Histoire résumée du genre romanesque
Fiche : Histoire résumée du genre romanesque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nicox • 17 Janvier 2016 • Fiche • 3 671 Mots (15 Pages) • 1 250 Vues
Le Roman
I – Histoire résumée du genre romanesque
On peut considérer Le Satiricon d’Apulée, récit latin du Ier siècle après Jésus-Christ, comme le premier roman de l’histoire. C’est une œuvre d’imagination plus longue qu’un conte et écrite en prose au contraire de l’épopée. Ses deux personnages principaux sont des marginaux qui parcourent l’Italie du Sud et côtoient différentes catégories sociales. Le héros romanesque se caractérise par son indépendance et son individualisme. Il est conscient de l’idéologie dominante.
Le terme roman désigne d’abord la langue dérivée du latin parlée dans une partie de la France au Moyen Âge. Au XIIe siècle, cette langue vernaculaire est utilisée pour traduire des récits antiques ou composer directement des récits héroïques (Lancelot ou le Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes…). Le héros noble des premiers romans doit concilier les valeurs de la chevalerie et l’amour : les intérêts du groupe et du sien. Le Roman de Renart, lui, est une parodie du roman de chevalerie qui décrit les abus des grands seigneurs et les ruses du peuple.
Don Quichotte de Cervantès (1605) introduit dans le roman une nouvelle dimension en réfléchissant aux pouvoirs de l’écriture romanesque (Don Quichotte devient un chevalier errant qui croient voir des dragons après la lecture de romans héroïques).
La Princesse de Clèves (1678) de Madame de La Fayette se focalise d’une manière inédite sur l’analyse psychologique et l’introspection d’un personnage.
Le roman du XIXe siècle oscille entre, d’une part, l’imagination et sentiment – c’est le roman des romantiques –, et, d’autre part, la raison et la description d’un individu social (le réalisme balzacien, le naturalisme (sorte de réalisme scientifique) de Zola…).
Au XXe siècle, le roman se focalise sur la conscience, la subjectivité, de ses personnages principaux (Proust, À la recherche du temps perdu…). Le Nouveau roman (Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Nathalie Sarraute…) dans la deuxième moitié du XXe siècle ira très loin dans ce sens.
II – Définition du roman
Le roman raconte une histoire constituée d’une ou plusieurs intrigues qui forment une progression dramatique. Le ou les narrateurs se distinguent toujours de l’auteur. Le point de vue y est interne, externe ou omniscient. Le lecteur s’identifie aux personnages, vit ce qu’ils vivent, y croit par un effet de réel. Le personnage de roman, sauf figures de style, a, comme tout à chacun, un nom, des caractéristiques physiques et morales, un statut social, des amis, etc. Le roman est une illusion fondée sur des conventions par lequel le lecteur s’apprend à se connaître, soit par identification, soit par prise de distance.
III – Le personnage romanesque
A – Le portrait
1 – Le portrait physique et moral
a – Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678). Le portrait est pauvre en détails, c’est un roman psychologique.
Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était accoutumé à voir de belles personnes. […] Lorsqu’elle arriva, le vidame alla au-devant d’elle : il fut surpris de la grande beauté de Mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison. La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâces et de charmes.
b – Honoré de Balzac, Eugénie Grandet (1833). Le portrait physique est très détaillé (le physique dit la nature morale de l’individu).
Au physique, Grandet était un homme de cinq pieds, trapu, carré, ayant des mollets de douze pouces de circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules, son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole ; son menton était droit, ses lèvres n’offraient aucune sinuosité, et ses dents étaient blanches ; ses yeux avaient l’expression calme et dévoratrice que le peuple accorde au basilic ; son front, plein de rides transversales, ne manquait pas de protubérances significatives ; ses cheveux jaunâtres et grisonnants étaient blanc et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravité d’une plaisanterie faite sur Monsieur Grandet. Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée que le vulgaire disait, non sans raison, pleine de malice. Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l’égoïsme d’un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l’avarice et sur le seul être qui lui fût réellement quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière.
c – Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830) : l’échange des regards alterne les points de vue qui enrichit l’information donnée et exprime des subjectivités.
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin du regard des hommes, Madame de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan encore presque enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette. Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de madame de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait être une jeune fille déguisée, qui venait demander grâce à Monsieur le Maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette. Madame de Rênal s’approcha, distraite un instant de l’amer chagrin que lui donnait l’arrivée du précepteur. Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui dit tout près de l’oreille : « Que voulez-vous ici, mon enfant ? »
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâces de Madame de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu’il venait faire. Madame de Rênal répéta sa question :
« Je viens pour être précepteur, madame » lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux.
Madame de Rênal resta interdite
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