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Dissertation sur la poésie

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Par   •  15 Octobre 2017  •  Dissertation  •  2 203 Mots (9 Pages)  •  828 Vues

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Dissertation

« Loin d’être le prisme déformant, qui n’incite qu’à l’illusoire, le vers est l’index qui pointe vers cet au-delà du vocable qui est notre seul contact qu’on puisse dire tangible avec une réalité autrement insaisissable. On a bien le droit de dire, en dépit de la critique des sémiologues, que la poésie peut prétendre à la vérité. »

Yves Bonnefoy, « Poésie et vérité », 1986, in : Entretiens sur la poésie

(1972-1990), Paris, Mercure de France, 1992, p. 264.

Vous commenterez et discuterez ce propos en vous appuyant sur des exemples précis.

Dans nos dictionnaires, le poème est défini comme étant : « un ouvrage de poésie en vers ». Le vers apparait donc comme étant l’élément de base du poème. « Vers » vient du latin versus et signifie « un retour d’un nombre identique de syllabe ». La fin d’un vers est repérable à l’œil, par le retour à la ligne, et à l’oreille, par le retour des mêmes sons : les rimes. Paul Claudel donne, dans Réflexions et propositions sur le vers français, comme définition du vers : « tel est le vers essentiel et primordial, l’élément premier du langage, antérieur aux mots eux-mêmes : une idée isolée par du blanc ». Le vers est souvent magnifié, voire sacralisé, car il est considéré comme l’usage majeur du langage. C’est d’ailleurs en ce sens que Yves Bonnefoy nous dit dans « Poésie et vérité » : « Loin d’être le prisme déformant, qui n’incite qu’à l’illusoire, le vers est l’index qui pointe vers cet au-delà du vocable qui est notre seul contact qu’on puisse dire tangible avec une réalité autrement insaisissable. On a bien le droit de dire, en dépit de la critique des sémiologues, que la poésie peut prétendre à la vérité ». Yves Bonnefoy, poète, critique et traducteur français semble vouloir nous faire comprendre et nous interroger sur le vers : le vers est-il cet élément trompeur transformant ou déformant l’image du réel ou bien un élément permettant de toucher au plus près la réalité ? Réalité et poésie semblent liées. Peut-on pour autant dire que la poésie utilise le vers pour atteindre la réalité ? Ces questions sur le langage poétique semblent être au centre de l’œuvre d’Yves Bonnefoy. Mais, suite à ces interrogations, on pourrait se poser la question de savoir si le langage poétique, et le vers plus particulièrement, peut permettre à la poésie de dépasser la réalité pour accéder à la réalité ? On pourrait répondre à cette question en montrant tout d’abord que les mots ne permettent de donner à la poésie qu’une simple illusion de la réalité. Cependant, les mots, selon Yves Bonnefoy, permettent au contraire de saisir une réalité autrement « insaisissable » pour, enfin, atteindre la vérité.

Les mots ne donnent qu’une simple illusion de la réalité. Même si Yves Bonnefoy refuse cette conception, certains estiment que la poésie ne peut prétendre toucher la vérité par le vers, ce dernier étant une déformation du réel en recherche constante de son plutôt que de sens.

Le « prisme déformant » dont parle Yves Bonnefoy est une critique qui a souvent eu lieu face à la poésie : certains considèrent que c’est une simple déformation du réel. On peut le comprendre dans le sens où, en grec, la poiesis implique la mimesis soit l’imitation du monde. En effet, Platon ira jusqu’à dire que la création artistique n’est jamais que le détournement du réel. Le langage poétique, comme toute création artistique, est donc très péjoratif puisqu’il s’agit d’une forme qui « incite à l’illusoire ». C’est d’ailleurs en ce sens que Platon, dans la République, soucieux de ne pas détourner les citoyens du vrai par des imitations qu’il faut proscrire, parle de chasser les poètes en dehors de la cité.

Ensuite, on pourrait également citer Nietzsche, qui lui aussi ne voit dans les mots qu’une déformation de la réalité, « un prisme déformant ». En effet, selon Nietzsche, le message qui passe d’une sphère à l’autre se déforme car chacun n’a pas la même vision des mots, ni de l’autre, ni du contexte, ni même du langage : le message connait tellement de perturbations qu’il en devient presque impossible pour le récepteur de lui donner la même valeur que l’auteur a voulu faire passer. Pour certains donc, le langage poétique n’est rien d’autre qu’un prisme déformant et ce également car il y a en poésie, selon certains, une recherche du son plutôt que du sens.

Selon Jakobson, la fonction poétique du langage met l’accent sur le caractère tangible, matériel, palpable des signes linguistiques. En effet, en poésie, le son l’emporte sur le sens. Verlaine ne disait-il pas dans l’Art Poétique : « de la musique avant toute chose ». On retrouve donc ici la critique des sémiologues que vise Yves Bonnefoy : « en dépit de la critique des sémiologues ». La sémiologie est en fait « la science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » selon Ferdinand de Saussure. Il s’agit d’une théorie globale des signes et non pas du message. Baudelaire disait dans les Correspondances que nous vivons dans une « forêt de symboles ».

De plus, on peut souligner que le texte poétique n’est plus soumis à une visée utilitaire. En effet, le poème se libère des contraintes d’un discours pratique. Les mots du poème obéissent moins à la nécessité de désigner des réalités extérieures qu’au plaisir de jouer entre eux. L’ambiguïté de la poésie tient à l’ambivalence du message, à la suspension du sens à laquelle elle oblige. Le poème ne se limite jamais au sens explicité de son référent. Mallarmé disait à Degas : « Ce n’est point avec des idées, mon cher Degas, que l’on fait des vers. C’est avec des mots ». Cependant, Yves Bonnefoy refuse cette vision du poème et surtout du vers comme « prisme déformant ». Au contraire, il considère le vers comme étant le seul contact avec une réalité insaisissable.

Le vers permet donc au poème d’aller au delà du mot qui est notre seul contact avec une réalité insaisissable. Le poids de la versification est le premier atout permettant d’atteindre la réalité et ensuite dépasser cette réalité pour atteindre la vérité.

Dans

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