Le fait religieux
Cours : Le fait religieux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Timothée COLINET • 7 Février 2019 • Cours • 21 241 Mots (85 Pages) • 547 Vues
Rôle des religions dans le monde contemporain : est-il si fondamental ? |
Samuel Huntington : l'histoire serait déterminée par l'affrontement entre aires culturelles, notamment Occident contre monde arabe. Thèse revenue en force après les attentats du 11 septembre et les thèses culturalistes qui voient dans les religions les rapports structurants entre les États.
1. Les religions ont structuré les sociétés contemporaines.
A. Le facteur religieux a une importance historique indéniable.
1.Les religions constituent des ensembles démographiques majeurs
- Un milliard de catholiques ; Un milliard de protestants ; environ deux cents millions d'orthodoxes ; le monde islamique regroupe un milliard et demi de fidèles, majoritairement sunnites ; le bouddhisme qui regroupe 500 millions de fidèles, divisés en divers « véhicules » ; l'hindouisme : 900 millions de fidèles (srt en Inde)
- Évolution contrastée : le déclin des religions traditionnelles (Église catholique en Amérique latine) ne profite pas à l'athéisme, mais à d'autres formes de croyance (protestantisme en Amérique latine), voire à un retour à des formes archaïques comme le montre le « retour du religieux » dans le monde musulman ou le succès des juifs dits « orthodoxes ».
2.Les religions ont eu, historiquement, une profonde influence.
- L « question romaine » posée par la perte de ses États par le Pape en 1870 : de nombreux catholiques ont refusé de reconnaître l'unité italienne et ont attendu la création du Vatican, en 1929,
- Le sionisme apparaît à la fin du XIXe siècle contre l'antisémitisme et revendiquer la création d'un « État juif » (Theodor Herzl). La constitution, en 1936, du Congrès juif mondial, sioniste, a favorisé la création, en 1948, de l'État hébreu, accueillant les communautés juives de la diaspora.
- Dans le monde musulman, certains États ont un fondement purement religieux : ainsi de l'Arabie Saoudite, créée en 1932 sur les idées radicales de l'école wahhabite et assumant le rôle de gardienne Lieux saints
B. Les religions jouent un rôle réel aujourd'hui.
1.L'influence des religions peut être assez directe
- Le facteur religieux est souvent au fondement de conflits tels que la guerre de Bosnie (1990-1995 : entre Bosniaques musulmans, Croates catholiques et Serbes orthodoxes, tous parlant pourtant le serbo-croate). Mais cette influence directe peut également être pacifique : c'est sous l'impulsion des églises protestantes et catholiques que se sont conclus, en 1998, les accords du Vendredi saint qui ont clos le conflit en Irlande du Nord.
2.Mais cette influence peut également être plus diffuse
- Fondation de mouvements politiques ou sociaux. L'exemple le plus extrême est la montée en puissance de l'islam radical avec ses épigones (Al-Qaïda, État islamique annonçant, en 2014, le rétablissement d'un « califat » entre Irak et Syrie). Mais phénomènes religieux ou politiques (essor d’une version radical de l’islam mais aussi conséquences de la pauvreté ou d’oppression de la pop sunnite.
2. Mais le rôle des religions est relativisé par le poids des États et des intérêts politiques.
A. Les groupes religieux ne sont bien souvent pas des acteurs autonomes.
1. Certains cultes manquent d'unité.
- L'Islam sunnite ne dispose d'aucune autorité centrale (même si les fatwas de l'université Al Hazar, au Caire, possèdent un prestige tout particulier), chaque État musulman a tendance à contrôler et à instrumentaliser son propre clergé, réduisant son autonomie et son influence.
- L'influence du protestantisme américain est-elle assez réduite : si les dénominations se retrouver sur certains points précis de la politique des États-Unis (contre l'avortement), elles se sont divisées sur la guerre en Irak.
2. Bien souvent, les groupes religieux apparaissent instrumentalisés par les États au service de leurs propres intérêts.
- La fin du communisme a débouché sur un regain de pratique religieuse en Russie, encouragée par un pouvoir qui y voyait un moyen d'unifier la société russe (où des minorités musulmanes, en particulier dans le Caucase, représentent toutefois près de 15 % de la population).
