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L’Illusion Comique, Acte II, scène 2 de Corneille

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Par   •  23 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  1 523 Mots (7 Pages)  •  2 282 Vues

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Lecture Linéaire n°5

L’Illusion Comique, Acte II, scène 2

L’Illusion Comique est une comédie en cinq actes, écrite par Pierre Corneille en 1635. Elle met en scène Pridamant, qui cherche son fils, Clindor, qu’il n’a plus vu depuis 10 ans. Il est amené dans la Grotte du magicien Alcandre. Ce dernier commence par lui raconter le passé mouvementé de ce fils. Grâce à ses pouvoirs magiques, Alcandre fait apparaître l’image de Clindor et de son maître, le fanfaron Matamore. Les aventures de Clindor se déroulent alors sous leurs yeux. L’extrait que nous allons étudier se situe à l’acte II scène 2, lorsque Matamore, capitan gascon, se vante auprès de son valet, Clindor, de ses succès et exploits guerriers et amoureux. Il se lance alors dans une longue tirade.

Problématique : Comment Matamore se met-il en scène dans cette tirade ?

  1. L’image du pseudo-héros - Du vers 11 au vers 25
  2. L’image de l’amoureux vaincu - Du vers 25 au vers 32

  1. L’image du pseudo héros
  • Matamore est un vantard qui va s’inventer un personnage : celui du héros, du général d’armée. Mais c’est un jeu de rôle puisqu’enfaite il n’est pas bien courageux. Cela se voit très vite juste après la réplique de Clindor : il joue l’indignation, comme en témoigne la ponctuation très expressive du premier vers (interrogation, exclamative). De même, cette exclamation s’exprime par la double interjection « Ah ! » renforcée par la double insulte à l’égard de Clindor : « Poltron », « traître ». Ce premier vers est déjà comique car Matamore attribue à Clindor des défauts que lui-même a.

Dans ce 1er vers, Matamore se veut menaçant, en colère, comme le souligne l’allitération en r : « poltron », « traître », « leur mort ».

  • Après cette indignation, tout de suite, il va se mettre en valeur, grâce à la métonymie du bras au vers 12 : « ce bras ». « Ce bras » désigne le courage, car c’est le bras qui tient l’épée. Le démonstratif « ce bras » donne une certaine emphase. On pourrait d’ailleurs dire que l’usage de cette métonymie met en valeur la singularité du bras de Matamore, d’où l’inutilité d’une armée car il se suffit à lui-même.
  • Matamore ne recule pas devant l’hyperbole pour se présenter comme un héros, d’où le caractère complètement disproportionné antithétique entre le singulier, utilisé au vers 13 : « le seul bruit de mon nom » et après l’utilisation des pluriels « les murailles », « les escadrons », « les batailles ». Hyperbole également dans le fait d’énumérer des verbes d’actions au présent de l’indicatif : « renverse », « défait », « gagne ». Tous ces verbes se vantent du pouvoir de son nom. On a également ici l’impression que Matamore s’enivre de ses propres paroles.
  • L’hyperbole, d’ailleurs, est filée tout au long du passage et nous retrouvons au vers 17 exactement le même schéma qu’au vers 13, avec la même disproportion entre « d’un seul commandement » (singulier) et le vers suivant « et [] heureux monarques. », qui est, lui, au pluriel.
  • Par ailleurs, sa mythomanie et sa mégalomanie ne semblent pas avoir de limites, si l’on en juge par la gradation des verbes au présent de l’indicatif qui leur donne une valeur durative : « je dépeuple », « je couche », « je réduis ».
  • Il est également intéressant de constater que Matamore se mets en scène seul contre tous pour se valoriser : il emploie une antithèse entre le « je », triomphant, et en face des pluriels : « mille ennemis », « les plus heureux monarques ».
  • Il contrôle tout et tout lui est soumis, comme le traduit la phrase a valeur de sentence et qui n’admets aucune réponse : « la foudre est mon canon, les Destins mes soldats ». Bien évidemment, pour se mieux valoriser, il n’hésite pas, par cette métonymie de la foudre, à se comparer implicitement à Zeus, roi de l’Olympe qui gouverne sur tout.
  • Pour la 3ème fois, Matamore va utiliser cet effet de disproportion en opposant sa personne à toute une armée ennemie au vers 20 et 21 « je couche d’un revers mille ennemis à bas. D’un souffle je réduis leurs projets en fumée » : il y a une opposition entre le « je » et le pluriel qui est vaincu d’avance par lui. C’est totalement disproportionné.
  • Enfin, au vers 22, son indignation à l’égard de Clindor ressurgit « et tu m’oses parler cependant d’une armée ! », exactement comme elle avait surgi au 1er vers. Il est tant persuadé de son héroïsme et de sa supériorité qu’il n’hésite pas à se périphraser en « second mars », tandis qu’il va traiter Clindor de « Veillaque », c’est-à-dire d’un homme méprisable.
  • Il use ensuite pour la 4ème fois de cet effet de disproportion entre « un seul de mes regards » et « je vais t’assassiner ».

Il utilise donc 4 fois ce procédé hyperbolique qui consiste à opposer un seul de ses caractères physiques à un de ses opposants.

Cette première partie mets l’accent sur la mégalomanie, la vantardise et la vanité du personnage de Matamore, qui s’enivre de ces propres paroles au point de ne plus se rendre compte de ce qu’il dit.

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