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La traduction recréation en poésie : le cas de traduction en langue berbère

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Par   •  2 Avril 2018  •  Dissertation  •  1 495 Mots (6 Pages)  •  979 Vues

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La traduction recréation en poésie : le cas de traduction en langue berbère

Pour faire de la recréation en traduction et produire des textes beaux mais infidèles comme dans les belles infidèles du XVIIe siècle, il faudrait se baser sur deux choses : la première est les compétences linguistiques et créatives du traducteur qui croit en la supériorité de sa langue et la deuxième est l’imposition de la langue cible par rapport aux autres langues. Toujours aux prises avec les problèmes de la traduction, quelle position adoptera le traducteur en tant qu’intermédiaire entre deux langues et en tant qu’agent de recréation ? doit-il tout traduire ou procéder au gommage de certains figures intraduisibles ou non transposables dans la langue cible ? on peut dire qu’il pourrait s’incliner pour l’hypothèse selon laquelle la traduction poétique comme recréation permet de dépasser l’impossibilité de traduire la poésie. Bon nombre de poètes ont creusé dans le domaine de la traduction mais être poète et avoir pourtant des talents de traducteur bien établis ne suffissent forcément pas à traduire à la perfection.

Une bonne traduction doit respecter quelques règles pour être acceptée et éviter d’être taxée d’infidèle. Le traducteur qui procède à traduire un texte doit établir une parenté spirituelle et artistique entre lui et l’auteur. Toute traduction et surtout la traduction de la poésie est appelée à respecter le texte source en conservant toutes les images, les détours de la pensée de l’auteur, la charge culturelle de sa langue, son style et même parfois l’ordre des mots, sans rien en retrancher ni rien y ajouter. Une telle tâche est parfois difficile à réaliser surtout si on cherche à faire en sorte que la traduction soit une copie conforme à l’originale. Hélas cette approche appliquée à la poésie est souvent non respectée à cause des difficultés rencontrées lors de la traduction des métaphores, des symboles et des images poétiques.

Une traduction poétique n’est jamais parfaite. Elle présent, en effet, des défauts. La plupart des traducteurs retranchent, ajoutent et modifient : ils font de la recréation. La forme du poème est souvent retravaillée : on parte d’une poésie en vers et on termine avec une poésie en prose, ou même si on respecte la forme on casse la métrique, les rimes, les allitérations, etc. bref, on déconstruit toutes les règles de versification de la langue source pour s’adapter à la langue d’arrivée. Les images poétiques, tel que la métaphore et l’allégorie n’échappent pas à cette violation de règles. Un exemple cité par Jean Lechevallier dans son article intitulé « Belles infidèles d'hier et d'aujourd'hui » publié dans la revue L'Antiquité Classique illustre ces imperfections. Il a observé que André Bellessort, poète et essayiste français, dans sa traduction de l’Enéide[1] a bel et bien substitué une image par une autre où celle-ci se trouve incluse dans une phrase longue constituée de six vers. Bellessort a remplacé « les voiles des navires » par « les ailes d’oiseaux ».

Supposons, comme dit Umberto Eco, qu’un poète anglais introduit dans un de ses poèmes l’expression idiomatique « it’s raining cats and dogs » et qu’un traducteur averti va traduire le sens en français, il écrira normalement « il pleut à torrents ». Mais si l’auteur du poème voulait dire vraiment, dans une situation d’imagination excessive, qu’il pleut des chats et des chiens, le traducteur est amené à traduire littéralement sans être taxé de stupide. Quoique que l’on fasse lors d’une traduction pour dire la même chose, on termine par, après maints efforts, dire presque la même chose. Traduire un texte poétique serait donc un acte de reproduire et de recréer un système linguistique et en faire son double dans la langue d’arrivée. Le résultat du cette traduction est censé produire les mêmes effets que le lecteur source chez le lecteur cible.

Parmi les situations les plus embarrassantes que le traducteur rencontre est comment transposer pour le lecteur cible une image poétique. Si, par exemple, un poète donne pour titre à son poème « les dents de la mer » en faisant référence aux dents du requin dans la mer et qui va par la suite étaler cette allusion le long des vers qui vont se succéder, le traducteur est confronté à soit traduire littéralement mot à mot ou révéler le sens exacte en transcrivant dans la langue cible « les dents du requin ». Le premier choix inciterait alors le lecteur cible à interpréter cette image comme le ferait le lecteur dans la langue source. Tandis que le deuxième choix opterait pour expliquer et expliciter l’image ou les images que le poète voulait transmettre.

Un autre exemple que j’aimerais bien citer pour élucider les techniques respectives de l’image et du symbole utilisées dans la poésie est la traduction du poème « Tyger, Tyger » de William Blake vers d’autres langues. En effet, dans la majorité des traductions vers différentes langues et dans différentes versions d’une même langue on voit clairement que les traducteurs n’ont pas cherché à compliquer les choses et ont traduit unanimement tyger par tigre. Alors que si on retourne aux textes originaux de Blake on remarque que la majorité de ses poèmes sont accompagnés d’images souvent en couleur qui leur servaient d’illustration. Dans le cas de notre exemple « fearful symmetry » le terrible ou cruel félin dessiné au-dessous du texte ressemble plutôt à un chat plus qu’à un tigre comme mentionné dans le poème. Alors là le paradoxe, comment traduire le poème « Tyger » de William Blake ? si on traduit fidèlement on dira que c’est un tigre mais si on cherche dans les détours de la pensée du poète on sera amené à dire que c’est un chat et en plus un chat domestique qui n’a rien à voir avec tout ce langage de férocité et de cruauté réservé à l’animal dans ce poème.

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