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Commentaire dialogue Jean/Béranger, Rhinocéros

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Par   •  7 Juin 2019  •  Cours  •  1 972 Mots (8 Pages)  •  1 660 Vues

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Commentaire dialogue Jean/Béranger

Ionesco est un dramaturge, écrivain et professeur de français du 20ème siècle. Il passe sa vie entre ses deux pays, la Roumanie et la France. Il fait parti du mouvement du théâtre de l'absurde et a écrit de nombreuses pièces telles que La Leçon (1951) ou encore Rhinocéros. Dans cette pièce de théâtre, publiée en 1959 et divisée en 3 actes, les habitants d'une petite ville française traditionnelle sont touchés par une maladie étrange, la « rhinocérite ». Petit à petit, cette maladie contagieuse transforme tous les habitants en rhinocéros, sauf un personnage : Béranger. Cette pièce tend à l’universalité en critiquant la montée de tous les totalitarismes, à travers la métaphore de la « rhinocérite », qui abrutit les personnages et les rend incapables de réfléchir par eux-mêmes.

La première rencontre de Jean et Béranger se déroule au début de la scène d’exposition. Ces deux personnages sont présentés comme étant des amis, mais Jean ne cesse de critiquer Béranger durant tout l’extrait.

Nous allons donc nous demander en quoi la confrontation des personnages Jean et Béranger constitue les prémisses de la « rhinocérite » ?

Pour cela, nous analyserons dans un premier temps les deux amis en opposition, puis dans un deuxième temps nous étudierons en quoi cette scène est comique. Dans un troisième temps, nous évoquerons les prémisses de la « rhinocérite ».

Dans un premier temps, l’opposition entre Jean et Béranger annonce déjà la maladie.

Tout d’abord, les deux amis sont opposés par leur tempérament.

En effet, cette opposition de tempéraments se traduit par leur façon de parler différentes. Jean se sert d’une ponctuation expressive avec des propos péremptoires, comme le prouve « Vous puez l’alcool !» (l.12). Ceci témoigne de l’agressivité et de l’impolitesse de Jean, que l’on retrouve aussi dans ses phrases impératives, telle que « Tenez, mettez celle-ci » (l.29). Jean donne des ordres à Béranger, ce qui montre qu’il est un homme directif, incompréhensif et pointilleux, car chaque détail est important pour lui, ce pourquoi il veut que Béranger porte une cravate. Les répliques de Jean sont plus longues que celles de Béranger, comme de « Je ne suis pas aveugle » à « mort de sommeil » (l.), dans lesquelles il accable Béranger de reproches. Ces longues répliques soulignent le coté catégorique et prétentieux de Jean, qui croit tout savoir, ainsi que le fait qu’il dirige la conversation. Béranger de son coté a des répliques plus courtes, ce qui se traduit par des points de suspension, et se sert beaucoup de phrases interrogatives, ce qui est visible dans « Vous êtes bien sévère… » (l.) ou « Vous croyez ?...» (l.). Ceci met en exergue son hésitation, son manque de confiance, tout comme son coté mou, étonné et calme.

De plus, l’opposition est soulignée par les personnalités physiques différentes, car Jean se trouve à l’antithèse de Béranger. Le premier est bien habillé, coquet et apprêté, comme en témoigne « Il sort une petite glace de la poche intérieure de son veston » (l.44). Son coté coquet le pousse à avoir une glace dans son veston, pour vérifier s’il est présentable ou pas. De son coté, Béranger est négligé, débraillé et peu présentable. D’ailleurs, Jean lui en fait la remarque « Vous ne vous êtes pas rasé ! » (l.42) ou « Vous êtes tout décoiffé ! » (l. 35). Ces phrases exclamatives de Jean, traduisent son étonnement envers le laisser-aller de Béranger, qui semble inapte à s’intégrer socialement.

En outre, les différents gestes des personnages reflètent les caractères opposés. Jean sort « une cravate de son veston », « sort un peigne de l’autre poche», « sort une petite glace ». Cette répétition de gestes similaires montre sa nervosité et son coté autoritaire. Son « ami » est plus hésitant, mou et indifférent, car « Béranger étend mollement sa main vers Jean ». Cette allitération en « en » accentue la lenteur et l’hésitation de Béranger.

IONESCO présente donc une grande divergence entre Jean et Béranger : tandis que Jean est agressif, directif, apprêté et autoritaire, Béranger est plutôt mou, hésitant, négligé et docile.

                Ensuite, l’opposition se manifeste par la relation de force très marquée, présente entre ces deux « amis ».

Alors que Béranger reste poli et soumis, Jean mène entièrement le dialogue, car il le commence par « Vous voila tout de même Béranger » (hors L.A.) et interrompt sans cesse les actions de Béranger, comme le montrent les didascalies « pendant que Béranger noue sa cravate au petit bonheur. Vous êtes tout décoiffé ! ». Jean le laisse à peine finir de nouer sa cravate, que déjà il l’accable de nouveaux reproches.

Ces reproches contribuent également à donner à Jean une position supérieure par rapport à Béranger, puisqu’il agresse verbalement son « ami », comme l’indique « Vos vêtements sont tout chiffonnés, c’est lamentable, votre chemise est d’une saleté repoussante, vos souliers… ». Cette énumération montre que Jean veut transformer Béranger et qu’il monopolise le dialogue. Ceci crée un effet de tension et de virulence, déjà présent à travers les premières paroles de la pièce, prononcées par l’épicière.

Face à l’intransigeance de Jean, Béranger ne contredit pas Jean, et reste humble et respectueux, parce qu’il dit « Oh, merci, vous êtes bien obligeant ». L’interjection « Oh » marque la surprise de Béranger mais aussi sa gentillesse admirative. En outre, lorsque Jean dit « vos souliers… », « Béranger essaye de cacher ses pieds sous la table ». Le lecteur remarque que les reproches de Jean semblent le déranger, mais qu’il ne le contredit pas ouvertement, montrant encore une fois la relation inégale entre ces personnages. Le lecteur/spectateur peut ainsi se demander de quel type d’amitié il s’agit, puisqu’elle n’est ni fondée sur l’égalité, ni sur la familiarité, car les deux se vouvoient.

IONESCO crée donc une relation déséquilibrée entre un personnage dominant, Jean, et un personnage dominé, Béranger.

Néanmoins, l’opposition entre Jean et Béranger crée aussi un effet comique.

Dans un deuxième temps, la scène de comédie peut également constituer les prémisses de la rhinocérite.

                Tout d’abord, cette scène est comique grâce au registre comique.

- comique de geste : « Jean, sortant une cravate de la poche de son veston » 🡪cette cravate sortie d’un coup crée gestuelle particulièrement outrancière, ce qui est comique 🡪 Il manipule non seulement les objets mais il manipule aussi physiquement et psychologiquement

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