Histoire de Bambi

Choisissez une personnalité née ou décédée en 1923. Vous enseignez au lycée. Présentez cette personnalité à vos élèves, puis expliquez-leur pourquoi il est important de fêter le centenaire de sa naissance ou de son décès.

Bambi est né en Autriche de l'imagination d'un journaliste, écrivain, Félix Salten, de son vrai nom Siegmund Salzmann. Dans l'imaginaire collectif, ce personnage est un petit être fragile, orphelin de mère, gauche, moqué et dont l'avenir semble au départ bien incertain. Pourtant dès sa naissance il aura trouvé son public, celui d'enfants prêts à être effrayés, à s'émouvoir et à se satisfaire d'une fin rassurante.

Cela mérite-t-il une commémoration ? Vraiment ?

Laissez-moi vous en dire plus.

Dès 1936, l'existence de Bambi est menacée par Adolf Hitler. Le dictateur interdit la publication du livre et les exemplaires de Bambi: Eine Lebensgeschichte aus dem Walde, que vous pouvez retrouver aujourd'hui en français sous le titre de Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois.  Les exemplaires en circulation sont brûlés au même titre que les œuvres d'Arthur Schnitzler, d'Erich Maria Remarque ou même du prix Nobel de littérature de 1929, Thomas Mann. Mais que peut craindre un dictateur de la part d'un petit faon orphelin ?

C'est que l'histoire de ce petit être est non seulement considérée comme « une allégorie politique des Juifs en Europe » mais aussi, peut-être que vous l'ignorez, l'œuvre d'un auteur juif. Les lois de Nuremberg adoptées par les nazis en Spetembre 1935 s'appliquaient donc pour lui et pour ses descendants. Salten quitte alors l'Autriche pour rejoindre Zurich, protégeant ainsi Bambi de ses bourreaux nazis.

Alors que Salten faisait grandir Bambi dans un monde hostile, dangereux dans le livre et dans la réalité, les studios Disney offrent, en 1942, une forêt chaleureuse, comme un écrin, au petit faon.

Mais là encore, il doit faire face à un nouvel obstacle : les chasseurs. Les spectateurs vont assister à la renaissance de Bambi dans un cinéma du Maine, mais c'était sans compter l'opposition des chasseurs. Les mêmes chasseurs qui avaient précédemment laissé Bambi orphelin de mère et provoqué les pleurs de milliers d'enfants sans même apparaître à l'écran. Finalement le film sera projeté à New York dans une salle de spectacle, le Radio City Music Hall, située dans le Rockfeller Center.

Mais le public n'est pas aussi nombreux que prévu en cette période de guerre. Alors est-ce la fin de Bambi ? Évidemment non, puisque non content de survivre, Bambi va parcourir le monde, profiter de l'apparition des magnétoscopes, faire l'objet d'adaptations et même d'une suite en 2006, soit 83 ans plus tard. Bambi va donner son nom à un syndrome désignant « une compassion et un attendrissement exagérés pour le sort des animaux ». C'est probablement ce syndrome qui a poussé en 2018 un juge du Missouri à condamner un braconnier à un an de prison mais aussi à regarder au moins une fois par mois le film d'animation Bambi.

Tout cela a conduit le petit faon jusqu'à nous et nous invite cette année à commémorer Bambi, à le célébrer comme le symbole du faible qui résiste et survit face aux pires criminels, celui pour lequel chacun d'entre nous pleure, celui qu'on a envie d'aider, de protéger, celui au nom duquel on a envie de se battre.

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