Peut-on traiter des sujet graves sur le ton humoristique ou satirique ?
Dissertation : Peut-on traiter des sujet graves sur le ton humoristique ou satirique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lucarius • 4 Avril 2018 • Dissertation • 1 402 Mots (6 Pages) • 2 272 Vues
Tout écrivain se pose la question de quel style ou registre d’écriture sera le plus adapté à son oeuvre, encore plus dans un écrit critique ou argumentatif . Pour cela, il doit prendre en compte les réactions du lecteur, notamment du point de vue esthétique, mais surtout, comme nous le développerons ici, du point de vue de la perception du lecteur. On se demande alors s’il existe des conditions pour que les idées d’un auteur puissent être transmises et reçues par son lecteur. Ainsi, peut-on traiter de sujets sérieux et graves sur le mode humoristique ou satirique? Nous entendons par sérieux, les thèmes qui touchent à la condition humaine ou aux faits de société. Nous verrons tout d’abord que le mode humoristique ou satirique permet un traitement plaisant de sujets sérieux puis à l’inverse, nous verrons les limites de ces modes qui ne sont pas toujours adaptés.
Tout d’abord, les styles et registres humoristiques et satiriques aident à traiter agréablement les sujets graves. En effet, c’est l’essence même de certains genres d’écriture. C'est notamment le cas des fables, ces courts récits généralement écrits en vers, teintées d’humour. Elles visent à “plaire pour instruire” selon Jean de la fontaine, l’un des principaux fabulistes français. Chez cet auteur, la personnification des animaux mais surtout le comique de situation et de mots, amènent un caractère plaisant pour traiter de sujets sérieux, comme la politique ou les sujets de société. C’est aussi le cas pour le genre du conte philosophique, qui soulève des questions d’ordre social, politique ou même religieux, et dont la tonalité principale est l’ironie. Dans une moindre mesure, certaines comédies comme Dom Juan de Molière, traitent de sujet profond.
Ensuite, les sujets sérieux amènent chez les lecteurs une certaine appréhension; ces derniers préférant se distraire à travers des récits plutôt que lire de longues argumentations. Aussi, l’humour permet-il alors d’éveiller et susciter leur curiosité et donc leur intérêt pour l’oeuvre, levant en même temps leurs résistances. Par ailleurs, le rire instaure une certaine distance, permettant au lecteur d'être plus enclin à accepter des sujets sensibles. C’est notamment le cas des fables qui usent d’une narration très souvent humoristique dans le but de faciliter la transmission des idées et l’adhésion du lecteur au texte. Par exemple, Le corbeau et le Renard présente une courte histoire des deux animaux éponymes, dans laquelle le renard dupe le corbeau en le flattant, l’amenant à ses fins : récupérer le fromage. Ce comique de situation typique, celui du rusé et du naïf, permet au lecteur d’adhérer à la morale finale. Même si le sujet abordé ici semble léger en apparence, cette fable est à l’image de la force du procédé pédagogique des fables.
Finalement, la satire est une réelle arme dénonciatrice. En effet, la satire, en se moquant, tourne au ridicule les moindres défauts de son opposant, et ainsi salie son image. Par ailleurs, elle met les rieurs de son côté. L’humour crée une réelle complicité avec le lecteur. A l’image de la lettre 24 des Lettres Persanes de Montesquieu ( texte A ), Rica, un persan en voyage à Paris, décrit dans sa lettre adressée à Ibben, le roi de France et le pape. Il les critique en utilisant la satire: il les présente comme des menteurs et des manipulateurs et les qualifie avec des mots associés aux charlatans tels que : “magicien” “ guérisseurs”. Il poursuit en décrivant la vanité des sujets et celle du roi. En temps normal, ces attaques seraient inconcevables car on n'insulte pas ses propres lecteurs ( les sujets vaniteux ) ni le roi et encore moins le pape qui sont des personnages intouchables, sacrés. Toutefois, grâce à la satire et l’humour, les sujets délicats sont abordés de façon beaucoup moins irritables et aident ainsi l’auteur à transmettre de manière subtile mais efficace ses idées tout en rangeant le lecteur de son côté.
Pourtant, le mode humoristique et la satire possèdent des limites. En effet, ces registres peuvent amener à des malentendus. D’abord, l’humour, mais surtout l’ironie peuvent provoquer des contresens. Effectivement, l’antiphrase, une figure principale de l’ironie, fondée sur la feinte verbale, peut chez des lecteurs peu avertis susciter des malentendus. Ainsi, certains peuvent prendre au pied de la
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