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Diderot, La jeune fille qui pleure son oiseau mort

Dissertation : Diderot, La jeune fille qui pleure son oiseau mort. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Mars 2017  •  Dissertation  •  1 248 Mots (5 Pages)  •  2 901 Vues

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                                                                        Sémiologie de l’image

[pic 1]

Denis Diderot

et La jeune fille qui pleure son oiseau mort 1759

de Jean-Baptiste Greuze

Parmis tous les exemples d’ekphrasis étudiés, j’ai décidé de choisir celui de Denis Diderot rédigé en 1765, il y décrit la jeune fille qui pleure son oiseau mort, un tableau peint en 1759 par Jean-Baptiste Greuze. Il est aujourd’hui exposé au musée au musée du Louvre .C’est en 1759 en se voyant confié la rubrique artistique d’une revue littéraire qui circulait en Europe, la Correspondance littéraire, dans laquelle Melchior Grimm le charge de la rédaction de comptes rendus des expositions de l’Académie royale de peinture et de sculpture que Diderot révèle un nouveau genre littéraire, un genre qui à la base devait être de la critique d’art.[1] Le but de la rubrique était de décrire des œuvres d’art à un public qui ne pouvait pas le voir; le transport n’étant pas si bien développé à l’époque. Il trouva alors la possibilité de frapper et de convaincre le lecteur par les mots. Il utilisa le langage pour saisir une image, ce qui en Latin est appelé ekphrasis. Pierre Fontanier[2] l’explique dans Les figures du discours comme étant l’équivalent de l’hypotypose qui peint les choses de manière si vive et si énergique qu’elle met en effet sous les yeux une scène vivante. Dans les paragraphes qui suivent nous allons voir comment Denis Diderot fait pour transformer ce tableau d’images en langage ; un langage capable d’illustrer le tableau tel qu’il est.

Dans un premier temps, il s’inspire du célèbre peintre et écrivain Suisse Salomon Gessner qui garantissait à ses lecteurs une iconotextualité entre ses textes et ses tableaux à tel point qu’on ne savait plus lequel venait illustrer l’autre. Pour preuve de l’inspiration qu’il doit à Gessner et de l’admiration qu’il lui porte, Diderot le cite dans les toutes premières phrases de son texte sur La jeune fille qui pleure son oiseau mort afin d’effacer toute frontière entre la peinture et la poésie. Il parle du tableau comme étant «le charmant poème! La belle idylle que Gessner en ferait!»[3] Son introduction est un peu poétologique, comme un tableau littéraire dont il faudrait parler. Il décrit le tableau dans les moindres détails jusqu’au mouchoir de cou, de la guirlande de verdure, ou du bout des doigts de la jeune fille. Il le décrit aussi en accentuant sur les phrases exclamatives pour faire partager au lecteur la sensation qu’on a en voyant le tableau pour la première fois et transmet donc ses émotions et sa réaction a chaud: «O la belle main! La belle main! Le beau bras! Voyez la vérité des détails de ces doigts.»[4]

La seconde phase est un dialogue imaginaire entre Diderot et la jeune fille; une phase complètement littéraire qui va permettre de changer de genre, il ne fait donc plus à la manière de Gessner. Il donne une contextualité au tableau et le transforme en une scène théâtrale. Il s’adresse à la fille du tableau et interprète les émotions qu’elle reflète par ce dialogue imaginaire avec elle. Dans son interprétation, la jeune fille traverse douleur, rêverie, mélancolie,  tristesse, culpabilité, et affliction, en une seule et unique image. Il se demande si sa douleur est liée à la mort de cet oiseau, Ou y a-t-il une autre raison? Il se fait alors dramaturge et développe un coté fictif au tableau qui va permettre au lecteur de mieux ressentir la force du tableau, il joue sur les allusions érotiques entre la douleur et le motif de la douleur, et il fait allusion à l’amant par un « il »[5] presque impersonnel comme pour eviter de toucher au caractère du tableau. Cette description donne une temporalité au tableau et en fait un épisode d’une petite histoire, l’histoire d’une jeune fille qui pleure son oiseau mort, mais qui cache des maux non-dits, la culpabilité face à une mère d’avoir un amant secret, l’oubli de son oiseau que « il [l’amant] » lui aurait offert et dont la mort pourrait être un mauvais présage. Diderot réussit alors, par les mots, à dessiner aux yeux du lecteur le tableau d’un petit drame bourgeois, le drame d’une jeune fille qui, à première vue, pleure son oiseau mort.

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