- Dans le monde musulman, l'Arabie Saoudite utilise sa spécificité pour jouer un rôle diplomatique particulier et dispose pour cela de relais tels que l'Organisation de la conférence islamique (OCI), fondée en 1971, siégeant à Djeddah et qui compte aujourd'hui 57 membres.
B. Certaines confessions, plus structurées, exercent une vraie influence.
1. Le bouddhisme tibétain
- Mène une véritable diplomatie. Son représentant, le Dalaï-Lama (Tenzin Gyatso depuis 1935), mêle dans son combat défense de l'identité tibétaine et de la liberté religieuse en Chine. Exilé à Dharamsala en Inde depuis 1959 (avec 150 000 Tibétains, sur les six millions que compte la Chine), le Dalaï-Lama a abandonné la lutte armée comme la revendication indépendantiste, choisissant de mobiliser l'opinion mondiale en faveur d'un respect par Pékin d'une certaine autonomie tibétaine.
2. L'église catholique
- Le culte le mieux organisé demeure le catholicisme. L'État du Vatican dispose en effet d'un service diplomatique au sein du gouvernement (la Curie), d'un réseau d'ambassadeurs (les nonces) et de nombreux relais d'influence (Ordre de Malte, ONG catholiques, évêchés et ordres monastiques). Le Saint-Siège participe comme observateur, par volonté de neutralité, à diverses organisations internationales (ONU)
Les rapports entre religion et politique sont analysés selon 4 paradigmes en philosophie politique : celui du recouvrement du politique par le religieux, celui de la séparation, celui de la substitution et enfin celui de la délibération |
Paradigme du recouvrement[pic 1]
I. Saint Augustin
A. La théologie de l’histoire
- Saint Augustin, dans la Cité de Dieu (413-427) propose une théologie de l’histoire, qu’il prolonge par une philosophie du politique, et fonde le modèle sacerdotaliste de domination de l’Église sur l’État.
- En 410, les barbares wisigoths d’Alaric envahissent Rome : comment expliquer que Rome, centre de la toute-puissance, ait pu être envahie et en partie détruite ? Louis Dumont, Essai sur l’individualisme : ce qui caractérise le chrétien des origines, c’est qu’il est un homme hors du monde, car son royaume n’est pas de ce monde ➔ Rome s’est affaiblie en reconnaissant le christianisme comme une religion officielle, or le christianisme développe des vertus apolitiques voir antipolitiques : le propre d’un chrétien est de refuser l’ordre du monde terrestre
- Pour Saint Augustin, il existe une possibilité de restauration de la puissance romaine, si elle se donne davantage encore à la philosophie chrétienne.
- Dans le Livre I de La cité de Dieu, Augustin développe une vision qui fonde le christianisme pendant tout le Moyen-Âge et survit partiellement à la modernité : « La vie temporelle n’est que le noviciat de l’éternité. Les malheurs que nous vivons ne sont pour le chrétien qu’épreuves et châtiment ». (Le noviciat est l’école de formation des moines les préparant à prononcer leurs vœux)
- (1) Vision hiérarchique de l’univers : Le monde intramondain (la « vie temporelle ») n’a aucune épaisseur propre et ne vaut que dans la perspective du monde à venir. Ce n’est qu’un point de passage vers l’éternité
- (2) Vision surnaturaliste de la souffrance (théodicée) : La mort et la souffrance ont été voulues par Dieu lui-même, même si on ne le comprend pas, pour nous châtier ou nous éprouver ; car si elles n’avaient pas été voulues, cela signifierait que Dieu n’est pas tout-puissant
- (3) Vision interventionniste de la divinité : Le Dieu de saint Augustin est un Dieu fort et tout-puissant, qui intervient en faisant des miracles, ou en châtiant l’homme « L’homme tend les voiles, mais c’est Dieu qui apporte le vent »
- Pour Augustin, le monde de Rome peut être un monde de justice, mais il n’est pas celui de la lumière car Rome a commis une erreur fondamentale : au lieu de se tourner vers la justice de Dieu, elle s’est corrompue dans le désir de la puissance en oubliant Dieu. Elle est donc devenue une civitas terrena, une cité terrestre, marquée par la volonté de puissance, entrainant ainsi la punition divine qui l’a accablée lors du sac de Rome de 410. Augustin montre cependant qu’il existe pour Rome une possibilité de restauration, et réhabilite les vertus politiques du christianisme. Pour cela, il faut s’ouvrir à la loi de Dieu.
