La solitude permet-elle à l'Homme de faire un bilan sur lui-même et le monde qui l'entoure ?
Synthèse : La solitude permet-elle à l'Homme de faire un bilan sur lui-même et le monde qui l'entoure ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Manon Bellon • 23 Mars 2020 • Synthèse • 1 195 Mots (5 Pages) • 624 Vues
« Enfin seul » ainsi débute le poème de Charles Baudelaire, « A une heure du matin » publié dans le Spleen de Paris en 1869. Cri du cœur que chacun a pu pousser après une journée ponctuée d’obligations diverses et de rencontres plus ou moins appréciées.
Todorav et Enthoven tentent de mettre en lumière un dilemme : vaut-il mieux vivre seul en privilégiant ses intérêts individuels ou avec les autres en renonçant à certains d’entre eux ? Tandis que Baudelaire et Rousseau illustrent que pour certains la solitude et recherchée et pour d’autres, elle est rejetée.
Ainsi, nous pouvons nous demander dans quelle mesure chacun s’appréhende et conçoit son existence seul avec les autres ? Après avoir mis en évidence que l’Homme est un être social, nous montrerons comment la nature de sa relation avec autrui passe nécessairement par une réflexion sur lui et sur les autres.
L’Homme est un être social puisqu’il est capable de vivre en société.
L’Homme se définit par sa sociabilité. C’est par ce constat que débute la réflexion de Tzvetan Todorav dans la vie commune, essai d’anthropologie générale, publié en 1995. Il affirme que l’Homme n’a pas à choisir de vivre ainsi car il est un être social par essence même. Le poème de Baudelaire illustre ce point. En effet, le poète récapitule une longue journée au cours de laquelle il a croisé de nombreuses personnes. La nuit venue, il se réjouit d’être enfin seul. Cette sociabilité se retrouve dans le roman épistolaire de Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la nouvelle Héloïse publié en 1761. Le jeune Saint-Preux, qui parcourait à pied les Alpes lors d’un voyage d’affaires, finit par sympathiser avec le guide et ils deviennent amis. Il semblerait que L’Homme ne puisse se départir de cette qualité, même seuls, comme le souligne Raphael Enthoven dans son article « Sur une île déserte » publié dans philosophie magazine (2008). Robinson Crusoé échoué sur une île ou le garde forestier vivant en pleine forêt se mettent à table sans négliger leurs tenues, comme ils le feraient en société.
La solitude ne s’oppose donc pas à une vie sociale. Bien plus, elle contribue aux échanges avec autrui. Todorav affirme ainsi qu’en choisissant la solitude, on ne cesse pas d’échanger, mais on communique différemment. L’intermittence des échanges ne nuit pas à leur qualité, bien au contraire. De fait, Saint-Preux correspond longuement avec Julie pour garder un contact et combler sa solitude loin de la jeune femme qu’il aime. Sa lettre n’en est que plus intense, soucieux qu’il est de partager ses moindres émotions face à un paysage qui l’étonne jour après jour et le fascine. De même, Baudelaire recherche la solitude de la nuit, c’est finalement pour confier à son lecteur son soulagement en écrivant, puis en publiant son poème en prose.
L’individu, même solitaire par choix, ne peut concevoir son existence sans sa relation avec autrui.
Néanmoins, cette relation interroge la manière de considérer la vie en société.
La relation aux autres ne va pas de soi pour tous. Baudelaire la met en évidence dans l’énumération de situations toutes décevantes par leur médiocrité. Le poète est finalement autant mécontent des autres que de lui-même. Il cherche à s’amender dans le silence et la solitude, à se protéger des hommes qu’il juge tyrannique et méprisables. Ce jugement sévère se retrouve dans la lettre de Saint-Preux qui découvre combien la vie sociale abaisse la qualité de ses sentiments quand la relative solitude au sein de son âme. Cependant Todorav rappelle
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