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Le texte théâtral et ses ressources

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Par   •  31 Mars 2014  •  Commentaire de texte  •  976 Mots (4 Pages)  •  865 Vues

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Le texte théâtral et ses ressources

La longueur des répliques témoigne de l’intensité du débat intérieur. L’indécision de certains personnages s’exprime dans delongues interventions, souvent des monologues : le monologue d’Agamemnon à la scène 7 s’étend sur 9 alexandrins, sa tirade délibérative de la scène 8 sur plus de 29 ; de même, dans Pluie de cendres, se succèdent trois longs monologues, celui de Brastch (sc. 5), celui d’Argo (sc. 6) et enfin celui d’Ajac. Le monologue permet au personnage d’exprimer librement l’alternative qui s’offre à lui. Au contraire, le trouble de la Reine dans Ruy Blas la laisse presque sans voix et ses répliques se réduisent à de très brèves phrases.

La modalité des phrases se calque sur les variations dans l’émotion et l’état d’âme. Les phrases interrogatives marquent l’embarras dans la délibération, tantôt par une tournure infinitive délibérative (Agamemnon : « Que vais-je faire ? », « Dois-je […] accorder la victoire ? » ; la Reine se demande : « Que faire ? »), tantôt par la reprise en main de soi-même (« Que dis-je ? », « Mais quoi ! »). Les phrases exclamatives, parfois nominales ou elliptiques du verbe, notamment chez Racine et Hugo, traduisent le trouble (« Grand Dieu ! », Hugo), l’accablement (« Ô Dieu ! », Hugo), ou à l’inverse une brève ardeur dans la décision (« Qu’elle vive », Racine). Elles sont alors soutenues par des interjections ou des apostrophes (« Cruel ! », « Korée » à plusieurs reprises). Lesphrases injonctives (« Bravons », « cédons au sang », « Qu’elle ne reste pas seule » chez Gaudé) expriment un sursaut de la volonté, tout comme les négations qui soulignent le refus ou l’impuissance (« Non, je ne puis », Racine ; « Mais je ne le ferai pas. Non », Gaudé ; « Ne signez pas », Hugo).

La délibération suppose une alternative et finalement une décision : les modes et les temps des verbes en rendent compte. Leconditionnel « je pourrais partir » (Bratsch dans Pluie de cendres) exprime l’un des choix possibles. Les verbes au futur indiquent au contraire que la décision est prise : « elle vivra », lance Agamemnon ; les répliques d’Argo sont au futur simple (sc. 6), celle d’Ajac (sc. 7) au futur proche (« Je vais me battre… »).

La présence d’autres personnages met en lumière l’enjeu : ainsi, dans Ruy Blas, deux personnages opposés incarnent deux enjeux qui déchirent la Reine et qu’ils formulent clairement : « Ne signez pas » (Ruy Blas), « Signez-moi cette lettre » (Don Salluste).

Un texte théâtral à mettre en scène

L’énonciation, chaotique, suppose un jeu qui mette en valeur le trouble. Pour mieux délibérer, les personnages se parlent à eux-mêmes, soit à la 1ère personne par le « je » (Agamemnon ; Ajac à la scène 7 de Pluie de cendres), soit à la 2e personne par le « tu » (Agamemnon : « Quel est cet ennemi que tu leur vas livrer ? », sc. 8), soit encore par le « nous » (Agamemnon : « cédons au sang », sc. 8). Parfois, ils semblent se détacher d’eux-mêmes : ils se nomment et utilisent les indices de la 3e personne du singulier (« le vieil Argo n’oubliera personne » ; « Il n’y a plus qu’Ajac le lâche »), comme pour mieux s’observer. Enfin, dans leur trouble, ils s’adressent

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