Est-ce que Le Survenant subvertit la matrice du roman de la terre ?
Dissertation : Est-ce que Le Survenant subvertit la matrice du roman de la terre ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Charles Bergeron Hamelin • 11 Novembre 2020 • Dissertation • 615 Mots (3 Pages) • 501 Vues
Est-ce que Le Survenant subvertit la matrice du roman de la terre ?
Thèse : Oui, étant donné que plusieurs concepts centraux de l’écriture du terroir sont détournés
de leur fonction habituelle.
Paragraphe 1
D’abord, les concepts clés du roman de la terre sont déconstruits, alors que jusqu’ici ils
restaient figés. Cela constitue une innovation subversive dans la matrice du roman de la terre, où
la famille, la religion catholique et la terre sont des éléments qu’on met de l’avant et qu’on
valorise dans le récit. L’appel d’un ailleurs, celui de la ville, est ici incarné par la figure de
l’étranger. Ce qui est novateur, dans l’écriture de Guèvremont, c’est qu’elle s’ouvre à cet Autre
en l’invitant à se joindre au repas familial, plutôt que de l’avoir simplement repoussé. D’emblée,
même si l’étranger vient troubler l’ordre en interrompant le repas, les premières impressions sont
celles de l’ouverture, où « [l’on] eût dit qu’il apportait une vertu nouvelle à un geste pourtant
familier à tous. » (p.20) C’est dire qu’ici, bien que les traditions familiales soient bien ancrées, la
porte est ouverte à une possibilité d’un changement à venir, en décrivant ce geste comme une
« vertu nouvelle », plutôt que par la crainte ou la peur de la différence. Le personnage du
survenant n’incarne donc pas simplement un Ailleurs opposé à la vie rurale, mais davantage un
appel à la nouveauté, ce qui, dans le quotidien routinier auquel est assujetti la famille, est un
décentrement conceptuel novateur lorsqu’il est remis dans le contexte d’une littérature du terroir
aux concepts figés et clos.
Aussi, les personnages vivent tous une transformation intérieure, qui fait en sorte que
tous les sujets sont confrontés au même conflit, sans qu’il y en ait un au-dessus des autres,
comme cela a souvent été le cas avec d’autres romans du terroir, où le respect des rôles
traditionnels est important : le père représente l’autorité familiale, la jeune fille est souvent un
objet d’échange, de désir ou de possession, et le fils prétendant, en tant que successeur à
l’autorité paternelle, vient justifier la négociation du sort de la jeune fille entre eux, etc.
Autrement dit, une des composantes essentielles du roman de la terre est la famille, qui occupe
un rôle bien défini afin d’assurer la survivance de la nation. Dans Le Survenant, la subversion
vient donc de ce décentrement, de ce point de vue où la hiérarchie et l’ordre familial sont aplatis
par des choix narratifs, comme la narration à la troisième personne, pour laisser une vue
d’ensemble, voire un point de vue féministe qui constitue de ce fait une subversion au roman de
la terre tel qu’on l’entend, étant donné que chacun est mis textuellement sur le même pied
d’égalité. En somme, si l’ordre familial rigide est représenté par la maison forteresse, cette figure
se voit renversée par l’immersion d’une nouvelle figure dans la littérature du terroir, celle de
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