- Livre XIV de La Cité de Dieu : « Deux amours ont bâti deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a construit la cité terrestre. L’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a construit la cité céleste »
- Livre XV : « La nature, viciée par le péché, enfante les citoyens de la cité terrestre. La grâce qui délivre du péché enfante les citoyens de la cité céleste »
- Synthèse de l’augustinisme
- Il est possible de commencer immédiatement la construction de la cité céleste, sans attendre le jugement dernier ;
- Cette construction ne doit pas s’appuyer sur la nature et la raison, faillibles ;
- Elle doit s’appuyer sur l’Église en acceptant la grâce divine dont l’Église est la médiatrice : c’est l’Église qui dirige la cité de Dieu
B. La théologie du politique
1. La nécessité de l’Etat chez Augustin
- Le pouvoir est toujours valorisé, car le monde chrétien est un monde de l’ordre. Il faut un pouvoir capable d’enserrer la société et de guider les hommes
- Pélage (moine écossais, 350-420, inspirateur du pélagianisme) : Dieu est un Dieu d’amour absolu. Il ne peut donc pas avoir voulu le mal, il ne nous a pas accablé du péché origine (i.e. de la propension propre de l’homme à produire le mal). Puisque l’homme est bon, il ne faut pas agir sur l’homme mais sur son environnement pour transformer le monde. Une fois que le monde aura été changé, les pouvoirs pourront s’effacer
- Cette théorie rappelle celle de Rousseau selon qui « l’homme est né bon et pourtant partout il est dans les fers » ; le contrat social permet de changer cet état de fait (Rousseau est d’ailleurs condamné par l’Église au motif qu’il est pélagien). De façon similaire, Marx estime que l’homme n’est limité que par son environnement, et que l’Etat finira par s’effacer lorsque nous aurons retrouvé l’« homme générique ».
- Pour Saint Augustin : Dieu est un Dieu d’amour mais qui a permis le mal pour éprouver l’amour des hommes envers Lui. L’homme a en lui la propension de faire le mal, la possibilité du péché ; mais c’est un être de liberté qui pourrait aussi choisir d’éviter le mal. Il ne suffit pas de jouer sur l’environnement pour transformer la société ; il faut d’abord entrer dans la conscience de chacun pour l’amener à se tourner volontairement vers le bien. Il revient à l’Etat et à l’Église de conduire l’homme vers le bien et de le détourner du mal : de le remettre sur l’iter rectum
- La pensée pélagienne est une pensée qui croit dans les capacités de transformation de l’environnement, alors que l’augustinisme conçoit une part d’ombre de l’homme que personne ne parviendra jamais à éliminer.L’augustinisme est donc plus pessimiste que le pélagianisme, pour qui, selon Dostoïevski, « tout est permis, tout est possible »
- L’Etat a une double fonction pour Augustin :
- (1) Une fonction négative de puissance, pour faire obstacle à la violence et au déploiement du mal. L’Etat est là pour rétablir la sécurité.
- 2) Une fonction positive de justice, pour travailler à la production du bien en extirpant le péché (mais il s’agit d’une tâche qui ne peut avoir de fin)
- Qu’est-ce que la justice selon S.Agustin ? Elle se construit à partir de deux sources :
- (1) Une inscription dans l’idéologie stoïcienne, pour laquelle il existe une harmonie, un ordre dans la nature, à partir duquel il est possible de donner à chacun ce qui lui revient en fonction de sa place dans l’ordre du monde. Par exemple la famille est naturelle est peut-être une base d’organisation.
