle pour inciter les femmes à conquérir leurs droits ?
I/ lignes 1-5 « compagne » : ODG exhorte les femmes à prendre conscience qu’elles sont les grandes oubliées de la Révolution : alors que la période marque l’avènement des idées des Lumières, l’homme a floué les femmes de leurs droits = Bilan critique de la Révolution.
* Un début dynamique et incantatoire pour mobiliser les femmes :
- Longue phrase au rythme ternaire, marquée par deux impératifs, « réveille-toi », « reconnais tes droits ».
- Apostrophe « Femme » au singulier (// adresse à l’homme du préambule), comme pour appeler chacune individuellement, pour que chacune ait sa propre prise de conscience + tutoiement
- Métaphore du « tocsin de la raison » et hyperbole totalisante « dans tout l’univers »
* Série d’antithèses célébrant l’avènement des idées des Lumières (Révolution) vs obscurantisme (Ancien Régime)
- Accumulation « préjugés, fanatisme, de superstitions et de mensonges » vs « le puissant empire de la nature » ; on remarque qu’ici aussi, ODG renverse l’argument de nature en faveur des femmes.
- hyperbole au pluriel « tous les nuages de la sottise et de l’usurpation » vs allégorie « le flambeau de la vérité »
- passé composé qui marque des événements récents : on entre à peine dans cette nouvelle ère de la raison et des Lumières.
* Mais bilan critique et dénonciation de la domination des hommes qui perdure malgré la Révolution :
- Antithèse « l’homme esclave » vs « devenu libre » pour bien marquer les deux époques, avant et après la Révolution et mettre en avant ce que l’homme a gagné : sa liberté.
- Rappel du rôle des femmes pendant la Révolution : « a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers ». (On peut ici rappeler que les femmes sont en effet au cœur de plusieurs événements révolutionnaires majeurs. Par exemple, en octobre 1789 elles vont à Versailles se plaindre de l’absence de pain et réclamer armes et munitions auprès du roi et de l’Assemblée. Elles s’organisent aussi en clubs de femmes en province et à Paris entre 1789 et 1793, etc.)
- Le constat final met d’autant plus en avant l’injustice faite aux femmes malgré leur rôle qu’il est bref : « Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne ». On note qu’ODG emploie à escient le terme « compagne » dans cette phrase, pour accentuer l’injustice : c’est sa semblable, en somme, que l’homme aliène = Rappel d’un des trois principes fondateurs de la Révolution : la fraternité.
= L’ouverture du postambule se présente comme une vigoureuse incitation à l’action dont la femme doit être l’actrice. Le style martial, les tournures et les phrases lapidaires donnent un caractère incisif à cette ouverture destinée à produire un choc, un sursaut.
II/ Lignes 5 « O femmes ! » - 14 : Tentative pour vaincre les réticences des femmes en les sortant de l’aveuglement sur leur condition :
* Le bilan critique de la Révolution s’accentue en montrant que les femmes ont récolté au contraire davantage de mépris de la société :
- L’apostrophe s’élargit du singulier (l1) au pluriel « femmes », marquée par le « ô » lyrique et l’anaphore « ô femmes ! Femmes »
- l’adresse est toujours directe, avec le « vous » collectif
- 2 questions rhétoriques ligne 5 à 7 suivies de leur réponse marquée par un parallélisme binaire : « un mépris plus, marqué, un dédain plus signalé » : cette formule annonce la formule plus célèbre que l’on trouve un peu plus loin dans le postambule (après notre extrait) : « ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la Révolution, respectable et méprisé » = Les femmes n’ont gagné dans la Révolution qu’une égalité théorique, qui ne se traduit pas dans les faits. Les questions rhétoriques sont ici volontairement provocatrices et rendent les femmes responsables de leur servitude pour provoquer une prise de conscience.
...