ANALYSE DE PRATIQUE
Analyse sectorielle : ANALYSE DE PRATIQUE. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clairebou • 22 Avril 2018 • Analyse sectorielle • 2 188 Mots (9 Pages) • 621 Vues
- LE CHOIX DE LA SITUATION
J’ai choisi de décrire une situation qui s’est déroulée lors du petit déjeuner durant l’administration des médicaments. Au cours de cette distribution, une résidente Mme X s’est emportée envers moi lorsque je lui ai proposé de prendre ses médicaments sans que je comprenne l’origine du malaise tout de suite. Cette résidente est non communicante verbalement mais le timbre de sa voix, ses gestes dynamiques et amples associés à une émotion de colère sur son visage m’ont réellement intrigués.
Ces changements apparus en quelques secondes m’ont fait me questionner sur la relation soigné/soignant, la connaissance des personnes soignés, les différents types de communication entre les individus et le refus de soin.
- CONTEXTE
A l’origine de cette structure, une Association de Parents d’Enfants Inadapté (APEI), qui existait de plus de 30 ans.
Petit à petit, cette association s’est développée. Elle a eu besoin de professionnaliser son activité, de faire monter en compétences ses équipes et de ce fait, a intégré le groupe ANAIS, en 2014.
Aujourd’hui, ANAIS gère 88 établissements répartis sur 13 départements. ANAIS œuvre dans plusieurs domaines dont l’enfance et l'éducation spécialisée pour accompagner les enfants dont le handicap ne permet pas une scolarité normale.
Je suis en stage dans une Maison d’Accueil Spécialisée dans le Val d’Oise.
L’équipe est constituée d’un directeur, 2 cadres (infirmier et éducatif), 2 éducateurs, un psychologue, un ergothérapeute, 3 kinésithérapeutes, d’infirmières et d’aides-soignantes et d’aides médico-psychologique.
38 résidents polyhandicapés vivent dans cette structure. Elle est divisée en 2 espaces. Dans l’espace ou se déroule mon stage, les résidents sont majoritairement épileptiques, avec souvent un syndrome de West qui engendre un retard mental ou psychomoteur.
- DESCRIPTION DE LA SITUATION
Mon stage a démarré depuis quelques jours, ce matin-là, je travaille en collaboration avec une infirmière vacataire qui comme moi méconnait les résidents. Nous vérifions ensemble les traitements à administrer par rapport aux prescriptions et nous gérons au mieux la bonne administration des traitements.
Nous arrivons dans l’espace salle à manger, nous nous partageons la distribution des médicaments. Je décide de démarrer par l’espace Polaire, c’est-à-dire que les tables sont bleues pour permettre aux résidents qui ont des troubles mentaux de mieux se repérer dans l’espace.
Mme X est une femme âgée de 51 ans, elle présente une hypertonie spastique générale, hémiplégique du côté gauche, elle se déplace grâce à un fauteuil électrique. Elle est épileptique et a un retard mental.
C’est une femme tonique, élancée, très gaie, qui participent à de nombreuses activités et surtout très volontaire. Elle est brune, le teint pâle, elle se maquille parfois, et aime porter des colliers de couleurs vives.
Elle communique très bien avec les soignants via des gestes, des sons, et des pictogrammes classés par thème dans un lutin qu’elle a toujours avec elle.
Autour de chaque table, 4 résidents sont installés, ils sont en train de prendre leur petit déjeuner.
Je salue une première résidente, je lui demande comment elle souhaite prendre ses médicaments : avec un verre d’eau, avec son thé, elle me répond qu’elle les prend avec un verre d’eau, je lui ouvre l’opercule des médicaments, elle les saisit et les ingurgite. Je la remercie et je vais chercher les médicaments pour Mme X sa voisine. Je la salue, je lui demande, si elle a bien dormie, si elle va bien et en parallèle, en attendant sa réponse, je commence à ouvrir le sachet de médicament et à les mettre dans sa cuillère comme j’avais vu faire l’aide-soignante la veille. J’allais lui proposer de lui servir de l’eau pour l’aider à prendre ses médicaments quand d’un seul coup elle s’est mise à émettre des sons aigus, à faire des mouvements amples, désordonnés, et son visage est devenu rouge et surtout elle bougeait beaucoup dans son fauteuil. Dans mes représentations, j’avais l’impression, qu’elle manifestait son mécontentement et surtout qu’elle refusait de prendre son traitement.
Je ne sais pas si c’est la surprise, l’étonnement ou la peur mais j’ai reculé un peu comme pour prendre de la hauteur pour surtout mieux comprendre ce qui était en train de se passer et ce que je ressentais.
Je connais Mme X depuis quelques jours et je l’ai déjà vue s’emporter rapidement pour des choses qui ne lui convenaient pas.
Je ne voulais pas laisser cette situation durer trop longtemps, je me rapproche d’elle pour essayer de me faire entendre, en lui demandant de m’expliquer ce qu’il n’allait pas mais elle a continué à émettre des sons aigus, sans m’entendre je pense, son visage devenait de plus en plus rouge et elle tournait sa tête de droite à gauche pour me montrer que non, elle ne prendrait pas ses médicaments (je l’interprétais comme ça)
J’ai ressenti un mal être, une incompréhension, malgré les bonnes attentions qui m’animaient, j’avais dû faire quelque chose qui ne lui convenait pas.
De ce fait, je décidais d’essayer de restaurer la communication, en posant ma main sur la sienne dès qu’elle commencerait à être moins agitée.
D’un coup, je me suis lancée, elle s’est laissée faire, et je lui ai dit gentiment en me rapprochant de son oreille, tout en restant sur mes gardes « je vois bien que quelque chose ne va pas mais il faut que tu m’expliques de qui se passe », et j’ai poursuivis en lui disant « tu sais, je suis nouvelle, il y a plein de choses que je ne connais pas, et si elle le souhaite, on peut se voir après le petit déjeuner pour en parler au calme.
Au même moment, j’entends les aides-soignantes derrière moi qui rigolent et qui s’adressent à Mme X en lui disant : « Ca y est, tu recommences tes comédies, t’exagères Mme X, soit gentille avec la stagiaire infirmière, elle ne peut pas connaitre toutes tes habitudes.. » et là je comprends que j’ai omis ou modifié un de ses repères.
Mme X se met à rigoler fort et se calme petit à petit. De mon côté, je l’observe toujours, et la résidente en fait de même du coin de l’œil.
Une aide-soignante s’approche de moi et m’explique qu’habituellement quand les soignants distribuent les médicaments, ils commencent toujours par Mme X et que c’est pour cette raison qu’elle s’est emportée. De ce fait, je regarde Mme X, je lui souris et m’excuse de ma méconnaissance de ses habitudes, je le saurai pour la prochaine fois. Je souris à nouveau, puis je m’éloigne.
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