- (2) Le christianisme a ajouté d’autres normes et principes dans la Bible. Lire l’Évangile, c’est proscrire les abus de la richesse, l’impiété et le blasphème, l’adultère au plus grand bénéfice de la cité
- « Il n’est de véritable justice que dans une république dont le Christ est le fondateur et le souverain »
2. La subordination du pouvoir
- Il s’agit d’abord d’une subordination du pouvoir à Dieu, puis très rapidement d’une soumission à l’Église. L’Église est en effet nécessaire à la vertu des hommes.
- Etienne Gilson, L’esprit de la philosophie médiévale : « Même dans l’ordre purement physique, le manque d’efficace de la nature marque une sorte de vide que l’efficace divine vient remplir » L’homme est par nature trop imparfait pour découvrir seul la vérité, d’où la nécessité de s’en remettre à une puissance extérieure à lui-même, que Gilson appelle « l’efficace divine » mais que l’on peut identifier comme la grâce. L’homme a besoin de la grâce pour résister aux tentations du mal. Pour Saint Augustin, cette grâce est fournie par l’intermédiation de l’Église, qui conduit l’homme sur le chemin du bien.
- Saint Augustin reprend l’idée d’une séparation des ordres entre Etat et Église : César doit cependant obéir à l’Église, le prince doit obéir au pape. Le droit public doit être subordonné au droit canonique, et le souverain politique ne vaut que tant qu’il respecte les lois de l’Église. Le prince doit d’autre part travailler à l’éradication des hérésies, car une société ne peut être juste que si elle communie dans la même référence religieuse. « Quelle peut être la justice si le pouvoir soustrait l’homme au vrai Dieu »
- Cette conception change progressivement, et Cavour dit au moment du Risorgimento : « Nous voulons une Église libre dans un Etat libre », à quoi Pie IX réagit en rappelant que c’est l’Etat qui doit être dans l’Église.
II. La complication gallicane
- Grégoire VII et les Dictatus Papae (1075) : Le pape absorbe le naturel dans le surnaturel, et l’Etat dans l’Église. Pour lui, l’Etat n’est qu’un département de l’Église, une sorte de « ministère » de l’Église. En conséquence, le pape a le droit d’intervenir directement dans les affaires de l’Empire, pour remettre en cause telle décision, imposer à l’empereur telle ligne politique. Les peines spirituelles/canoniques et les peines temporelles/civiles sont confondues. Le pape peut excommunier un mauvais empereur, et cela revient à le déposer
- Le gallicanisme est une doctrine religieuse et politique française qui cherche à organiser l'Église catholique de façon autonome par rapport au pape. Il s'oppose à l'ultramontanisme. L’empereur Henri IV avait décidé d’ordonner des évêques, ce qui lui vaut d’être excommunié par le pape. Il se trouve contraint de faire pénitence devant le pape (Canossa). Les rois de France reconnaissent la supériorité de Dieu mais rejettent l’autorité de l’Église. Cette attitude commence avec François I° et prend une forme théorique à partir de la fin du XVI° siècle
- La pensée de Bossuet est fondatrice de la France gallicane
- Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie : le gallicanisme a préparé la modernité, et les élaborations théorico-juridiques depuis le XVI° siècle ont préparé la Révolution. Emile Poulat, Notre laïcité publique : la véritable rupture n’intervient qu’en 1789. Il y a dans le moment gallican une enflure de l’Etat, une montée en puissance contre l’Église ; mais parallèlement un univers théocentré persiste, car jusqu’à la Révolution les rois n’osent pas fonder les propres principes de l’Etat sur la seule volonté humaine
A. La théorie du politique
1. L’origine du pouvoir
- L’idée de Bossuet est que le pouvoir est voulu par Dieu.
- Argument scripturaire : Saint Paul dans son épître aux Romains : « il n’est pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu »
- Argument philosophique (on y repère l’influence augustinienne) : Bossuet fait référence au concept de providence, qui s’oppose au concept émergent de volonté (c’est ce dernier concept qui caractérise la modernité selon Heidegger : « au XVII° siècle avec Descartes s’invente l’idée de volonté)
- Au XVII° siècle s’établit une polarité entre :
- (1) L’idée de volonté cartésienne : rien ne doit faire obstacle à la capacité prométhéenne des hommes
- (2) L’idée de providence, enracinée dans la matrice augustinienne : « l’homme tend les voiles, mais c’est Dieu qui souffle le vent » ➔ C’est à cette vision ancienne que Bossuet continue de faire référence.
