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La princesse de Cleves

Dissertation : La princesse de Cleves. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2022  •  Dissertation  •  2 376 Mots (10 Pages)  •  757 Vues

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Un roman écrit comme une tragédie ?

Le genre par excellence du XVIIe siècle est le théâtre et en particulier la tragédie. Mme de LA Fayette est donc imprégnée des codes du genre, d’autant que le roman est décrié (trop mensonger, dangereux, etc).

  • Une façon de légitimer son oeuvre va être donc aussi de lui donner une forte dimension morale et tragique.

Aristote, dans la Poétique, (Ve siècle avant notre ère) définit ainsi la tragédie : « la tragédie est la représentation d’une action noble mise en œuvre par les personnages en représentant la pitié et la frayeur. […] Elle n’imite pas les hommes mais l’action et la vie ».  

  1. Un roman construit comme une tragédie d’un point de vue narratif

LE roman est construit en 4 parties narratives, mais en y regardant de plus près, nous remarquons que l’histoire suit la structure même des tragédies classiques.

Acte 1

Scène d’exposition

Incipit, arrivée à la Cour, mariage avec M. de Clèves, le soir du bal

Acte 2

Elément déclencheur, perturbateur de l’équilibre

Prise de conscience des sentiments pour Nemours, mort de sa mère, retraite 1

Acte 3

Montée de la tension, recherche de solutions

Vol du portrait par Nemours, accident de cheval du Duc et expression publique de son ressenti, fuite 2

Acte 4

Nœud de l’intrigue : le héros n’a plus aucune chance de s’en sortir

La lettre du Vidame, jalousie et temps de complicité, retraite 3 et aveu à son mari

Acte 5

Dénouement tragique

Affaire ébruitée, scène espionnage, mort de M. de Clèves, dilemme et choix de vie vertueuse jusqu’à la mort.

  1. Une intrigue qui respecte les règles établies par le théâtre classique
  1. Les personnages sont nobles, issus de haute lignée

L’intrigue de Mme de la Fayette se situe à la Cour de France sous les Valois. Les personnages mis en scène ne sont que des gens issus de cette Cour, de l’aristocratie française (Henri II, Diane de Poitiers, Mme de la Dauphine, évocation de l’histoire d’Anne Boleyn, etc. ). Ce sont aussi, comme dans la tragédie des personnages historiques (cf. Britannicus de Racine)

  1. Personnages avec une envergure morale et une éducation élevée

On renvoie ici au 1er extrait étudié sur l’éducation reçue par la Princesse par sa mère elle-même exceptionnelle, éducation à la morale, à la vertu, à la nécessité de faire passer le DEVOIR en premier, etc. Autre personnage à la morale irréprochable, Monsieur de Clèves qui va mourir de chagrin.

  1. Dénouement tragique

Il est vu au théâtre sous différents aspects : la mort du héros à la fin, mais peut aussi se traduire par un échec de sa vie, une renonciation à une passion pour être en accord avec la raison et la morale sociétale.

Nous avons 2 morts dans le roman, qui eux 2 meurent face à la bascule possible de Princesse vers la passion : sa mère qui pressent ce qui peut arriver et Monsieur de Clèves qui se saitmal-aimé = ce sont comme 2 morts d’honneur.

La fin est tragique pour la Princesse car elle renonce en vertu de sa rigueur morale et du souvenir de M. de Clèves à épouser le Duc de Nemours et préfère se retirer du monde. Elle choisit de finir sa vie à 17 ans…

Une fin triste, tragique mais qui fait la beauté morale des tragédies : Racine dit dans Bérénice : « cette tristesse majestueuse fait tout le plaisir de la tragédie »

  1. Noblesse du langage

LA tragédie ne doit utiliser que du langage élevé, à l’image des héros en scène, un vocabulaire recherché, de belles tournures de phrases.

Cette particularité est marquée dans le roman par la dimension précieuse du XVIIe siècle : le choix du beau mot, de tournures complexes (« il la voyait sans qu’elle sût qu’il la voyait… »), la référence à la noblesse des sentiments par le langage de la carte du Tendre (l’amitié, l’estime, etc.)

  1. Les sentiments transmis et suscités dans la tragédie : terreur et pitié

La tragédie comme la décrit Aristote, doit susciter chez le spectateur la terreur et la pitié.

Terreur car on tremble pour le héros face à ce qui inéluctablement va lui arriver. On tremble dans la Princesse face au suspense de savoir si elle va craquer ou non, face à cet aveu et la réaction de son mari, on a peur en voyant quels désastres causent les passions.

La pitié prend ensuite la place quand on voit ces personnages dont la destinée est malheureuse, qu’ils sont impuissants mais lucides face à ce qu’il leur arrive. LA pitié se mêle de compassion.

La tragédie a une portée « cathartique », c’est-à-dire qu’elle a pour but d’évacuer les sentiments néfastes, de libérer le spectateur qui fait passer ses propres angoisses sur le héros.

  1. Le dilemme cornélien

Le héros tragique est tout au long de la pièce tiraillé avec par un choix crucial, opposant ses sentiments et la raison. Ce choix, caractéristique de la tragédie classique est appelé « dilemme » cornélien en référence au dramaturge classique Pierre Corneille (cf. le Cid, Rodrigue doit choisir entre son amour pour Chimène et venger son père en tuant le père de Chimène : amour ou devoir d’honneur ?) .

La princesse de Clèves est prise ici entre 2 feux : son amour pour le Duc de Nemours et son statut de femme mariée et de femme vertueuse sur laquelle la morale vertueuse doit primer (cf. son éducation). : Partie IV quand elle hésite entre céder à l’amour ou rester veuve et fidèle : « cette persuasion, qui était un effet de sa raison et de sa vertu n’entrainait pas son cœur ».

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