Figaro et Suzanne ne sont-ils destinés qu’à faire rire ? (La mariage de Figaro)
Dissertation : Figaro et Suzanne ne sont-ils destinés qu’à faire rire ? (La mariage de Figaro). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar foufou1313 • 17 Mars 2021 • Dissertation • 1 216 Mots (5 Pages) • 768 Vues
Figaro et Suzanne ne sont-ils destinés qu’à faire rire ?
Jouée en 1784 au théâtre de l’Odéon, la pièce Le mariage de Figaro connaît un immense succès. Suite du Barbier de Séville, cette comédie de Beaumarchais séduit par son caractère comique et par ses personnages particuliers. Elle met en scène un valet, Figaro, qui apprend le jour de son mariage que son maître le comte Almaviva veut séduire sa fiancée Suzanne. Les valets, héros de la pièce sont les ressorts essentiels de cette comédie. Le rôle du valet depuis la commedia dell’arte et après dans le théâtre classique est de faire rire le spectateur. Figaro et Suzanne ne sont-ils destinés qu’à faire rire ? Sont-ils des valets traditionnels de la comédie ? Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps qu’ils remplissent effectivement leurs rôles traditionnels car ils suscitent le rire puis nous verrons qu’ils endossent cependant un autre rôle : celui de vecteurs d’une critique sociale.
Figaro et Suzanne jouent le rôle de valets de comédie et provoquent le rire de nombreuses fois dans la pièce. Beaumarchais utilise toutes les sources du comique pour faire rire le spectateur. Le comique de gestes par exemple quand Suzanne distribue des soufflets à Figaro pour se venger du peu de confiance de son mari (Acte V, scène 8). Le comique de mots est la source de comique la plus présente dans la pièce. Figaro et Suzanne jouent avec les mots et s’expriment avec humour: "Ce n'est pas moi qui mens, c'est ma physionomie" dit Figaro à la scène 20 de l’acte II par exemple. Il y a aussi des situations comiques (comique de situation) comme des quiproquos : par exemple lorsque Suzanne se méprend quant au baiser que Figaro donne à Marceline ou quand Figaro pense que le billet remis au Comte est de Suzanne. On peut noter également le comique de caractère : par exemple la jalousie de Figaro alors qu’il vient d’affirmer à sa mère Marceline que si Suzanne doit le tromper un jour, il le lui pardonne par avance (acte IV, scène 12). De plus, Figaro et Suzanne forment un couple gai qui fait sourire le lecteur. Ils respirent la bonne humeur et éprouvent l’un pour l’autre un amour tendre. Dès qu’ils se retrouvent seuls, ils se prennent les mains, s’embrassent et s’appellent par toutes sortes de petits surnoms qui font sourire : « ma charmante », « mon fils », « friponne ». Enfin, le rôle traditionnel du valet de comédie est d’être le fidèle serviteur de son maître, l’auxiliaire dans son projet amoureux et son confident. C’est la cas ici : Suzanne est une servante dévouée au service de la Comtesse, elle est une complice qui ne recule devant rien (elle agit même contre la volonté de Figaro) pour sauver l'amour de sa maîtresse pour son mari.
Cependant si sur certains points Figaro et Suzanne jouent les rôles traditionnels de valet de comédie en faisant rire le spectateur, le couple parvient aussi à jouer un nouveau rôle : celui de susciter la réflexion du spectateur en proposant un autre regard sur le personnage du valet et en délivrant une critique sociale.
Tout d’abord, Figaro et Suzanne dépassent le rôle de valets traditionnels de comédie car dans Le Mariage de Figaro, leurs personnages de simples valets et le couple qu’ils forment sont valorisés. Déjà le titre l’atteste puis l’intrigue centrée sur Figaro et Suzanne montre que leurs rôles débordent largement ceux de simples confidents de leurs maîtres. Ensuite, Figaro possède une certaine gravité et une épaisseur psychologique que ne possèdent pas les valets traditionnels de comédie. Ses longues tirades ou ses monologues lui permettent d’exprimer de graves sentiments ou de faire le bilan de sa vie et de ses échecs comme à la scène 3 de l’acte V. Enfin, Figaro et Suzanne remettent en cause l’ordre établi et sont les vecteurs d’une critique sociale. Dans son long monologue, Figaro remet en cause le privilège de naissance qui donne droit à une série d’autres privilèges : « Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! ... noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! Qu'avez-vous fait pour tant de biens ! vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ». Figaro condamne donc cette société qui repose sur des acquis injustifiés et il oppose sa valeur à la médiocrité du Comte. Et d’ailleurs, bien qu’il soit un simple valet, son esprit vif et ses répliques ironiques en font un personnage supérieur à son maître. De son côté, Suzanne évoque la situation difficile des femmes qui sont sous la coupe des hommes. Elle s’unit à la Comtesse et à Marceline et toutes trois rusent pour tromper la volonté des hommes (et même de Figaro puisqu'il est exclu de la dernière ruse et Suzanne agit contre sa volonté).
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