Contexte serre chaude

Contexte des oeuvres 

Maeterlinck entama sa carrière littéraire par la poésie avec Serres chaudes en 1889 où la solitude, la captivité et la douleur de l'âme dominent l'ensemble du recueil.

N’ayant pas de succès auprès de ses contemporains tout de suite Serre chaudes n’eut pas d’impact direct a son époque a cause de sa différence. Maeterlinck dira lui-même que son recueil n’eut que l’effet d’un coup d’épée dans l’eau. Les "Serres chaudes" s'inscrivent dans la ligne du lyrisme moderne inauguré par Rimbaud. Maeterlinck "pense en images", il approche la réalité intérieure par des contrastes délirants et des visions saugrenues. Le pouvoir de dépassement de soi-même attribué à l'image incite à voir dans "Serres chaudes" les lignes d'une esthétique surréaliste avant la lettre, à cette différence près que la notion d'analogie se greffe chez le symboliste sur une psychologie mystique de l'invisible. Maeterlinck use des mots quotidiens pour suggérer l'ineffable et aller à travers ces mots au-delà de lui-même, créant une nouvelle réalité au-delà du sensible. Le vers libre crée un espace verbal sans entraves ; les discordances ne sont qu'apparentes, elles traduisent la foi du poète en une symbiose cosmique où toutes les combinaisons, toutes les créations sont possibles.

A côté des poèmes réguliers, composés d'octosyllabes à rimes le plus souvent croisées, le vers est dérythmé, libéré des conventions. Serres chaudes contient également des proses poétiques et des vers libres, où des images hétéroclites renvoient une vision chaotique du monde extérieur.

De tous les recueils du symbolisme, Serres chaudes est sans doute le plus fidèle à cette école. Seule l'âme du poète habite ces pages ; aucune passion forte, malgré l'expression d'une souffrance et d'une pitié pour le genre humain, aucun homme tangible ne peuplent ces vers. Le "je" qui se plaint dans ces poèmes monotones est une âme solitaire, gagnée par la mélancolie.
Maeterlinck a la tête dans les étoiles; il est épris de comètes, de nébuleuses, de nuages, mais il s'enferme aussi dans des lieux clos dont les serres sont sans doute les plus étouffants qu'il ait jamais imaginés.

Elles symbolisent ici la captivité de l'âme, la prison transparente. A travers ces poèmes de l'introspection décadente, traversés d'images fulgurantes qui jouent d'une savante et délicate musicalité, Maeterlinck veut par le surnaturel appréhender la nature même de la condition humaine. Le symbolisme chez lui est une réponse à la vie et non un simple décor. Il refuse naturalisme et parnasse pour s’engager sur la voie de la poésie allégorique où l’image rappelle l’iconographie médiévale. Dans Serres chaudes, il évoque un univers fabuleux, mystérieux. Ses personnages se caractérisent par un langage "troué" de silences, Les dialogues qu'il construit se caractérisent par : l'absence de liens logiques entre les phrases, les répliques monosyllabiques, l'abondance des exclamations, les répétitions et les suspensions, l'appauvrissement des sons.

Les poèmes ainsi réunis n'en sont pas moins étonnants. Le recueil commence par le poème: "Serre Chaude" et se clôt sur "Âme de nuit" alliant de cette façon l'obscurité de la nuit à la chaleur d'une serre en plein soleil évoquée par l'image de la serre.
Les titres des poèmes tournent autour de la notion de transparence ou d'obscurité, ainsi "Cloches de verre" côtoie "Offrande obscure" dans une parfaite association des contraires qui ne peuvent exister l'un sans l'autre.

Il commença son recueil avec un poème déconcertant pour son époque « Serre chaudes » qui marque le début d’un recueil symboliste. Celui-ci très différent des autres poèmes de son époque marque sa décadence. Il y’a une correspondance du réel et de l’invisible, et le concret devient peu à peu abstrait. Avec toutes les caractéristiques et la structure du poème (analysé plus tard) le recueil ne pouvait mieux commencer.

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