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MacIntyre : En quoi la responsabilité est-elle cruciale dans la formation de l'identité ?

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Par   •  26 Février 2022  •  Dissertation  •  2 517 Mots (11 Pages)  •  403 Vues

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Louanne Close TD

Lundi 1O Janvier 2022

Question d’interprétation philosophique :

En quoi la responsabilité est-elle cruciale dans la formation de l'identité ?

Ce texte, écrit par Alasdair MacIntyre, extrait de l’ouvrage Après la vertu, met en avant le concept narratif de soi, tel que Ricœur s’y est intéressé dans nombre de ses ouvrages. Selon Ricœur, l’identité de soi n’est pas une donnée immédiate de la conscience, mais elle est le résultat d’une médiation par le récit de sa propre histoire dont nous sommes le sujet. Cependant le « je » se transforme à travers ses récits, rendant illisible l’identité narrative qui serait en constante lutte contre l’éparpillement de ses propres expériences vécues. Cela s’explique par l’ipséité du sujet qui reste identique malgré les changements, étant à la fois celui qui change et celui qui constate le changement, ainsi il doit assumer sa responsabilité dans ses changements, et voir les contradictions avec son moi profond. De ce fait, l’identité narrative rend possible la continuité du moi dans le temps en alliant la permanence du caractère et le maintien de soi. Par ailleurs, MacIntyre répond à Emerson, en expliquant pourquoi la cohérence avec soi-même est importante et plus particulièrement à travers le concept narratif de soi.

Dans un premier temps, MacIntyre introduit les principes, les exigences et les difficultés du concept narratif de soi. Cela lui permet dans un second temps d’introduire ce que rend possible l’identité narrative, c’est-à-dire la cohérence de soi malgré les changements et la prise de responsabilité de chacun de mes actes et de mes expériences. Enfin, il fait le constat que le moi narratif ne demande pas uniquement de prendre la responsabilité de chacun de mes actes et expériences, mais il doit également prendre en compte la perception d’autrui dans ma propre histoire car elle permet d’entrevoir le récit de sa propre vie avec plus de lucidité.

Ce raisonnement permet donc en partant du constat que la perception d’autrui est nécessaire pour entrevoir sa propre vie avec lucidité, que nous allons mettre en évidence le caractère crucial qu’a la responsabilité dans la formation de l’identité. Ainsi, il s’agirait ici de mettre en lumière le concept de responsabilité afin de comprendre avec plus de lucidité l’enjeux du texte de MacIntyre. Pour un homme se faire responsable, c’est se constituer comme un sujet moral qui est conscient des actes qu’il a réellement voulu, tout en leur affectant du sens.

MacIntyre commence son texte en mentionnant les exigences du concept narratif de soi « Je suis ce que les autres considèrent que je suis ». Il introduit l’idée que pour se connaître soi-même, nous avons besoin d’autrui. Cela ne signifie pas forcément qu’autrui peut nous connaître mieux que nous le pouvons nous-mêmes, mais autrui permet de savoir qui je suis vraiment puisque ce qu’il connait de moi n’est pas identique à ce que je connais de moi-même. Ainsi, autrui me permet de me mettre face à la responsabilité de mes actes, comme le témoigne l’expérience de la honte selon Jean-Paul Sartre. Ce dernier estime que « j’ai honte de moi tel que j’apparais à autrui » ce qui me permet de « saisir à plein toutes les structures de mon être » (L’être et le Néant). Chez Rousseau, l’intervention d’autrui dans la connaissance de soi est nécessaire puisqu’elle permet de se rendre compte de ce moi qui émerge au contact d’autrui, tandis que chez Lévi-Strauss, le moi se découvre vraiment qu’au contact d’un étranger, c’est-à-dire au contact de celui qui n’a pas les mêmes coutumes et les mêmes habitudes. Car, le contact avec un étranger peut souligner la peur de l’autre renvoyant à une méconnaissance de soi-même et à une crainte enfouie de ce que l’on est vraiment.

Cependant, MacIntyre explicite que malgré l’importance d’autrui dans la connaissance de soi, autrui n’a pas la capacité de se mettre entièrement à ma place, puisqu’il n’a pas mes souvenirs, mon vécu, ni ma sensibilité qui est propre à moi-même. En effet, il dit que « je suis le sujet d’une histoire qui est la mienne et celle de nul autre » puisque mon histoire « a son propre sens particulier ». Par ailleurs, MacIntyre s’attèle à mettre en lumière les difficultés et dangers de l’identité narrative. En effet, un être qui n’as pas compris l’importance d’être responsable de ses actes dans le processus de recherche de sens, peut perdre le contact avec la réalité. Dès lors, tout lui paraît flou puisqu’il n’a plus de moi auquel s’identifier, il est mort intérieurement et ne trouve plus d’intérêt à sa propre vie. En psychologie, ce phénomène de perte de sens caractérisé par une altération du rapport au réel et un sentiment d’étrangeté à soi et au monde s’appelle le syndrome de dépersonnalisation ou le syndrome de déréalisation. MacIntyre l’aborde mais il ne nomme pas les personnes atteintes de ce syndrome tel quel, il les nomme plutôt de « suicidaires ». Ces derniers sont atteints d’une perte de sens accrus de leur vie et de leur identité jusqu’à perdre « l’intérêt de faire une chose plutôt qu’une autre à des moments essentiels de sa vie ». Suite à cela, il semble évident que l’identité narrative nécessite une prise de responsabilité face aux actes et aux décisions de notre propre vie, puisque sans cette dernière l’individu se confronte à des dangers tel que l’étrangeté de soi-même ou l’indifférence face à sa propre vie.

Après avoir explicité les principes et les difficultés du concept narratif de soi, cela permet à MacIntyre d’introduire ce que rend possible l’identité narrative, c’est-à-dire la prise de responsabilité de chacun de mes actes et expériences afin de donner de la cohérence et de la continuité à ma propre vie. En effet, il introduit l’importance de la responsabilité lorsqu’il aborde la nécessité de pouvoir rendre compte des multiples changements du moi dans le temps, qui ne font pourtant pas de moi quelqu’un de différent mais plutôt de quelqu’un qui a pris une apparence différente dont le fond reste inchangé. Car, en effet, pour se rendre compte de la différence du moi présent (le lecteur) et le moi passé (l’auteur), il faut qu’il y ai une part inchangée en nous-même qui ait pu constater qu’une autre part de ce moi est changée (ipséité du sujet). D’ailleurs, MacIntyre aborde cette idée que le moi reste inchangé en donnant l’exemple d’« une personne connue sous une description [qui] n’est autre qu’une personne décrite différente ». Dès lors, cet exemple implique de dire en réalité que le moi profond reste identique mais que ce sont seulement les formes que prennent ce moi profond en fonction des évènements de ma vie présente et passée que je prends la responsabilité de prendre tel ou tel décision car j’en ressent l’envie. Cependant, la difficulté réside dans le fait de leur donner du sens sachant que l’on peut oublier des souvenirs passés ou inconsciemment les refoulés, rendant dès lors, illisible la quête de sens de certaines décisions.

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