La casse du siècle : À propos des réformes de l’hôpital public

La casse du siècle 

À propos des réformes de l’hôpital public

Pierre-André Juven

Référence

Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, La casse du siècle. À propos des réformes de l’hôpital public, Paris : Raison d’agir éditions. 2019, 192 p.

Résumé de l’ouvrage

Depuis plus de trente ans, des réformes présument sauver l’hôpital public, mais de manière paradoxale, elles l’ont conduit à sa faillite que ce soit sur le plan financier que sur le plan humain et organisationnel. Ces difficultés découleraient d’un problème d’organisation et d’efficience. Cette grille de lecture, celle des « causes profondes », appelée lecture « organisationnelle-gestionnaire », est portée par des élites politiques, bureaucratiques et médiatiques qui prônent le virage ambulatoire. Elle s’oppose à la grille de lecture dite « budgétaire » portée par des professionnels de santé, des syndicats et mouvements sociaux. Cette dernière dénonce le manque de moyens financiers, matériels et humains, avec par conséquence des services surchargés.

Par ailleurs, avec le soutien de « l’État hospitalier », l’hôpital est devenu « le centre de la santé » ; la création des Centres Hospitaliers Universitaires en 1958 a conduit au déclin de la médecine au bénéfice de l’hyperspécialisation, et au cloisonnement de l’hôpital et de la ville. Un changement de doctrine gouvernementale dans les années 2000, remet en cause l’hospitalocentrisme avec une mise en concurrence avec les établissements de santé privé, qui accueillent des patients moins lourds et moins précarisés. Différents modes de financement se succèdent : dotation globale puis tarification à l’activité mise en œuvre à partir de 2004. Cette T2A représente la transformation de l’hôpital en entreprise (des activités et patients sont rentables, d’autres ne le sont pas).

Le sujet de l’innovation technique (numérique, pharmaceutique ou robotique), et de ses avantages pour l’hôpital, sont aussi abordés. Les tutelles politiques et économiques privées pour rendre l’hôpital plus performant et efficient décrivent l’innovation comme un élément commun les mettant tous d’accord. Et elle est présentée comme un atout primordial des politiques hospitalières, bien qu’il soit difficile d’accorder les progrès médicaux par rapport aux contraintes économiques.

L’ouvrage dépeint les raisons de la colère hospitalière et sa politisation en interrogeant des personnels de santé de tout bord et de toute origine, des politiques, des chercheurs, des associations et des patients. Cela permet de rendre compte d’un ensemble global du sujet en restant neutre.

Même si les décideurs en matière de santé publique et les auteurs sont d’accord sur le constat de la crise hospitalière, ils ne partagent pas la même analyse des causes et des remèdes. L’ouvrage dénonce les techniques de management actuelles qui risquent de compliquer la situation et qui mettent en lumière deux éléments clés : l’efficience et la qualité. La notion de rentabilité à masquer, et recourir à un management entrepreneurial sont des objectifs à mettre en place au sein de l’hôpital. Les politiques menées depuis trente ans sont illogiques. Des pistes sont à étudier ; mais attention à ne pas vouloir remplacer l’humain par l’innovation technologique.

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