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Corneille / Lillusion comique: Acte I scene 1

Commentaire de texte : Corneille / Lillusion comique: Acte I scene 1. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  2 078 Mots (9 Pages)  •  328 Vues

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L'illusion comique est définie par Corneille lui-même d'étrange monstre. Écrite en 1635, cette pièce se joue des codes du théâtre classique mêlant tragédie et comédie. Écrite en Alexandrins, cette pièce prend la forme d'une tragédie, pourtant les cinq actes de la pièces forment un ensemble hétérogène où la longueur, le ton et les sujets varient d'un acte à l'autre. Le premier acte joue le rôle de prologue et la scène étudiée ici, la première, est une scène d'exposition.

Problématique : Nous nous demanderons en quoi que cette scène transcrit une illusion ?

Plan : nous verrons dans une première partie ce qui caractérise cette scène, d'abord son rôle d'exposition, puis son esthétique baroque et enfin la notion d'illusion que nous présente Corneille. Dans une seconde partie, nous étudierons le rôle des personnages, d'abord Alcandre et ce qu'il représente, puis Dorante qui présente Alcandre et enfin Primadant, un père éploré.

I - Mise en place de l'intrigue

Une scène d'exposition

Cette première scène correspond à la forme classique de l'exposition en présentant au spectateur le lieu, les personnages et l'intrigue de la pièce. C'est Dorante qui ouvre la pièce en présentant Alcandre le magicien et sa demeure : « Ce mage, qui d'un mot renverse la nature » vers 1, « N'a choisi pour palais que cette grotte obscure » vers 2.

La description du lieu de vie d'Alcandre et celle de son personnage se confondent : « La nuit qu'il entretient sur cet affreux séjour » vers 3, ici on comprend que l'obscurité de la résidence d'Alcandre est voulue, entretenue, ce qui nous donne un indice sur sa personnalité qui nous apparaît également obscure. La magie qu'il pratique semble liée aux enfers : « le commerce des ombres » vers 6 , « les funestes bords » vers 1, « étalent mille morts » vers 12. On retrouve cette thématique des enfers lorsque Pridamant évoque Alcandre : « J'ai déjà sur ce point consulté les enfers » vers 39.

De plus, ce personnage est présenté comme sévère : « Il perd qui l'importune, ainsi que qui l'offense » vers 14 et il faut se conformer à ses lois : « Il faut, pour lui parler, attendre son loisir » vers 16. L'aspect effrayant de la grotte et de son habitant est renforcé par les allitérations en « r » : « grotte obscure » vers 2, « affreux séjour » vers 3, « souffrir le commerce des ombres » vers 6, « malgré l'empressement d'un curieux désir » vers 15, « pour se divertir il sort de sa demeure » vers 18.

Les deux autres personnages présentés sont Pridamant et son fils Clindor que l'on apprend à connaître à travers la tirade de Pridamant qui explique le départ de son fils de la maison paternelle dix ans plus tôt : « Ce fils, ce cher objet de mes inquiétudes, / Qu'ont éloigné de moi des traitements trop rudes, / Et que depuis dix ans je cherche en tant de lieux » vers 21 à 23. Ces trois vers résument la situation, Pridamant a été trop sévère avec son fils, ce qui a poussé ce dernier au départ. Inquiet, il le cherche depuis.

L'intrigue est donc en partie posée ici par ces trois mêmes vers et l'on comprend en plus que Pridamant va faire appel à Alcandre pour l'aider dans ces recherches : « J'en attends peu de chose, et brûle de le voir. J'ai de l'impatience, et je manque d'espoir. » vers 19 et 20. Il précise aussi que ce n'est pas le premier mage auquel il demande assistance : « J'ai vu les plus fameux en la haute science Dont vous dites qu'Alcandre a tant d'expérience » vers 40 et 41.

Dans le début de cette scène nous retrouvons donc tous les éléments de l'exposition classique : présentation des personnage, du lieu et de l'intrigue.

L'esthétique baroque

On trouve dans ce texte plusieurs éléments appartenant à l'esthétique baroque, en premier une référence forte à la mythologie, ici l'allégorie de la caverne de Platon. En effet, la grotte du mage nous fait largement penser à cette antique caverne : « qu'aux rayons d'un faux jour, De leur éclat douteux n'admet en ces lieux sombres » vers 4 et 5, « le commerce des ombres » vers 6, « cette large bouche est un mur invisible » vers 9. Tous ces éléments rappellent la vision des ombres par les hommes depuis la caverne privée de la lumière de la raison décrite par Platon.

Cette référence fait aussi écho aux enfers, royaume des morts d'Hadès, dieu de la mythologie grecque : « La nuit qu'il entretient sur cet affreux séjour » vers 3, « Où l'air en sa faveur devient inaccessible » vers 10, « Et lui fait un rempart, dont les funestes bords Sur un peu de poussière étalent mille morts » vers 11 et 12.

Les hyperboles utilisées renvoient aussi à l'esthétique baroque : « mille morts » vers 12, « A caché pour jamais sa présence à mes yeux » vers 24, « les plus fameux » vers 40. C'est aussi le cas des deux chiasmes des vers 19 et 20 : « J'en attends peu de chose, et brûle de le voir » et « J'ai de l'impatience, et je manque d'espoir ».

L'esthétique baroque est liée au thème de l'illusion que l'on retrouve à plusieurs niveaux de lecture.

La notion d'illusion

Le champ lexical de l'illusion est très présent : « renverse » vers 1, terme optique renvoyant à l'illusion d'optique, « voile épais »  vers 4, « faux jour » vers 4, « ombres » vers 6, « son art » vers 7 qui fait ici référence à la magie. Nous trouvons aussi « mur invisible » vers 9 et « caché » vers 24.

Cette notion se retrouve aussi dans la métaphore du théâtre, car ces mêmes mots font écho à la scène, le « faux jour » renvoie aux éclairages artificiels, « l'éclat douteux » rappelle les accessoires factices et les ombres peuvent faire penser à diverses formes des personnages de théâtre où les acteurs ne sont alors plus que l'ombre d'eux-mêmes, on peut aussi penser au théâtre d'ombres. Enfin, le « mur invisible » fait évidemment référence au quatrième mur, ce mur imaginaire qui sépare la scène et le public, garantissant l'illusion de la pièce. La grotte est donc un théâtre où va se jouer un pièce.

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