La crise de l’État Nation
TD : La crise de l’État Nation. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Med Doutremer • 26 Octobre 2017 • TD • 2 683 Mots (11 Pages) • 3 774 Vues
Dans l’article 3 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ». Ainsi, la nation semble souveraine, c’est elle qui semble justifier l’État, c’est donc la France révolutionnaire qui est à l’origine du concept d’État-nation.
L’État est l’autorité politique institutionnelle qui s’exerce sur un territoire délimité et sur une population donnée. Quant à la nation, elle exprime le sentiment d’appartenir à un même ensemble, un vouloir-vivre collectif, appuyé sur des éléments liants communs : le passé, l’histoire, la religion, la culture, la langue auxquels s’ajoute toujours un élément volontariste, tourné vers l’avenir, avec le désir de vivre ensemble et d’avoir un futur commun.
Cependant, force est de constater de nos jours que ce modèle d’État-nation est loin d’être omniprésent, et quand celui-ci est présent, il se trouve en situation précaire, c’est donc ce qui rend ses problématiques d’autant plus intéressantes.
La problématique posée dans le texte de Brigitte Krulic est de savoir si le modèle de l’État-Nation est réellement sur le déclin, voué à disparaître ou si les différentes crises qu’il connaît sont susceptibles de déboucher sur l’évolution de l’État nation.
Nous verrons dans un premier temps que le modèle de l’État-Nation du fait de crises internes peut sembler voué à disparaître et dans un deuxième temps, que le modèle de l’État-Nation, du fait d’influences externes, est voué à une certaine évolution.
I) Le modèle de l’État-nation du fait de crises internes peut sembler voué à disparaître
A) La notion d’État-nation
Avant de comprendre dans quelle mesure le modèle de l’État-nation est en crise, il s’agit tout d’abord d’expliquer comment Brigitte Krulic définit l’État-nation.
« Unitaire » est le premier adjectif employé par l’auteure pour qualifier l’État nation. C’est l’une des formes d’un État. Ce sont les révolutionnaires français qui ont favorablement opté pour le caractère unitaire de la France. D'ailleurs, la Constitution de 1792 affirme que « la République est une et indivisible », ce principe est fondamental, il est aussi exprimé par une phrase de François Mitterrand en 1954 : « Des Flandres au Congo, il y a la loi, une seule nation, un seul parlement. C’est la Constitution et c’est notre volonté ». Le caractère unitaire d’un pays implique qu’il n’y a pas de partage possible de l’autorité publique, qu’il y a unité du pouvoir avec un seul pouvoir législatif, un seul exécutif et un seul judiciaire. Ces pouvoirs mettent en place des règles uniques pour l’ensemble du territoire quelles que soient les divisions de celui-ci, un État unitaire exige qu’il y ait un seul droit émis par le pouvoir central auquel est soumis l’ensemble des pouvoirs locaux.
Il est écrit ensuite que l’État nation est « universaliste » , sans doute, cela veut-il dire que l’État nation refuse d’envisager les contingences sociales, géographiques ou linguistiques dans la mise en place du pouvoir, ce qui implique une certaine uniformité et homogénéité de la population ou du territoire, nécessaire pour la légitimité de l’État.
L’État-nation est fortement marqué par le jacobinisme, conception issue de la Révolution française. C’est une conception qui renvoie à une conception centralisatrice de la République française, faisant de Paris le lieu essentiel d’exercice du pouvoir. Ce modèle centraliste s’oppose aux pays fédéralistes ou qui ont effectué de fortes dévolutions aux institutions régionales et locales.
Brigitte Krulic définit ensuite l’État nation comme « autoritaire ». Peut-être, fait-elle référence à la conception de Weber, qui dit que l’État détient le monopole de la violence physique légitime. En effet, l’État-nation est un système politique où les fonctions législatives, exécutives et judiciaires majeures sont centralisées aux mains d’un gouvernement qui est national. En d’autres termes, l’État-nation suppose une « conjugaison », une « correspondance » entre la citoyenneté et la nationalité. La citoyenneté comporte deux traits, d’une part, « l’obligation mutuelle » liant le citoyen au souverain par laquelle celui-ci doit au citoyen « pour la foi et l’obéissance qu’il reçoit confort, justice, aide et protection » selon Bodin, et d’autre part, la citoyenneté est l’ensemble des droits civils, sociaux, politiques conférés par un État à des individus vivant sur un territoire sur lequel il exerce un contrôle. Enfin, la nationalité se réfère à une communauté culturelle qui a des fondements divers, ceux-ci peuvent être ethniques, linguistiques, religieux.
Cependant le problème de la concordance de l’État avec la nation, de la citoyenneté avec la nationalité est complexe et conduit à soulever de multiples questions, illustrées par les crises internes qu’a connues le modèle de l’État-Nation.
B) Deux types de contestations internes : le processus de décolonisation et les autonomismes régionaux
Le modèle de l’État-nation a connu des crises internes et celles-ci ont montré ses limites, d’une part avec le processus de décolonisation, et d’autre part avec le développement des autonomismes régionaux.
Premièrement, Brigitte Krulic explique la crise de l’État-nation par la « perte d’un empire colonial et, corrélativement, d’un statut de grande puissance ». En effet, l’exemple le plus probant de cette remise en cause de l’État-nation est le cas de « l’Algérie française ».
La colonisation de l’Algérie par la France a été particulière, il s’agissait notamment d’une colonie de peuplement. Cela a eu pour conséquence qu’il n’existait pas une nation en « Algérie française » du temps où la France administrait l’Algérie, mais deux : les autochtones et les Européens (français surtout), or c’est souvent ce qui a été affirmé, au motif qu’il n’y avait qu’un État français qui dirigeait le territoire et la population. En 1848, sont créés trois départements français directement rattachés à l’État français et sont nommés des préfets, des sous-préfets, ce qui montre la volonté d’assimiler l’Algérie à la France.
Cependant, cet élan d’assimilation comporte des incohérences et de véritables obstacles. Par exemple, en 1865,
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