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Dissertation sur la littérature engagée

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Par   •  2 Avril 2017  •  Dissertation  •  1 584 Mots (7 Pages)  •  28 407 Vues

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[INTRODUCTION]

La littérature présente le paradoxe inhérent au fait qu’elle soit à la fois art et langage, de s’inscrire dans une dimension universelle mais aussi actuelle. Nombre de polémiques ont eu lieu, sur la fonction qu’elle devait ou non adopter, d’être utile ou d’être seulement expression artistique, sans autre légitimité que d’exister. Théophile Gautier et les tenants de « l’art pour l’art » allaient jusqu’à refuser toute utilité à la littérature, proclamant que « tout ce qui est utile est laid », tandis que dans un cercle bien proche, un Victor Hugo multipliait les œuvres engagées ; Jean-Paul Sartre ira jusqu’à tenir « Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher ». C’est pourquoi il est légitime de se demander si la littérature peut et doit avoir pour mission d’élever sa voix contre les injustices.

Nous verrons donc si la littérature engagée est efficace et nécessaire.

Dans un premier temps, nous verrons qu’elle dispose de ressources qui lui donnent une efficacité toute particulière, avant d’envisager ce que sont aussi ses limites ; enfin, nous verrons qu’elle peut avoir une manière propre de s’engager dans la condition humaine, avec un message qui, par son universalité, peut trouver place dans toute actualité.

[1e PARTIE REDIGEE]

Il a été souvent jugé nécessaire en littérature d’élever sa voix contre les injustices, et cela de manière efficace.

En effet, la littérature touche un public particulièrement varié, non seulement selon ses goûts, mais à travers les lieux et les époques. Le théâtre, le roman, l’apologue, la poésie sont autant de formes littéraires qui à la fois touchent un public très large et très varié, et permettent d’allier le divertissement ou le plaisir à une réflexion instaurée par l’auteur. Au XVIIe siècle, La Fontaine, sous couvert de fables pour les enfants, critiquait de manière plaisante et piquante la cour ou la société et les comportements humains en général ; le siècle des Lumières a usé encore plus de la diversité des formes littéraires : les contes philosophiques de Voltaire, aussi bien que des pièces comme le Mariage de Figaro de Beaumarchais, que L’Encyclopédie, dénoncèrent des injustices sociales, à chaque fois de manière tout à fait différentes, touchant ainsi des sensibilités différentes. Notons encore que leurs dénonciations de la guerre, du fanatisme, de l’intolérance, trouvent un retentissement puissant encore à notre époque : la littérature porte un message qu’elle peut rendre universel.

De plus, la littérature offre une variété de formes qui, en permettant de manier l’implicite ou l’explicite, multiplie les stratégies argumentatives. Une même idée peut être défendue de différentes manières, soit ostensiblement dans un texte purement argumentatif, comme dans un article de L’Encyclopédie, qui permet au message d’être clair et percutant, soit plus implicitement, ce qui demande au lecteur une participation plus vive pour comprendre le message. Candide de Voltaire aussi bien qu’une pièce comme Tartuffe de Molière, montrent dans leurs structures même qu’un enseignement peut nécessiter un parcours personnel pour que son destinataire trouve enfin à y adhérer. Candide est un personnage naïf prêt à croire le premier enseignement théorique qu’on lui livre, et qui n’apprendra véritablement que de ses expériences ; de même, le lecteur est invité à recevoir le message de Voltaire non par un développement explicite, mais de manière implicite, en suivant le récit des aventures du personnage. Orgon, obnubilé par Tartuffe, ne comprendra jamais le message explicité de sa famille, et ne découvrira l’hypocrisie de son hôte que lorsque les siens mettront en place un stratagème qui lui dévoilera implicitement les manigances du dévot ; la pièce elle-même, sous couvert de divertissement, fait suivre le même chemin au spectateur, qui par l’implicite, apprend à se méfier des mensonges et des faux semblants. Cette variété de stratégies permet ainsi de toucher le lecteur différemment : ou bien l’auteur peut choisir de convaincre par des arguments qui font appel à la raison, comme dans « Autorité politique » de Dumarsais, ou bien il peut vouloir toucher le lecteur dans sa sensibilité, en utilisant l’ironie ou le rire, qui établissent une complicité entre l’auteur et le lecteur, comme le font Voltaire ou La Fontaine, ou en provoquant sa pitié ou sa colère, comme Victor Hugo quand il nous dépeint la misère de Fantine ou Cosette dans Les Misérables. Ainsi, non seulement la littérature se tourne vers un public varié, mais auprès des mêmes personnes, elle offre une rare diversité de moyens pour les atteindre et les marquer en profondeur.

Enfin, la littérature se faisant l’écho des préoccupations humaines les plus profondes et les auteurs possédant la capacité de les éclairer et de les communiquer, on peut difficilement accepter qu’ils ne s’impliquent pas dans des causes sociales ou politiques. Victor Hugo, à la fois engagé en littérature et en action, au talent incontesté, condamne l’inaction de l’écrivain dans son poème « Fonction du poète » où l’on trouve les vers suivants :

« Honte au penseur

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