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Montaigne, les cannibales et les coches : à quoi montaigne fait-il réfléchir ses lecteurs?

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Par   •  3 Février 2021  •  Dissertation  •  2 471 Mots (10 Pages)  •  922 Vues

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                        Français

                       Dissertation

L’essai, genre littéraire inventé par Michel de Montaigne est un récit de réflexion, preuve que l’auteur invite à faire réfléchir ses lecteurs même s’il ne le fais pas volontairement et que ce n’est pas son objectif de départ. Mais à quoi le philosophe fait-il réfléchir ses lecteurs dans les Cannibales et les Coches, ses deux essais qui recèlent une réflexion sur les mœurs des peuples Tupinambas et Incas, peuples du Nouveau Monde appelés les Américains ou encore les «sauvages» ? Et dans quelle mesure le genre de l’essai est-il particulièrement approprié pour stimuler la réflexion du lecteur? Nous verrons donc que Montaigne dans ces deux essais fait grands nombres d’invitations à ceux qui le lisent en plus de cette invitation à réfléchir qui est le cœur de son travail. Il invite ses lecteurs à un relativisme morale vis à vis des mœurs américaines pour mieux dissimuler une critique ethnocentrique. Il invite également à un dialogue critique avec les penseurs de l’Antiquité dans un second temps qui prouve son engagement humaniste à travers ces deux essais et partage avec ses lecteurs l’exercice d’une pensée en mouvement, sous forme, encore une fois d’invitation.

Les Cannibales (ou Tupinambas) n’ont donc aucune civilisation comme leur nom l’indiquent contrairement aux Incas qui est un peuple plus civilisé (principe de propriété plus avancé, habitat etc..), et qui est au centre de l’attention de l’essai des Coches. Le peuple Tupinamba constitue ainsi le premier essai et l’absence de civilisation de celui-ci est sa plus grande vertu pour l’auteur, car pour lui, les vertus les plus puissantes sont la voie de la Nature et les droits Naturels des hommes («Ce n’est pas raison que l’art gagne le point d’honneur sur notre grande et puissante mère Nature»).Ce peuple si primitif pour le reste du monde est donc un peuple dépourvu de tout vices et comme le répète Montaigne dans cet essai, ces individus sont purs, et plus que vertueux car ils n’ont pas été «contaminés» par l’art des hommes qui symbolise la civilisation, par conséquent les individus de ce peuple ne connaissant pas le commerce moderne, la pauvreté ou les classes sociales, ne subissent pas les sentiments de jalousie, d’inégalité car leur mode de vie est une «société parfaite et totalement égalitaire» pour l’auteur car elle est structuré autour de «Mère Nature», ce qui devrait être le centre de la société moderne selon le savant du 16ème siècle. Les Incas eux cités dans l’essai des Coches, sont certes plus civilisés mais sont un peuple «enfant», tel sont les propos de Montaigne, ils ont encore à apprendre, d’où le terme d’enfant et cette potentielle éducation que pourrait leurs donner les Européens. Ils sont par conséquent des «bons sauvages» contrairement à l’image néfaste qu’à d’eux les peuples civilisés car ils possèdent des arts mais cela n’a pas affecté leur mœurs et ne les a pas éloignés de leurs droits naturels. Mais comme les Tupinambas, les Incas ne connaissent pas certains sentiments comme la trahison cependant, quelque soit leurs différences, les Américains ont un point en commun pour l’auteur, ils ont une forme de bravoure que son peuple civilisé ne peut pas avoir, ce sont des héros et leurs mœurs guerrières force l’admiration de l’humaniste.

Michel de Montaigne dans ces deux essais, bien qu’il réalise un important éloge du peuple du Nouveau Monde et de leurs mœurs, blâme grandement les individus modernes, les gens «civilisés» ou Européens. Dans son essai des Cannibales, l’auteur met l’accent sur le sentiment de jalousie des femmes envers les belles et fortes jeunes femmes tupinambas et de la  cruauté des Européens vis à vis de ce nouveau peuple par la conquête de leur territoire qui à été réalisée de manière brutale. Les gens ayant été civilisés voient le peuple Tupinamba comme des sauvages, cependant selon Montaigne, les personnes de son peuple ne perçoivent pas la cruauté dont ils font preuve vis à vis des individus du Nouveau Monde, et que malgré les bonnes apparences qu’on leur donne, les Européens sont plus sauvages que ces peuples dit «barbares» car ils possèdent des vices que les Tupinambas et les Incas n’ont pas et c’est la raison pour laquelle ils vivent en paix et heureux («Les paroles mêmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie,la détraction,le pardon inouïes»).Ainsi, dans l’essai des Coches, comme dans les Cannibales, Montaigne vise des vices particuliers concernant les personnes de son peuple, contrairement à la jalousie des femmes et la cruauté des hommes souligné envers le peuple Tupinamba, dans les Coches, c’est la perfidie, la traîtrise et le mensonge qui sont pointés du doigt dans cet essai. Ces vices, sont dus aux artifices du monde moderne du temps de l’écrivain. Celui cherche donc délibérément à dissoudre l’avis donné par des «autorités» au peuple, Montaigne veut prouver aux habitants d’Europe que ces personnes que l’on dit sans dignité, sans foi, sont plus innocentes que les chrétiens Européens qui tuent, se jalouse, trahissent,mentent au détriment de leur religion et de leur foi si précieuse à leur yeux, que la civilisation est la cause d’une société  totalement éblouie par les arts, par l’artificialité d’objets inutiles ou superficiels et où l’image de soi passe au-delà des choses essentiels et de cette voie de Mère Nature qui est totalement absente.L’auteur a par conséquent une honte incommensurable vis à vis de cette société où il réside quotidiennement et de ces personnes remplis de vices avec qui il vit en communauté.

En effet, l’avis forgé par rapport au peuples américains par les Européens est en tout point ethnocentrique, cette «communauté» Européenne ne considère que leurs propres mœurs pour tenter d’analyser les coutumes de ces nouveaux pays découverts et font donc l’erreur par l’ethnocentrisme de comparer leurs mœurs aux leurs et ne peuvent donc pas comprendre leur mode de vie car ils ne prennent que le leur en référence pour tenter de comprendre ce qui va donc ensuite devenir des «barbares» à leur yeux. Les Européens, par l’ethnocentrisme vont donc considérer leur mœurs comme les meilleurs et cela va par conséquent entraîner un fort sentiment de supériorité qui va se transformer en racisme par des dénigrations des coutumes et de la culture de ces peuples. Par l’anecdote des Américains venus traverser l’océan pour voir le roi de France à la fin de l’essai des Coches (paragraphe 42), on peut voir le grand étonnement des trois personnes venues du Nouveau Monde lorsqu’ils voient la société moderne dans les rues de Rouen, cette anecdote est révélatrice de l’indifférence et de l’absence de solidarité humaine dans le monde «civilisé» au vu de la différence du niveau de misère entre les classes sociales vu dans ce paragraphe. Par conséquent bien que le monde civilisé est aveuglé par l’ethnocentrisme, il ne voit pas les propres défauts de sa société, se sent supérieur et considère ses mœurs comme les meilleurs.

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