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Automne malade, Alcools, Apollinaire

Commentaire de texte : Automne malade, Alcools, Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 132 Mots (5 Pages)  •  1 156 Vues

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                                             « Automne malade »

Le poème « Automne malade » est extrait du recueil Alcools, publié en 1913 par  Apollinaire. Ce poème est écrit en vers libres et sans ponctuation, selon une technique commune à tous les poèmes d’Alcools. Il évoque le thème traditionnel de l’automne, saison liée à la nostalgie, dont Apollinaire disait qu’elle était  sa « saison mentale ». Dans ce poème, Apollinaire s’adresse directement à l’automne, en un lyrisme renouvelé.

Comment le poète, à travers cette déclaration d’amour à la saison, évoque –t-il la fuite du temps ?

Nous pouvons découper le poème en 3 mouvements :

V.1 à 6 : Tout d’abord, le poète s’adresse directement à la saison pour célébrer sa beauté et déplorer sa fin prochaine.

V.7 à 12 : Puis, il associe la mort de l’automne à la privation d’amour.

V.13 à fin : Enfin, il se livre à une réflexion sur la fuite du temps.

1/Le poète s’adresse directement à la saison

  • Le titre est une personnification de l’automne (la majuscule en fait une allégorie de la saison et l’adjectif épithète « malade », connoté négativement, fait naître la pitié du poète qui semble au chevet d’un proche souffrant.
  • Le 1er vers renforce cette idée avec la reprise de l’adj. « malade », précisé par le participe passé passif « adoré ».Le lexique de l’amour est introduit, qui sera repris au v.13 avec la répétition du verbe aimer .Mais nous entendons , aussi, dans ce mot , « doré » qui renvoie aux couleurs de l’automne et en souligne son caractère précieux.
  • L’apostrophe  fait de l’automne un personnage complice et familier de l’auteur .Le discours poétique devient, ici, une célébration.
  • L’emploi du PP2 « Tu » en tête du vers 2 confirme l’idée d’un dialogue.
  • L’idée de la mort est introduite au v.3 avec l’emploi du futur simple « tu mourras ». C’est inéluctable, la menace est certaine. La longueur du vers (25 syllabes) suggère la lente dégradation de la saison ainsi que l’allitération de la consonne dure [r].Le lexique de la nature (« ouragan », « roseraies » « neigé » « vergers ») souligne le contraste entre la beauté et le caractère éphémère de la saison  et la violence des éléments naturels qui se déchaînent.
  • L’emploi du futur antérieur au v. 3 « Quand il aura neigé » souligne la progression du temps et le caractère certain de la mort. Cette certitude est cependant adoucie par l’assonance en [é].
  • Le poète ne peut qu’exprimer sa pitié au v.4  avec une nouvelle apostrophe « pauvre automne ». Il souligne ensuite le contraste de cette saison : la « blancheur » et la « neige » connotent le froid et la pâleur mortelle mais elles sont associées à des termes connotés positivement comme la « richesse » et « les fruits mûrs ». La prodigalité de la saison, sa dimension fastueuse, seront à nouveau évoquées au v. 14 avec « les fruits tombant sans qu’on les cueille ». L’homme n’a aucun effort à faire, la nature est généreuse.
  • Mais comment comprendre la reprise du verbe mourir au v.5 « Meurs » ? Est-ce un présent de l’énonciation = « Tu meurs » ou bien un impératif = »hâte –toi de mourir afin  de ne pas trop souffrir » ?c’est à chacun d’en décider. L’ambigüité demeure.

2/le poète associe ensuite à la mort de sa saison préférée, la privation d’amour.

  • Le complément circonstanciel de lieu « Au fond du ciel » fait planer une menace symbolisée par les « éperviers », oiseaux de proie. Les seules figures féminines du poème «les nixes nicettes » v. 9 renvoient aux ondines de la mythologie germanique. La proximité phonique des deux mots « nixes nicettes », le suffixe « ette » et l’adjectif « naines » en font des créatures inoffensives mais pourtant inquiétantes. Chez les Germains, ce mot désignait les âmes des jeunes filles noyées par désespoir amoureux .On retrouve, ici, la figure de la femme envoûtante comme la sirène (cf « La Loreley »). N’oublions pas, non plus, qu’en latin le mot « nix » veut dire « neige ». Ainsi le thème de la saison et celui de l’amour se trouvent –il liés.
  • Mais ce qui se dit au v. 10 c’est la privation de l’amour, avec l’enjambement composé de la phrase négative «  qui n’ont jamais aimé ».L’adverbe de temps « jamais » souligne ce manque.
  • L’évocation de la brame du cerf v. 12  renvoie  à la parade nuptiale et à la saison des amours qui appartiennent au passé (le verbe est conjugué au passé composé). Il ne s’agit pas pour Apollinaire d’apporter une note pittoresque dans ce distique mais bien d’exprimer sa propre souffrance d’amant malheureux.

3/Enfin, le poète, dans ce chant d’amour à l’automne  se livre à une réflexion sur le temps qui passe.

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