Voyage Immobile

Ce soir là, j’étais encore en train d’écouter, d’écouter la voix de la chanteuse de jazz. Cette voix magnifique qui me rendait pensive. Ce soir là, elle interprétait une chanson, une chanson qui semblait m’être dédiée. Cette chanson me ramena à mes rêves. Ces rêves de folie, de bonheur et d’aventure. Je pensais à des jours heureux. Des jours sur la plage... le sable sur mes orteils... mes yeux qui se perdent dans l’océan... le vent dans mes cheveux... les embruns qui me chatouillent les narines... et puis la radio à fond... diffusant cette chanson ! Je crois entendre maintenant une voix, une voix qui chante à tue tête, ma voix ! Quand je regarde au loin, à l’horizon, je vois un bateau dans l’eau. Mon bateau ? Oui ! Ce serait un bateau extraordinaire qui défierait vents et marrées ! Et puis cette plage de sable fin qui nous glisse entre les doigts, cette eau si transparente que l’on aurait pu ne pas la voir. Les tortues qui montrent le bout de leur tête pour pouvoir reprendre leur souffle, les poissons multicolores qui tournent autour de la coque, et puis le même air toujours fredonné, cet air qui revient sans cesse... Et je sens toutes ces saveurs ! Pétillantes, irrésistibles, goûteuses ! Ces bananes, ces noix de coco et ces mangues abondantes ! Le plaisir de boire un jus de fruit frais, les pieds dans l’eau le matin, tout en observant le ciel bleu et ses mouettes rieuses ! Le soleil qui réchauffe la peau et l’air chaud qui fait avancer le bateau ! Ce bateau qui avance coûte que coûte et qui slalome entre les rochers ! Je ne vois pas comment je peux vivre sans cette euphorie. Je ne vois pas comment je peux dormir sans le bruit des vagues et l’oscillation incessante du bateau. Et puis cette chanson qui reviens encore et toujours dans ma tête et qui me fais me sentir mieux ! Cette chanson qui a redonné le sourire à toutes les personnes que je rencontre pendant mon voyage immobile ! Ces personnes sans un sou mais avec un si grand cœur ! Ils m’emmènent dans des endroits inimaginables ! Sans eux comment aurais-je pu connaître ces endroits magiques ? Ces endroits où les animaux marins côtoient les humains sans gène et sans méfiance. Ces endroits où nager avec les dauphins est tellement facile que ça en devient ordinaire. Ces endroits où les mouettes viennent manger dans ta main. Et je pense à des enfants courageux qui apprennent la vie avec le temps et qui n’ont pas la chance d’aller à l’école. Des enfants qui connaissent chaque petit recoin et chaque parcelle de terre de leur île ! Sans même en avoir conscience, ces personnes sont des génies de pêche, de chasse ou de cueillette ! J’ai succombé aux charmes de mon île et de ses populations. Ces populations sans téléphone, ni ordinateur mais qui prouvent au monde entier que l’on peut très bien sans sortir sans ! Que l’on peut ne pas avoir de télévision sans pour autant être malheureux ! Ces gens qui autour de leur feu de camps chantent des chansons entrainantes! C’est comme ça que l’on s’est retrouvé à chanter cette chanson, cet air qui me reviens si souvent, on l’a chanté autour du feu pendant des heures à rire et à parler ! Tout le monde était si heureux que même les grillons nous accompagnaient ! Les yeux pétillent et les sourires sont présents sur tous les visages. Pourquoi la joie n’est-elle pas si présente ici ? Les gens sont moroses et tristes. Les gens ruminent dans leur

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