A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois traitent, dans Cage d’oiseau et Ô tourments, le thème de la fatalité d’une façon similaire ?
Dissertation : A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois traitent, dans Cage d’oiseau et Ô tourments, le thème de la fatalité d’une façon similaire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Samuel Lagaçé • 6 Mars 2019 • Dissertation • 1 317 Mots (6 Pages) • 1 329 Vues
Sujet de dissertation critique
A-t-on raison de penser que Saint-Denys Garneau et Alain Grandbois traitent, dans Cage d’oiseau et Ô tourments, le thème de la fatalité d’une façon similaire ? Discutez.
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Dans les poèmes Cage d’oiseau d’Hector Saint-Denys Garneau et Ô tourments d’Alain Grandbois, le thème de la fatalité est abordé de façon similaire puisqu’elle est représentée comme une destinée inévitable. En effet, dans Cage d’oiseau, le sujet poétique est au courant du sort qui l’attend et il accepte sa mort certaine. Il utilise l’image d’un oiseau afin de représenter la mort qui se trouve à l’intérieur de lui : « [L’oiseau] ne pourra s’en aller/Qu’après avoir tout mangé/Mon cœur/La source du sang/ Avec la vie dedans » (V. 19-23). À la lecture de ces vers, il est évident que la seule solution pour libérer l’oiseau à l’intérieur du sujet poétique est que celui-ci meurt. En effet, le poète, décédé prématurément à l’âge de 31 ans, avait plusieurs angoisses quant à l’essoufflement inévitable de sa vie. Ces tourments se reflètent très bien dans ces vers puisque Garneau sait que la mort s’emparera de lui tôt ou tard. C’est pourquoi le sujet poétique dans Cage d’oiseau n’est pas en train de se battre, il accepte son sort. Cette conscience de la mort se retrouve aussi dans le poème Ô tourments d’Alain Grandbois. En effet, Grandbois est conscient de la mort imminente qui guette les êtres humains : « Bientôt l’ombre nous rejoindra sous ses paupières faciles » (V.33-34). La personnification de la mort (l’ombre) et l'utilisation du mot « bientôt » mettent l’accent sur le fait que la mort est inévitable et qu’elle se trouve dans un futur proche. L’utilisation du « nous » représente les êtres humains qui seront victimes de cette fatalité. Cette fatalité est donc, dans les deux poèmes, inévitable et imminente et les deux sujets poétiques en sont conscients.
D’un autre côté, les deux auteurs ne traitent pas la fatalité entièrement de la même façon puisque la mort, traitée dans les deux poèmes, provient de sources différentes. Effectivement, dans le poème de Garneau, la mort vient de l’intérieur du sujet poétique : « C’est un oiseau tenu captif/La mort dans ma cage d’os » (V.13-14). Cette métaphore compare la mort, ce mal à l’intérieur du sujet poétique, à un oiseau incapable de s’en échapper. La mort s’est installée en lui et elle le consume de l’intérieur. Celui-ci ne peut qu’attendre sa destinée. Or, dans le poème de Grandbois, la mort est perçue comme venant de l’extérieur du sujet poétique. En parlant des tourments, Grandbois écrit : « Les adorables épées du silence ont en vain défié vos feux noirs. » (V.8-9) Cette métaphore démontre qu’il ne vaut pas la peine de mener des combats contre les tourments puisqu’ils ne peuvent être vaincus. La mort est représentée par les tourments, qui font partie de l’expérience humaine à l’époque: Grandbois répète le mot « pourquoi » (V.30-32) afin de remettre en question les actions inutiles de l’être humain, puisque les tourments qui nous hante finissent toujours par amener la mort. Nous n’avons donc aucun contrôle sur cette fatalité puisqu’elle est plus grande que nous.
En somme, pour les deux auteurs, la mort est utilisée afin de représenter le thème de la fatalité. Elle ne provient pas de la même source dans les deux poèmes, mais elle est représentée comme une fin inévitable. Les poètes traitent donc le thème de la fatalité majoritairement de la même façon. De plus, les auteurs utilisent un sentiment d’enfermement et de solitude qui mène les deux sujets poétiques vers la mort. Dans Cage d’oiseau, on peut lire : « L’oiseau dans ma cage d’os/C’est la mort qui fait son nid » (V.4-5). La mort fait son nid à l’intérieur de la cage thoracique du sujet poétique, elle y est enfermée et y restera jusqu’à ce que celui-ci meurt. Jusqu’à ce qu’elle ait son âme. Dans Ô tourments, on peut lire : « […] [n]’ont créé pour notre solitude qu’une solitude d’acier » (V. 18-19) Le mot solitude est répété deux fois et jumelé avec l’adjectif « acier » qui démontre qu’il ne s’agit pas d’une solitude ordinaire, mais d’une solitude immuable. Cette façon similaire de traiter le thème de la fatalité, chez les deux poètes, leur vient d’une quête spirituelle et existentielle dû au fait qu’ils étaient habité d’une grande solitude car ils vivaient en situation d’isolement, en outre, à cause du rejet de l’idéologie de conservation des traditions littéraires.
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