Dans quelle mesure l'argumentation indirecte est-elle efficace pour offrir une réflexion sur l'homme ?

Lors de la monarchie absolue du dix-huitième siècle, la censure était monnaie courante pour les écrivains et les philosophes. Pour contourner le problème, l'argumentation indirecte a été utilisée dans bien des cas pour critiquer la monarchie établie ou pour émettre une réflexion ne plaisant pas a la souveraineté. Mais l'argumentation indirecte peut tout d'abord être issue d'une fable, d'un apologue, d'une parabole ou encore d'un conte philosophique. Elle permet de faire passer un message de l'auteur au lecteur (la thèse) à travers différents personnages sans l’énoncer clairement et ainsi le faire adhérer aux idées de l'auteur. Nous pouvons dès lors nous demander dans quelle mesure l'argumentation indirecte est-elle efficace pour offrir une réflexion sur l'homme. Dans un premier temps nous verrons que, certes l'argumentation reste un moyen efficient pour rallier le public à ses idées. Mais elle a aussi des inconvénients et n'est pas la seule méthode d'argumentation. Finalement, nous verrons les facteurs de choix entre les deux types d'argumentations.

L'argumentation indirecte présente plusieurs facettes pour faire adhérer le lecteur à ses idées. Tout d'abord l'argumentation indirecte est concrète: en utilisant des personnages fortement typés, elle prend le lecteur par les sentiments pour lui transmettre un concept ou lui faire comprendre une idée. De plus le lecteur peut s'identifier facilement au personnage souvent extravagants comme ceux Jean de La Fontaine qui dit "Je me sert d'animaux pour instruire les hommes" dans Fables (1668 à 1694) lors de la deuxième préface à Monseigneur Le Dauphin. Ce qui corrobore notre hypothèse sur le fait que l'argumentation indirecte peut utiliser des personnages agréables pour argumenter ou plus précisément pour instruire.

En outre l'auteur est à même d'avoir recours a l'ironie pour faire passer un message. Il est alors en mesure de montrer d'un point de vue lucide (celui du lecteur) un événement ou le caractère d'un personnage. Il peut ainsi convier son public a rire de l'absurdité, ainsi il la dénonce. En effet, dans Candide, au chapitre un, on lit "Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres". Ici Voltaire démontre la naïveté de Candide, qui, sans avoir vu quel qu’autre château, le présente comme "le plus beau des châteaux". Mais encore, le respect dont jouit la comtesse n'est lié qu'a son poids. Voltaire veut donc insinuer que le château où vit Candide n'as rien d'une réalité. En un mot, on peut le voir comme une critique de l'ignorance. Pour conclure, nous avons prouver que l'ironie pouvait prendre une forme satirique et donc qui était capable de devenir un argument d'une argumentation indirecte.

De même que l'argumentation indirecte utilise généralement l'implicite pour transmettre la thèse, cela permet de prendre du recul par rapport aux faits. Ainsi Voltaire, dans Micromégas (paru en 1752), se propose donc de dénoncer les maux dont souffre la société au dix-huitième siècle (obscurantisme, fanatisme) au profit des idées des Lumières (raison, tolérance, esprit d'expérimentation). Ce qui, sous le couvert du divertissement, permet aussi d'éviter la censure, très présente sous la monarchie du dix-huitième siècle. Mais encore Voltaire nous explique que "Les meilleurs livres sont ceux qui font faire la moitié du chemin au lecteur". On peut ici comprendre que dans ses livres, le lecteur doit faire sa part du travail en cherchant le message qu'il veut faire passer. Au bout du compte l’implicite trouvable dans l'argumentation indirecte permet au public de réfléchir tout en le divertissant et en étant agréable à lire, ce qui par la même occasion évite la censure. Malheureusement, l'argumentation indirecte n'a pas seulement des points forts.

L'argumentation indirecte est un type d'argumentation se basant sur l'entendement du lecteur ce qui en fait un genre où l'incompréhension du lecteur est une complication. Cela transforme le conte philosophique en simple conte, comme les fables qui se transforment elles aussi en "petites histoires" pour enfant alors qu'elles cachent un message important pour l'auteur. De plus le manque de vraisemblance de certaines œuvres de fiction peut aussi amener à l’incompréhension du lecteur, l'implicite peut en être la cause, comme dans "La cigale et la fourmi"

...