Les Fables de La Fontaine sont-elles destinées aux enfants?
Dissertation : Les Fables de La Fontaine sont-elles destinées aux enfants?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Beetle • 13 Mai 2017 • Dissertation • 817 Mots (4 Pages) • 9 506 Vues
Les Fables de La Fontaine publiées entre 1668 et 1694 sont un recueil de fables considéré comme un chef d’œuvre du Grand Siècle. Elles mettent en scène des animaux anthropomorphes et ont une visée morale. Selon le principe du « Castigat ridendo mores », il s'agit d'amuser le lecteur, notamment en tournant en dérision les personnages présentant des défauts sur le plan moral pour corriger le lecteur, pointer du doigt les travers d'un personnage pour ne pas se comporter comme lui. Jean-Jacques Rousseau est un écrivain et philosophe du XVIIIème siècle, célèbre notamment pour ses Confessions a écrit également un vaste traité sur l'éducation intitulé Émile ou de l’éducation dans lequel il conteste la pertinence de faire lire ces fables aux enfants parce que le langage est trop compliqué d'une part et parce que d'autre part, le fabuliste n'y enseignerait pas la plus belle des morales. Dans notre analyse, nous verrons dans quel mesure nous pouvons abonder dans le sens du philosophe des Lumières.
Sa première critique porte sur le langage des fables qu'il juge trop compliqué. La Fontaine utilise, selon lui des termes peu usités dans le langage courant et que l'on a d'autant moins de chance d'entendre dans la bouche des enfants. Le vers, par opposition à la prose permet de bousculer l'ordre syntaxique et rend plus difficile la compréhension du texte. Il est vrai que même dans les fables les plus simples, celle que l'on est susceptible d'apprendre même à l'école primaire, le langage peut être un certain obstacle, encore plus pour les enfants d'aujourd'hui. Si l'on pense à la fable « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » par exemple, on trouve la négation très désuète : « nenni » ou encore le terme de « pécore ». Le derniers vers de la fable parle des « pages » qu'aimerait avoir un marquis. L'élève pensera plutôt aux pages d'un cahier. Et la morale n'est pas facile à comprendre pour un enfant qui plus est. Et ce ne sont que quelques exemples que nous donnons pour une fable plutôt abordable. La difficulté de compréhension est encore plus grande dans d'autres fables qui multiplient les inversion poétiques ou des métaphores obscures pour des enfants, l' « hôte de ces bois » qu'évoque Rousseau dans son traité par exemple.
Il est vrai également que La Fontaine ne donne pas forcément une leçon de morale parfaite. Dans « La cigale et la fourmi » par exemple, doit-on vraiment prendre pour exemple la fourmi ? Certes, elle se montre prévoyante dans la gestion de ses ressources mais elle est bien cruelle envers la cigale, de plus elle se moque d'elle. S'agit-il vraiment d'enseigner aux enfants à être sans générosité et sans empathie à l'égard d'autrui et de n'avoir aucun égard pour l'amour propre d'autrui en plus d'être égoïste et avare ?
Enfin, il est vrai, que si certaines fables évoquent des sujets qui peuvent parler aux enfants. Il en est d'autres qui peuvent intéresser les adultes. On peut d'ailleurs le voir dans un sens positif également dans la mesure où il s'agit de dire que les fables peuvent s'adresser aux adultes et donner à méditer sur la société ou sur la vie. Ainsi, dans la fable que nous avons étudiée « Les Obsèques de la lionne », il s'agit ici clairement d'une critique de la cour du roi Louis XIV. Dans cette fable ? La Fontaine critique les courtisans qui s'empressent auprès du lion, c'est-à-dire du roi pour le consoler de son deuil par calcul bien plus que par empathie. De même, c'est la vanité du roi et l'hypocrisie flatteuse du cerf, c'est-à-dire du courtisan qui est blâmé à la fin de la fable. La subtilité de cette fable charme l'adulte disposant d'un minimum d'expérience et de la vie et d'un peu d'instruction mais sera moins facile à comprendre pour un enfant.
...