Dissertation Fables : Les fables sont-elles un moyen efficace pour instruire le lecteur?

La fable est un genre complexe, qui tient à la fois du conte, donc du récit, de l’apologue, et de bien d’autres genres. Elle se caractérise souvent par l'usage de personnages appartenant au règne animal, par l'emploi de dialogues vifs et de situations comiques. La fable est toujours assortie d'une morale, qui est soit exprimée explicitement au début ou à la fin du texte, ou qu'il appartient au lecteur de formuler. Au fil des siècles, elle a su conserver une légitimité didactique, raison pour laquelle elle est toujours enseignée à l’école. Il semble donc naturel que nous nous demandions quelles caractéristiques des fables contribuent à l'instruction du lecteur?

Tout d’abord, nous essayerons de comprendre quelles caractéristiques permettent d’instruire le lecteur. Et ensuite, afin d’équilibrer notre raisonnement, nous étudierons les éléments qui constituent des obstacles à la transmission du savoir des fables. Introduction très bien rédigée. Un raisonnement clair et efficace.

La fable est un apologue, c’est-à-dire un récit court qui permet au lecteur de réfléchir sur le sens de la vie et d’en dégager une morale. Elle offre de nombreux enseignements au lecteur et lui ouvre les yeux sur des points philosophiques et sociaux de la vie. Parmi les caractéristiques qui permettent justement d’instruire le lecteur, nous retrouvons la diversité de savoirs dans les fables, leurs moralités et vérités générales et leur divertissement qui permettent une facilitation de l’apprentissage.

Premièrement, le rôle didactique de la fable s’appuie essentiellement sur les connaissances de l’auteur et sur des savoirs variés. Son expérience du monde et sa connaissance des hommes confère au fabuliste une certaine autorité et légitimité intellectuelle. Dans sa préface, La Fontaine a exprimé sa volonté de “remplir de plus de variété [son] ouvrage”. Il a ajouté “j'ai tâché de mettre (...) toute la diversité dont j'étais capable”. Que cela soit dans le domaine scientifique, moral, philosophique, les fables regorgent de connaissances et de savoirs. Dans sa fable “L’Avantage de la Science”, La Fontaine écrit “Laissez dire les sots: le savoir a son prix.” Dans cette fable, La Fontaine apporte une réflexion sur la valeur du savoir et prône les bienfaits de la science. Il nous montre par ailleurs que ses fables ne traitent pas tout le temps de moralité et de philosophie. La Fontaine s’inspire aussi de poètes antiques comme Phèdre et Esope. Dans la fable “Le Loup et l’Agneau”, La Fontaine a réécrit les fables de ces prédécesseurs antiques et partage au lecteur ses connaissances de littérature antique. Ainsi il permet au lecteur d’avoir accès à une diversité de savoirs et de connaissances. D’accord.

Ensuite, la transmission du savoir à travers les fables se fait aussi, et surtout, grâce à sa morale. En effet, la morale est certainement une des caractéristiques principales de la fable. Très souvent, la morale de la fable est exprimée de manière explicite, c’est-à-dire qu’elle est clairement énoncée dans le texte sous la forme d’une vérité générale. C’est le cas dans la fable “L’Ane et le Chien”, dans laquelle la morale est exprimée au tout début “Il se faut entraider, c’est la loi de la nature”. Il en est de même dans “Le Loup et l’Agneau”, Les fables à notre programme sont situées dans les livres VII à XI. ou La Fontaine écrit “La raison du plus fort est toujours la meilleure”. A travers ces deux morales, La Fontaine s’appuie sur le présent de vérité générale afin d’exprimer la véracité de cette morale, il la renforce avec l’adverbe “toujours” dans la deuxième morale. Ces formules explicites à la tournure quasi proverbiales permettent au lecteur d’accéder directement à la morale, facilitant ainsi son instruction et évitant ainsi les malentendus. Dans d’autres cas, la morale est beaucoup plus difficile à percevoir; c’est une morale implicite. Elle est beaucoup plus dure à trouver que la morale explicite et demande ainsi au lecteur connaissances, perspicacité et relecture bien souvent. Pour autant, la morale explicite participe aussi, pour ne pas dire plus, à l’enseignement et l’instruction du lecteur. Dans la célèbre fable “La Cigale et la Fourmi” Les fables à notre programme sont situées dans les livres VII à XI. que l’on nous a tous enseigner à l’école, beaucoup s’accorderaient à dire qu’à travers cette fable, La Fontaine critique l’oisiveté, et engage au travail. Pourtant, plusieurs éléments viennent contredire cette version. Tout d’abord, par la symbolique des animaux: la cigale chante, elle est sympathique, représente la joie de vivre et le bonheur. De l'autre côté, la fourmi est un animal vil : elle est petite, méprisable, et elle ne fait que suivre ses congénères. Dans la fable, la fourmi est décrite comme étant avare: elle se moque de la cigale, elle est pleine de ressentiment, elle est jalouse de la liberté de la cigale, et ne trouve son plaisir qu’au moment où celle-ci est en difficulté. Ce que critique en fait La Fontaine est davantage l’avarice et la méchanceté que l’oisiveté. A travers cette fable, le fabuliste pousse donc le lecteur à explorer les différentes facettes et points de vue de la fable afin d’en décrypter le sens. Le lecteur doit faire l’effort de chercher, de comprendre, d’interpréter. Ainsi, la morale, qu’elle soit implicite ou explicite, contribue fortement à l’instruction du lecteur.

Finalement, une des caractéristiques à ne pas négliger permettant de faciliter l’instruction du lecteur est le divertissement. En effet, l'homme, étant incapable de se laisser charmer par la vérité pure, par l'expression directe de cette vérité, il faut passer par des récits et par le divertissement. C’est pour cela que La Fontaine fait appel à des procédés merveilleux, comiques satiriques afin de mieux capter l’attention du lecteur et afin que ce dernier prennent plaisir à s’instruire. Dans quasiment toutes ses fables, La Fontaine utilise et personnifie les animaux afin de créer un univers merveilleux et d’ajouter de la vivacité au texte. Ces animaux parlent, s’animent sous les yeux du lecteur souvent dans le but de dénoncer quelqu’un ou quelque chose. Le Lion représente le pouvoir du roi, le Chat, l'hypocrite, le Renard, le rusé. La Fontaine les peint avec des détails expressifs (la maigreur du loup, la tortue qui avance à un train de sénateur, etc.) créant ainsi parfois des scènes comiques. La Fontaine a justement justifié son choix d’utiliser les animaux dans ses fables “Je me sers d’animaux pour instruire les hommes”. Ainsi, les animaux divertissent le lecteur et le poussent

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