Dominique Pasquier, Cultures Lycéennes, la tyrannie de la majorité
Dissertation : Dominique Pasquier, Cultures Lycéennes, la tyrannie de la majorité. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lonniewalker1 • 26 Novembre 2020 • Dissertation • 1 957 Mots (8 Pages) • 713 Vues
Dominique Pasquier, Cultures Lycéennes, la tyrannie de la majorité
Introduction :
Dominique Pasquier est une sociologue française dont les recherches portent sur la sociologie de la culture et des médias. Elle a notamment consacré une série de travaux sur l’analyse des professionnels de télévision. Elle est directrice de recherches au CNRS et elle est également enseignant chercheur à Telecom ParisTech.
L’extrait que nous allons étudier est issu de son ouvrage Cultures Lycéennes, la tyrannie de la majorité publiée en 2005 où elle soutient la thèse selon laquelle les groupes de pairs exercent une influence croissante dans la construction de la personnalité adolescente. Le passage étudié traite du rapport étroit entre réseau de sociabilité et pratiques culturelles ainsi que le poids des relations culturelles dans la transformation des liens faibles en liens forts. C’est ce que Dominique Cardon et Fabien Granjon démontrent à travers leurs recherches sur les liens entre pratiques culturelles et les systèmes relationnels de jeunes usagers des écrans. Cependant, ces deux auteurs n’abordent pas la question de la stylisation des pratiques car leur champ d’étude est restreint à un petit échantillon d’étudiant de classes moyennes. L’auteure entend par stylisation des pratiques le fait de relier les pratiques culturelles à des mises en scène de soi. C’est un phénomène observé sur les lycéens qui ont un réseau dense et actifs ainsi que des liens faibles nombreux. Ainsi, Pasquier va s’intéresser aux phénomènes de stylisations des pratiques des lycéens en prenant l’exemple de la musique. On peut se demander, de quelle manière la mise en scène de soi des pratiques montrent que les relations interpersonnelles entre individus sont étroitement liés aux pratiques culturelles ?
Nous verrons que la stylisation des pratiques est un phénomène multiple ensuite, on analysera à travers l’exemple des choix musicaux des lycéens ce phénomène.
La stylisation des pratiques est un phénomène qui prend plusieurs formes. Il existe une stylisation des goûts qui est perceptible à travers l’apparence des individus. L'apparence est une manière de communiquer quelque chose de ses goûts musicaux ou encore des pratiques sportives. L’aspect d’un individu est le reflet de nos préférences au niveau vestimentaire, capillaire. Pasquier prend en considération la forme ou la marque d’une paire de basket qui peuvent être le signe d’être amateur de rap, les tee-shirt annonçant être supporter d’un club de foot ou encore les cheveux en touffe être amateur de skate. En effet lorsqu’on prend l’exemple de la marque Jordan, il est vrai qu’au début du lancement de cette gamme de basket, en porter était souvent le signe qu’on aimait le basketball. Tous ces exemples illustrent bien le fait d’une mise en scène de soi et sont des signes clairs dans la société des pairs. De plus, ces phénomènes de stylisation sont liés aux loisirs. Les loisirs ont une place prépondérante chez les jeunes car il n’a pas été opéré 2 moments forts marquant le passage à la vie adulte : la fondation d’une famille et les débuts dans la vie active, sachant que les jeunes sont ceux qui ont le plus de loisirs. Par conséquent, leurs pratiques culturelles déterminent qui ils sont, c’est un marqueur de leur identité. Il faut une certaine concordance entre les options c’est à dire certains sports vont avec un certain type de musique et un certain style de vêtement. Prenons l’exemple d’une personne écoutant du rap, à une époque son style vestimentaire était souvent d’associer baggy et tee-shirt long et il n'était pas rare qu’elle pratiquait le basketball. Tout cela se déroulait sous le regard du groupe de pair.
Non seulement, il existe une stylisation des goûts, il est souvent aussi observé une stylisation des modes de vie dans la littérature sur la production sociale des identités. Autrement dit “lorsque de larges pans de la vie d’une personne ne sont plus structurés par des habitudes et des schémas préexistants, l’individu est continuellement obligé de négocier des options de style de vie. Plus encore ces choix ne sont pas des aspects extérieurs ou marginaux de ces attitudes, mais définissent qui est cette personne” (Anthony Giddens). L’individu a plusieurs facettes et est capable de s’adapter à plusieurs situations c’est à dire il est capable de jouer plusieurs rôles. C’est l’identité postmoderne évoqué par Douglas Kellner où l’individu se représente de manière choisie comme dans une représentation théâtrale mais c’est sa véritable personne. Chez les adolescents, il y a une vision très voire trop optimiste de la chose en raison du fait que les codes de l’apparence sont rigides. En effet, le conformisme règne et le les choix de l’aspect de l’individu sont contraints. Paraître comme les autres est-ce qui est recherché avant tout car il y a un fort jugement d’autrui à l’école. De ce fait, c’est par ses pairs qu’on est jugé ainsi “le contrôle social exercé par ses pairs a remplacé celui des adultes” (François Dubet).
Enfin, ces phénomènes de stylisations sont des phénomènes qui ne sont pas nés dernièrement bien qu’il y ait une plus grande ampleur aujourd’hui. Par exemple, Richard Sennett évoque le XIXème siècle où les vêtements ont commencé à être des indicateurs de personnalité. Houbre souligne les liens entre styles vestimentaires, goûts littéraires et modes de vie existant au XIXème siècle. Par exemple, “les jeunes bourgeois attachés à la bohème assimilent les styles et les modes de vie marginaux afin de dramatiser l’ambivalence vis-à vis de leur identité”. Autrement dit, ils adoptent un style de vie propre à leur mode de vie et en lien avec leur apparence. Enfin, dans les années 1960 et 1970 est analysé les sous-cultures juvéniles par les sociologues anglais (bikers, teddy boys, bikers etc.). Ces sous cultures étaient organisés de façon visible à travers des territoires, des objets, des vêtements, des modes de relations sociales et des pratiques de loisirs. Par exemple, pour appartenir à la sous culture des bikers, il fallait la veste en cuir, faire de la moto entre autres. Les combinaisons de tous ces éléments donnent un style et une identité socialement organisée d’un groupe. Ces sous-cultures fonctionnent par “homologie” c’est à dire à chaque pratique, un vêtement, une musique.
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