Discours de la servitude la Boetie
Cours : Discours de la servitude la Boetie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar xiao_nai_LV • 1 Avril 2022 • Cours • 2 144 Mots (9 Pages) • 443 Vues
Lecture analytique du texte 1 : extrait du Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie.
Introduction :
L'humanisme est un mouvement esthétique, philosophique et religieux apparu en Italie au milieu du XVe siècle, qui met en avant la dignité de l'Homme. Pic de la Mirandole montre que cette dignité de l'homme consiste en sa capacité à choisir sa place dans la création : celle des êtres célestes ou celle des sphères intérieures. Le choix du Prince est alors crucial : le bon Prince aura pour devoir de favoriser cette dignité qui est le propre de l'homme. Or la Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, publié à titre posthume en 1574 et présenté souvent comme un exercice de rhétorique scolaire, rejette la monarchie comme tyrannique. De plus, s'il dénonce les méfaits d'un tel mode de gouvernement, il expose surtout comment la responsabilité en incombe pour beaucoup au peuple. Aussi ce discours fortement polémique a-t-il pour finalité de réveiller les consciences et d'inviter le peuple à la désobéissance.
En quoi cet extrait blâme-t-il donc non seulement le tyran, mais aussi l'attitude des citoyens, afin de promouvoir le principe de la désobéissance ?
I – Un violent réquisitoire contre le peuple
La Boétie a déjà abordé la question de la responsabilité des citoyens dans les pages qui précèdent l'extrait. Il reprend ce thème en adoptant ici un ton beaucoup plus véhément, cherchant ainsi à impliquer davantage son auditoire. Pour ce faire, il recourt au dialogue.
A – Le dialogue
-stratégie argumentative ancienne : feindre un véritable dialogue avec le lecteur. Il crée l'impression d'un échange réel en recourant au dialogisme : stratégie argumentative qui consiste à inclure l'interlocuteur dans le propos. Ceci permet de l'impliquer davantage dans le débat.
-série d'apostrophes virulentes l. 1 (polémique) : « pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres... ».
-recours à la 2e personne du pluriel : nombreuses occurrences du pronom personnel « vous », déterminants possessifs « votre mal », l. 1.
-impératif, 2e personne du pluriel, l. 24 : « Soyez résolus ».
-suite de questions rhétoriques, l. 11 à 16.
-face à cette 2e personne du pluriel, un « je », l. 24 : « Je ne vous demande pas » → affrontement « je »/ »vous ». registre polémique = registre de l'affrontement, combat d'idées.
-déterminants démonstratifs : « ce maître », « ces yeux », l. 9 et 11 → créent une connivence entre le lecteur et l'auteur, les place dans une même situation. Ce sont des déictiques : mots ou expressions dont le référent dépend de la situation d'énonciation (ex : demain, hier...). Implique le lecteur en lui donnant l'impression d'être face à la même personne que le locuteur.
→ ce dialogue cherche à rapprocher le lecteur de l'auteur et facilite le processus d'insinuation.
B – La violence du réquisitoire
-cette apostrophe du lecteur est particulièrement violente (polémique).
-accumulation l. 1, proche de la gradation. Accusation collective : les substantifs « gens », « peuples », « nations » désignent des groupes sociaux et non des individus + pluriel = tous les peuples sont concernés.
-véhémence de l'apostrophe : points d'exclamations. Indignation de l'auteur.
-évaluation péjorative du peuple : termes péjoratifs, dévalorisants : « misérables », « insensés », « opiniâtres à votre mal » (l. 1). On retrouve aussi le motif de l'aveuglement : adjectif « aveugle » l. 1. L'expression « sous vos yeux » (l. 2) montre aussi l'absence de réaction du peuple, comme s'il ne voyait pas, ne comprenait pas ce qui arrivait (sa spoliation). Pas de conscience.
-paradoxe l. 4-5 qui montre la vision déformée qu'a le peuple de la réalité (ça va avec l'aveuglement), et que La Boétie entend rectifier : « vous regarderiez comme un grand bonheur qu'on vous laissât seulement la moitié de vos biens ». Paradoxe : affirmation qui va contre le sens commun. En rhétorique, on l'utilise pour marquer les esprits. Peuple victime de sa vision déformée des choses.
-LB reproche aux peuples
-leur passivité : structures tolératives répétées « laisser » + infinitif, l. 2-3, montre la docilité, la soumission.
-leur lâcheté : questions rhétoriques cherchent à faire apparaître les paradoxes de la situation (les oppressés le sont par leur bon-vouloir) + réveiller les consciences (indignation qu'il cherche à transmettre). Ex : « Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper s'il ne vous les emprunte ? » (l. 12 + la suite).
-injonctives en fin de passage : « Soyez résolus », l. 24 + futur « et vous verrez ». Le passage au futur montre une nuance d'espoir : les choses peuvent changer et même plus (futur =/= conditionnel, valeur de certitude) : le résultat (libération) est présenté comme certain. De même, l'enchaînement des deux propositions avec la conjonction de coordination « et » présente cette solution comme facile, évidente et immédiate.
-métaphores qui assimilent le peuple au complice d'un brigand : « receleurs du larron qui vous pille », « complices du meurtrier qui vous tue », l. 15.
→ Si La Boétie s'adresse en premier lieu au peuple en lui reprochant sa passivité (mise en avant de sa responsabilité dans la situation), il s'attaque aussi au tyran lui-même.
II – Une réquisitoire contre la tyrannie
A- Le blâme du tyran
-portrait en action du monarque = le tyran est défini par ses actes (=/= portrait physique ou moral). Ce sont les verbes qui sont importants, pas les expansions du nom.
-or ces verbes désignent tous des actes répréhensibles, des crimes. Nombreux termes appartenant au champ lexical du vol ou du forfait : l. 3, « piller », « voler » et « dépouiller » (gradation).
-polyptote autour du mot « piller » : « piller » l. 3, « larron qui vous pille », l. 15, « pilleries », l. 17.
-métaphores qui assimilent le roi à un brigand : « larron qui vous pille », l. 15, « meurtrier qui vous tue », l. 15 → métaphore filée du roi en bandit de grande envergure.
-tyrannie rime avec violence : thématique qui traverse le texte : violence morale (espionnage, l. 11 (« ces yeux qui vous épient)), violence physique exprimer par les verbes « frapper » (l. 12), « assaillir » (l. 14) et « tuer » (l. 15)
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