Musset, On ne badine pas avec l'amour, scène 1, acte I
Commentaire de texte : Musset, On ne badine pas avec l'amour, scène 1, acte I. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar shanonjsl • 15 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 3 982 Mots (16 Pages) • 4 142 Vues
LECTURE ANALYTIQUE DE LA SCENE D’EXPOSITION (INTEGRALITE DE LA SCENE 1, ACTE 1
INTRODUCTION :
Alfred de Musset écrit en 1834, « On ne badine pas avec l’amour ».
Empruntant beaucoup au registre dramatique, cette pièce reçoit même le sous-titre de proverbe dramatique, genre littéraire très populaire du 18e et du 19e siècle.
(Il s’agissait à l’origine de l’improvisation de quelques scènes qui aboutissaient, en guise de morale, sur un proverbe implicite que le public devait deviner).
Apres l’échec cuisant de sa pièce « La Nuit Vénitienne », Musset prend la décision radicale de ne plus présenter ses pièces sur scène, ce qui explique qu’On ne badine pas avec l’Amour, ne sera jamais représentée de son vivant.
Ce qui explique également qu’On ne badine pas avec l’amour parait pour la première fois dans une revue puis dans un recueil de pièces « Un spectacle dans un fauteuil » en 1834.
On ne badine pas avec l’amour est inspiré de la liaison qu’entretient Musset avec George Sand, l’intrigue de cette pièce trace le jeu amoureux aux conséquences tragiques, auquel se livrent Perdican et Camille.
Problématique : Comment Musset renouvelle-t-il ici l’écriture très codée de la scène d’exposition ?
- Un jeu avec les conventions théâtrales :
- Des éléments d’informations sur le cadre et l’action :
- Le lieu et l’espace :
- Un cadre automnal : dans la première réplique du Chœur, évocation du « temps de la vendange », saison privilégiée des amoureux, saison liée à la mélancolie.
- Une province archaïque : On ne sait pas où et quand a lieu l’action d’On ne badine pas avec l’amour a lieu, mais quelques éléments laissent penser que c’est un univers figé :
-Le baron est appelé « Seigneur ».
-Evocation du château
-Education traditionnelle : les hommes vont faire leurs études, les femmes vont au couvent.
Ces éléments renvoient à l’Ancien régime et à un univers aristocratique.
- Un endroit de passage : a scène prend place dans un endroit de passage, entre l’espace extérieur naturel et l’espace domestique intérieur du château, et entre l’espace social populaire du village et l’espace intime aristocratique du château.
- L’action :
L’action n’est pas présentée directement il faut attendre la scène suivante.
Mais le retour de Perdican et Camille laisse envisager une intrigue amoureuse et un mariage, théorie confirmée par la dernière réplique du Chœur : (+ citer).
=Annonce d’une célébration heureuse.
Musset donne les informations nécessaires à la compréhension de la pièce, les répliques et didascalies sont destinées aux spectateurs et au Chœur qui découvre l’univers de la pièce.
- Symétries et oppositions : une scène très construite :
- Les jeux de symétries :
- Deux arrivées, celle de Blazius et celle de Dame Pluche= une scène dupliquée
- L’entrée de Dame Pluche qui succède à la sortie de Blazius= une exacte duplication de la 1e partie.
- Les répliques du Chœur qui présentent les personnages sont construites sur le même modèle syntaxique : parallélismes sur les arrivées de Blazius et Dame Pluche.
- Un jeu de scène identique :
-la descente de la monture
-la demande d’une boisson
-l’amorce d’un dialogue entre le Chœur et les personnages
- Des interventions qui se font échos :
Les répliques de Blazius et Dame Pluche entrent résonnance :
Blazius utilise l’impératif, Dame Pluche répond au futur injonctif.
Bilan :
Les effets de symétrie soulignent le caractère artificiel de la scène d’exposition et exhibent ici sa théâtralité.
- Les jeux d’oppositions :
Les symétries dans les entrées des personnages sur scène, et leurs interventions sont contrebalancés par des jeux d’oppositions qui divisent la scène d’exposition en deux tableaux inversés :
Blazius et Dame Pluche sont deux personnages antithétiques :
- Oppositions physiques : Pluche est maigre/ Blazius est gros.
- Oppositions de caractères : Pluche est une vieille austère dévolte/ Blazius est un bon vivant.
- Oppositions vis-à-vis du Chœur : Dame Pluche l’insulte/Blazius est affectueux
- Choix des montures inversés :
Dame Pluche arrive sur une mule essoufflée.
Blazius arrive sur une mule fringante.
Bilan : Musset installe un dispositif très construit et artificiel au seuil de la pièce : il associe étroitement les deux précepteurs, ce qui annonce l’union des 2 personnages principaux.
- Une présentation enchâssée des personnages :
- Un jeu de mise-en-abyme :
- Succession de portraits à travers les tirades de la scène d’exposition.
- Une présentation en miroir des absents : Perdican et Camille sont absents mais ils sont présentés par leurs précepteurs respectifs.
- On apprend ainsi leur lien de parenté, leurs retours, leurs études= l’effet de symétrie est perdu.
- Les portraits de Perdican et Camille reviennent également en résonnances=procédé de mise-en-abyme.
- Une présentation élogieuse :
Perdican et Camille sont présentés comme les héros de la pièce par leurs portraits :
En effet, ils possèdent les principales caractéristiques d’un héros : la beauté et la jeunesse.
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