Lecture analytique Phèdre de Jean Racine Acte I scène 3

Objet d'étude 1                         Phèdre,Racine : Acte 1, scène 3

Séquence 1

Texte 1

Le théâtre et sa représentation

L'aveu sur scène

INTRODUCTION :  Le 17ème siècle est l'âge d'or de la tragédie française et Racine en est le                                 maître. Pour l'intrigue, il s'est inspiré de Sénèque et Euripide. Ce théâtre classique repose sur des règles rigoureuses.

A sa suite les dramaturges (Anouilh), se sont libérés des contraires pour que la scène ressemble plus à la vie. Dans cet extrait, la reine croyant son époux mort, s'abandonne aux sentiments interdits qu'elle éprouve pour son beau-fils par le biais de l'aveu à Oenone, sa nourrice et servante.

Nous verrons en axe I que ce discours et tragique puis en II que ce discours est hésitant.

I-Un discours tragique :

Nous pouvons affirmer que le discours employé dans cette pièce est un discours tragique par plusieurs procédés utilisés (voir texte pour exemples)

-Le chant lexical de la mort est omniprésent (en jaune)

-Accumulations d'exclamations, interrogations, apostrophes, interjections (en orange)

-Futur : Valeur de certitude ; la tragédie est sûre, certaine : fatalité inéluctable

-Le mot «sang» rappelle la malédiction familiale qui a pesé sur Phèdre et son ascendance.

Hélios surprend les amants adultérins et est maudit par Vénus pour avoir informé tout l'Olympe.

V.40 «Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable, je péris...» (en vert)

-Hyperboles (or passion va de pair avec exagération) (en bleu)

II-Un discours hésitant :

Phèdre s'interdit de dire qu'elle aime a défaut d'être capable de s'interdire d'aimer. Illusion de maîtrise. Elle se déculpabilise en faisant dire le nom aimé par quelqu'un d'autre qu'elle.

Stratégie d'évitement, manœuvre dilatoire

Extrait de 48 vers, l'aveu n'arrive qu'au 47ème «Hippolyte»

Grâce au registre pathétique Oenone cherche a inspirer la pitié (affectif) et provoquer l'aveu. (en rose encadré).

De voir sa maîtresse dépérir, fait mourir Oenone. Osmose totale / Ceci va émouvoir Phèdre qui va avouer étape par étape. (en vert encadré)

Étape 1/ «si je romps le silence» Hypothèse, alternative

Étape 2/ «quand tu saura mon crime» Futur, certitude

Étape 3/ «tu le veut, lève toi» C'est la volonté d'Oenone qui est mise en avant, la gestuelle va commander l'aveu. Cela abolit les classes sociales ce n'est plus une reine et une servante mais une femme face a une femme qui romps le silence.

Etape4/ En évoquant des tierces personnes (Ariane, Vénus) elle diffère encore l'aveu le nom de l'aimé. Elle utilise 2 périphrases «ce fils de l'amazone» «ce prince si longtemps opprimé»

Le nom est suspendu a ses lèvres aux moyens de points de suspensions… (x2) «j'aime»

Alexandrins coupés/saccadés

Ces multiples coupes ralentissent l'aveu.

CONCLUSION : L'aveu de Phèdre donne une image très négative de la passion conçue comme                            une lettre, violente, destructive.

Cette passion subie fait de Phèdre le jouet du destin. Cette scène laisse entrevoir l'aboutissement ultime, funeste de la tragédie.

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