- Pour Bossuet, Les rois sont institués immédiatement, i.e. sans médiation, par Dieu lui-même. Il existe un lien immédiat entre Dieu et la personne qui dirige le royaume. Celle-ci ressemble aux autres hommes, mais leur est pourtant profondément étrangère, en ce qu’elle possède deux corps, l’un mortel (celui de l’homme) et l’autre immortel (celui du souverain). Kantorovicz, Les deux corps du Roi, 1957
- Avec les deux corps du roi, Bossuet s’oppose à deux autres théories, qui existent à son époque et perdurent par la suite :
- (1) La théorie du cardinal Bellarmin : elle est empruntée à Thomas d’Aquin : Dieu ne désigne pas directement le roi, qui reçoit les insignes de sa souveraineté du peuple qu’il dirige Le peuple n’est pas puissance instituante, il n’est que puissance médiatrice : la souveraineté ne lui appartient pas, il la reçoit de Dieu et la transmet à ses représentants
- (2) La théorie contractualiste (Hobbes) : le pouvoir est institué par le peuple. Pour Léo Strauss, Hobbes introduit un athéisme fondateur, puisque seul l’homme compte. De Cive, 1642 : « L’homme est désormais un dieu pour lui-même ». Le Léviathan, 1651 : le souverain est représenté comme un dieu mortel, constitué de l’ensemble des sujets, et soumis à un Dieu immortel lointain et faible
- Pierre Manent, Les métamorphoses de la cité : aux XVIII° et XIX° siècles, se substitue au temps de l’Église le temps de la Nation. Jusqu’à la Renaissance les chaînes d’interdépendances sont beaucoup plus courtes, et les hommes se conçoivent comme les hommes d’un territoire. Mais ils se conçoivent aussi comme membres d’un imaginaire rassemblé autour de la république chrétienne (pèlerinages,). À partir du XVIII° siècle, la notion de chrétien est supplantée par les notions de français, anglais, allemand, etc. On s’identifie d’abord à sa nationalité, et la religion vient en surcroît : c’est le régime de la nation.
- Hobbes et Bossuet se rejoignent donc pour placer un pouvoir fort, mais à partir de fondements très différents.
2. L’exercice du pouvoir
- Pour Bossuet le pouvoir est une puissance sacrée et familiale : les sujets sont reliés au pouvoir comme on est relié à un père. Dieu est notre père, le roi aussi : forme d’identité entre le roi et Dieu. Sacré et familial, le pouvoir est aussi absolu.
3. L’obéissance au pouvoir
- Le pouvoir venant de Dieu, il faut se soumettre entièrement au monarque. Bossuet : « Le service de Dieu et le respect pour les rois sont choses unies »
- Les jésuites développent la théorie du tyrannicide : lorsqu’un tyran advient dans un pays, il est possible d’utiliser la force brutale pour le supprimer car il vaut toujours mieux obéir à Dieu qu’aux hommes (Jacques Clément, Ravaillac).
- Pour Bossuet, cela n’est pas possible ; le roi doit être exempt de toute agression et toute possibilité d’insurrection est exclue. Il envisage cependant la possibilité d’une résistance passive.C’est une conception providentialiste de l’histoire : le roi ne peut être un tyran puisque ce roi a été institué par Dieu selon un dessein qui nous échappe.
- Bossuet développe cependant une théorie de la limitation du pouvoir. Le pouvoir est d’origine divine : il est censé respecter la loi de Dieu, de sorte qu’un tyran est illégitime. « Les princes doivent servir avec crainte et retenue, car Dieu leur demandera compte de leur mandat ». Un roi commettrait un « horrible sacrilège » s’il employait son pouvoir pour faire le mal. »
B. La théorie du religieux
La réflexion de Bossuet porte sur : L’articulation entre politique et religieux. Les rapports entre l’Église et l’Etat
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