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Chapitre 2 valeur d' un objet. CGE

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Par   •  27 Octobre 2015  •  Cours  •  1 907 Mots (8 Pages)  •  2 441 Vues

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(Thème II : Ces Objets qui nous envahissent : objets cultes, culte des objets)

(Cours sur les Objets, suite)

II – Quelles valeurs ont les objets ?

« Un objet est ce qui permet de passer d’un sujet à l’autre, de relier, donc, de vivre en société. »

Jean-Luc Godard, Deux ou trois choses que je sais d’elle

(intro de ce second chapitre)

Les objets qui nous envahissent ne se définiraient pas seulement par leur fonction. Indépendamment de son utilité, chaque objet semble de fait se déterminer par la valeur qu’il met en jeu.

4 valeurs essentielles s’imposent.

  • La valeur marchande, tout d’abord. Combien coûte un objet et comment en fixer le prix ? Les objets participent d’une société fondée sur l’échange des marchandises et œuvre à une collectivité dont l’essentiel obéit aux lois de l’offre et de la demande.

  • Cette deuxième valeur, sentimentale, montre qu’un objet ne se réduit pas à son prix. Témoins d’une vie, les objets accumulés portent une part de ceux qui les possèdent, et jouent un rôle existentiel. Ils apparaissent souvent comme les reliques d’un passé qui ne demande qu’à ressurgir à leur contact. Leur valeur paraît, dès lors, inestimable.
  • C’est ce même esprit qui anime la valeur religieuse d’un objet : signe d’un miracle, l’objet est vénéré comme la preuve matérielle du passage d’une divinité sur terre. Mais, dans une société consumériste, le culte ne s’est-il pas déplacé de manière profane vers tout objet ? Que penser de l’expression « objet culte » ? A quoi renvoie-t-elle précisément ?
  • Autant de questions qui conduisent à interroger une 4eme et ultime valeur : la valeur esthétique de l’objet. En quoi le design y participe-t-il ? S’agit-il d’une stratégie commerciale ou d’une démarche artistique ? Un simple objet ne possède-t-il pas une valeur poétique capable d’enchanter le quotidien ? Et notre société ne commence-t-elle pas à être aliénée par le culte qu’elle voue aux objets ?
  1. La valeur marchande

Quel est le prix d’un objet ? Combien coûte-t-il ?

Qu’il soit artisanal, industriel ou numérique, chaque objet produit se définit avant tout par sa valeur marchande. Celle-ci s’estime et se calcule selon les modes de fabrication, les matières employées ou le degré de rareté à l’objet en question. Mais au-delà du prix, la valeur marchande d’un objet s’offre surtout comme le fondement économique de toute société où vendre, acheter, revendre et échanger constituent des actions majeures.

Cependant, la valeur marchande d’un objet ne se limite pas à son seul impact économique. Comme le démontre Karl Marx, l’objet devenu marchandise devient vite un enjeu politique et social : synonyme de richesse et de pouvoir, la valeur marchande fonde dès le 18eme siècle ce que Marx nomme le capitalisme. Distinguant valeur d’usage et valeur d’échange, Marx montre combien l’objet marchand a permis d’aliéner et de dominer la classe prolétarienne dans une société devenue matérialiste et ivre d’accumulation de biens.

La valeur d’usage dépend de l’utilité d’un objet pour un consommateur, de la façon dont il répond à ses besoins. Elle est donc subjective, et relative à la notion de besoin. Un objet peut avoir une valeur d’usage même si ce n’est pas sa raison d’être, tandis qu’une marchandise en est forcément pourvue et trouve en elle sa condition d’existence : dépourvue d’utilité, elle n’intéresserait aucun acheteur.

La valeur d’échange correspond à l’estimation matérielle d’une marchandise dans le cadre d’un échange. Cette fonction peut être établie en fonction d’un autre bien, dans une société du troc, ou en fonction d’une monnaie dans une société marchande. Cette valeur d’échange est donc objective et relative à un autre bien ou à de l’argent.

Les deux notions se complètent : il n’y a de valeur d’échange que parce qu’il y a valeur d’usage. Cette double valeur de la marchandise, que Marx appelle sa « nature bifide », permet la transaction commerciale entre l’acheteur, qui considère la valeur d’usage de l’objet, et le commerçant, qui considère sa valeur d’échange.

VOIR POLY distribué : « La société de consommation » pour compléter cette première valeur, primordiale !!!

B) La Valeur affective d’un objet

Loin de se limiter à ce qu’il coûte, un objet revêt toujours une valeur affective. Posséder un objet ne reviendrait alors pas seulement à en être le propriétaire mais à parvenir à se l’approprier, à lui donner une valeur sentimentale jusqu’à ce qu’il devienne, à terme, une part de soi-même.

C’est ce que suggère Jean Baudrillard dans son essai Le Système des objets : l’objet moderne occupe désormais une place si importante dans la vie quotidienne qu’il en est à la fois le symbole et le témoin privilégié. Modelé à l’image de l’homme, l’objet n’est plus un simple élément du décor mais tisse un rapport intime avec son propriétaire : il témoigne de ses goûts, de ses passions, de ses amours… Anthropomorphique, l’objet devient un véritable espace de projection personnelle.

Cette valeur affective se double alors d’une valeur autobiographique et existentielle des objets, rendue manifeste notamment au XIX e siècle avec la multiplication industrielle des objets. Les objets disent tout de leur propriétaire. Comme le montre Guy de Maupassant dans sa nouvelle « Vieux objets », retrouver un objet, c’est effectivement retrouver une partie de sa vie passée et restaurer immédiatement un souvenir qui lui est lié. Véritable possibilité de dialoguer avec un passé révolu dont il est issu, l’objet se pare d’une valeur mémorielle aux accents mélancoliques : il est l’une des pièces du puzzle de l’existence de son propriétaire.

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