Alfred de Musset, Fantasio, acte II, scène 7
Commentaire de texte : Alfred de Musset, Fantasio, acte II, scène 7. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Margot Blanlot • 6 Février 2021 • Commentaire de texte • 2 587 Mots (11 Pages) • 1 976 Vues
Blanlot Margot Mardi 5 mars 2019
21615775
Lettres Modernes
Langue et Littérature Française
Alfred de Musset, Fantasio
Commentaire Composé
Acte II, scène VII : « Madame, je suis criblé de dettes […] Est-il possible que le prince de Mantoue soit parti sans que je l’aie vu ? »
Cet extrait de Fantasio d’Alfred de Musset est la dernière scène de son œuvre. Fantasio, sous les traits du nouveau bouffon du roi, a réussi à faire échouer le mariage entre la princesse Elsbeth et le prince de Mantoue, en attrapant la perruque de ce dernier à l’aide d’une ficelle et d’un hameçon. Cet acte l’a mené directement en prison, où il va recevoir la visite d’Elsbeth et de sa gouvernante, et Fantasio va avouer toute la vérité à la princesse. Ce passage, qui est le dénouement de la pièce, n’en est à proprement parler pas vraiment un. Contrairement aux comédies classiques de l’époque, Musset reste sur une fin ouverte et la fin heureuse tant attendue ne se réalise pas, aucun mariage n’a lieu est la guerre est déclarer. De surcroît Fantasio refuse l’argent que lui offre la princesse en échange de son service de bouffon, argent qui aurait pu effacer des dettes. Pour lui, jouer le rôle de bouffon n’a d’attrait qui si il n’est pas contraint de le faire, cela montre la complexité du personnage de Fantasio et dans ce dernier passage, qui oscille entre ironie et effet comique il y a une mise en avant des différences entre le pessimisme de Fantasio et les rêveries de la princesse. Cette dernière ne souhaite d’ailleurs jamais le voir sous son vrai jour mais uniquement grimer en bouffon. De ce fait, comment la fantaisie mise en scène ici par Musset, semble dire que les faux-semblants valent mieux que les banalités de la vie ?
I/ Fantasio lève le masque
a) Le personnage éponyme révèle tout
b) Inconstance de Fantasio
c) Une princesse naïve et rêveuse
II/ Fantasio et Elsbeth, une opposition massive
a) Des envies divergentes
b) Le poids de la vérité et du mensonge
c) La gouvernante/ La princesse : les rôles s’inversent
III/ Quand le théâtre devient la vie
a) Fantasio avide de « déguisements »
b) Elsbeth et sa demande particulière
c) Une fin ouverte à la manière de la porte de la princesse
Dans ce dénouement, Fantasio lève le masque et révèle toute la vérité à la princesse quant à sa présence au palais. Contrairement au théâtre de Marivaux, l’on peut se rendre compte que la prise d’identité ne se fait pas sur la base d’un quiproquo. Fantasio, pour sa part a volontairement endossé le costume de bouffon pour se « soustraire aux poursuites des huissiers ». Dans toute l’œuvre de Musset, la bourgeoisie est la cible de nombreuses moqueries, elle y est souvent représentée sous un mauvais jour . Dans cette scène de clôture il s’attaque de nouveau à la bourgeoisie sous la plume de Musset en utilisant l’expression hyperbolique typiquement bourgeoise « criblé de dettes ». Son mépris pour tout ce que représente la noblesse est très présente dans sa dernière réplique, où il considère normal d’être criblé de dettes : « Un gentilhomme sans dettes ne saurait où se présenter. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de me trouver sans dettes ». Mais Fantasio, même s’il avoue toute la vérité à la princesse, n’en reste pas moins un personnage d’une grande inconstance dans ses réponses.
Pour justifier à la princesse Elsbeth le fait d’avoir endossé le costume du bouffon, il explique la situation précaire dans laquelle il se trouve actuellement et qu’il lui a fallu trouver un refuge très rapidement « où passer la nuit » afin de fuir ses huissiers. En taclant une fois de plus la bourgeoisie en la caricaturant, il affirme que son oncle est « avare » et qu’il n’hésite pas à le laisser « mourir de faim » : ce sont des hyperboles afin de montrer le ridicule de la bourgeoisie ainsi que pour apitoyer Elsbeth. La princesse qui semble décidée à oublier cette fourberie lui propose le remboursement de sa dette en échange de ses services, ce qu’il refuse catégoriquement avec une antithèse : « J’aime ce métier plus que tout autre ; mais je ne puis faire aucun métier ». Dans un premier temps il se plaint à la princesse de sa situation financière désastreuse, puis refuse sa proposition car en aucun cas il n’imagine vivre sans dette. Il ne veut que continuer à les accumuler, ce qui une fois de plus, pointe la bourgeoisie et son rythme de vie infernal. Contrairement, à un Fantasio pessimiste et changeant, la princesse Elsbeth, à cause de son jeune âge est toujours en quête de rêveries.
La princesse même mise devant le fait accompli en découvrant le véritable aspect de Fantasio et en écoutant les aveux de Fantasio nous surprend avec sa réplique : « Tout cela est-il vrai ? ». Toute cette mascarade semble pour elle une plaisanterie de mauvais goût. L’intervention de la gouvernante et du page nous informe officiellement de l’échec du prochain mariage entre Elsbeth et le Prince de Mantoue. Son union avec le prince devait empêcher une déclaration de guerre, et la princesse reproche à Fantasio de lui avoir fait manquer son devoir. Cela se confirme lorsqu’elle dit : « Si la guerre est déclarée, quel malheur », mais elle ne semble en aucun cas affectée par le départ du prince de Mantoue qu’elle n’a croisé qu’une seule fois sous l’identité de son aide de camp. La princesse malgré tout cela souhaite que Fantasio reste à son service et lui fait deux propositions pour que ce dernier accepte cette demande. Le fait de demander à Fantasio de ne se présenter à elle que sous les traits de bouffon et non sous sa véritable apparence montre bien le caractère naïf de la jeune fille qui souhaite voir se « réincarner » Saint Jean par le biais de Fantasio. L’allusion qu’elle fait aux « bleuets » dans sa dernière réplique montre son côté romantique et rêveur. Nous sommes face à deux personnages en totale opposition, avec un Fantasio qui ne rentre dans aucune case de la société et une princesse qui croit que ses romans d’amours peuvent devenir réalités. La seule est unique chose qui les relie est leur envie « d’ailleurs ».
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