Automne malade, Guillaume Apollinaire
Commentaire de texte : Automne malade, Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jamovsky • 18 Janvier 2021 • Commentaire de texte • 1 036 Mots (5 Pages) • 986 Vues
Commentaire littéraire : « Automne malade » de Guillaume Apollinaire
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IntrCe poème a été publié pour la première fois dans Alcools. Sans doute écrit vers 1902, «Automne malade» se rattache aux autres textes de la section des «Rhénanes», dont il reprend les principaux thèmes et l'esthétique picturale. Par sa composition en quatre strophes de longueur et de mètre très irréguliers, «Automne malade» doit être rapproché des calligrammes: le poème prend la forme d'une feuille tombée d'un arbre et les derniers vers semblent couler comme l'eau d'un robinet.
ENTAI
I. Un poème lyrique et élégiaque
Ce poème constitue l'adresse du poète à sa «saison mentale ». Le titre du poème, repris au vers 1, amplifié par les deux adjectifs « malade » et « adoré », le vers 5 (« Pauvre automne»), le pronom de deuxième personne («tu», v. 2 ; «tes», v. 14) ouvrent le texte à la modalité lyrique. Cette tonalité est accentuée par l'apostrophe « ô saison » (v. 14) encadrée par le verbe aimer (qui reprend l'adjectif « adoré » du vers 1), construit une première fois absolument, puis avec des compléments qui débordent les limites du vers dans la figure de l'enjambement (v. 15). Enfin, l'impératif « Meurs » (v. 6) introduit l'idée de la supplique.
La mélodie des vers, le retour des sonorités nasales, des [1], l'écriture du silence rendue par la présence des blancs typographiques séparant chaque tableau participent de cette même tonalité. La voix poétique menace à chaque moment de s'éteindre, de retourner au silence. Dans la première strophe, par exemple, les vers sont de plus en plus brefs : le vers 3 ne comporte déjà plus que 6 syllabes et le vers 4 n'en compte que 4 ; la voix du poète semble hoqueter, chercher son souffle. Mais, dans la dernière strophe, la parole s'envole dans un accent lyrique : l'énumération d'objets d'amour (dont la plupart sont évoqués au pluriel: «tes rumeurs», «les fruits», «les feuilles», v. 14, 15 et 18) engendre l'euphorie passionnée d'une parole empreinte de mélancolie. La suppression de la ponctuation participe de la même intention : donner toute son importance au silence, au blanc.
II. L'automne : un phénix
Pour Apollinaire l'automne est teinté en même temps de vie et de mort. Son image est déjà ambivalente au premier vers, lorsque « malade » est coordonné à « adoré ». La neige qui menace de recouvrir les vergers (strophe 1) métaphorise la mort dont l'approche lente, placée sous le signe du futur «Tu mourras» (v. 2), est précisée par deux compléments circonstanciels de temps introduits par « quand » (v. 2 et 3). Mais, dans un système de parallélisme, le poète mêle la blancheur (couleur du vide et de la mort évoquée par un singulier) et la richesse (« De neige et de fruits mûrs», v. 7), évoquée par un pluriel.
La fertilité de l'automne est signifiée aussi par le cerf (v. 13). Symbole de la fécondité et de la renaissance, il est une figure de vie. Ses bois sont à l'image du phénix: repoussant constamment, ils introduisent l'idée du cycle permanent de la naissance et de la mort. Dans les vers 12 et 13, Apollinaire entend l'écho lointain de la vie : c'est par leur brame que les cerfs appellent les femelles pour se reproduire. Ainsi s'opposent-ils aux nymphes des eaux « Qui n'ont jamais aimé » et qui ont donc refusé le cycle éternel de la procréation.
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