Les voyages temporels
Dissertation : Les voyages temporels. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Eva Girouard • 10 Juin 2023 • Dissertation • 3 258 Mots (14 Pages) • 360 Vues
Le septième art propose des possibilités de créations infinies, mais aussi des possibilités toutes aussi intéressantes pour le spectateur. Le temps d’un instant défini, le spectateur s’extrait de son monde pour en découvrir un nouveau et met de côté son scepticisme pour laisser place à la suspension consentie de l’incrédulité. Cette dernière est un concept imaginé au début du dix-neuvième siècle par Samuel Coleridge qui décrit la capacité mentale de l’être humain à mettre de côté son scepticisme afin de laisser place à une « foi poétique », ou foi totale du récit proposé. Le cinéma permet donc un voyage dans un autre monde. Plus précisément, le cinéma est un terme polysémique qui désigne à la fois l’audiovisuel mais aussi la grande salle sombre dans laquelle l’on se trouve pour regarder une œuvre cinématographique, coupé du monde le temps d’une œuvre. En un sens et par extension, le cinéma nous propose de façon poétique un véritable voyage temporel ; la salle est le réceptacle, le vaisseau, l’œuvre le voyage. Une véritable mise en abyme peut s’opérer lorsque les œuvres elles-mêmes proposent des histoires centrées sur les voyages temporels. Les voyages temporels consistent en des voyages à travers différentes époques. Ces voyages sont rendus possibles grâce à une technologie et une science avancée qui permettent de créer des engins capables de voyager, mais aussi de comprendre la complexité du temps. Aujourd’hui même, l’on comprend le fonctionnement du temps, mais il nous est impossible de voyager de telle sorte. Par extension, les voyages temporels sont restés au rang de fantasmes, qui nourrissent donc l’imaginaire littéraire et audiovisuel sans cesse renouvelés. Ces voyages temporels sont sources de fantasme car il semble que l’une des rares choses que l’Homme ne maitrise pas est bien le temps ; il ne peut (encore) réparer ses erreurs ni savoir l’avenir afin de les éviter. Ainsi, ces voyages tous particuliers relèvent bel et bien d’une fiction qui ne cesse de plaire et d’intriguer.
Cette remarque précédente nous amène à souligner la dualité inhérente à ces voyages ; ils sont sujets de fantasmes, et les œuvres cinématographiques les représentant sont le plus souvent inhérentes à la pop-culture, culture adressée à un très large public, qui n’englobe pas une culture élitiste. Pourtant, l’on peut remarquer que ces voyages temporels sont mus la plupart du temps par des motivations plus ou moins sombres. Il peut être question de remonter le temps pour corriger un évènement ou encore connaitre l’avenir pour éviter une potentielle future catastrophe. L’on pourrait objecter que l’on peut aller dans le futur seulement pour connaitre l’avenir ; nombre d’œuvres soulignement l’égoïsme et le risque que seul cet acte entrainerait. Il en est de même concernant le passé ; car l’on suppose qu’un voyage temporel dans le passé aurait des conséquences sur le présent, et par extension le futur. Il semble intéressant de s’intéresser aux voyages temporels et à leurs facettes plus sombres qui peuvent s’opposer au côté plus joyeux de la pop-culture, proposant un aspect des voyages temporels plus positif, mais aussi à la participation accrue du spectateur, ce dernier devant parfois participer à la réflexion essentielle à la bonne compréhension de ces voyages, et donc de l’intrigue. Notre étude se fera avec un raisonnement linéaire et simple. Nous allons plus spécifiquement nous intéresser aux tourmentes, dilemmes inhérents aux voyages temporels. Afin d’effectuer cette réflexion, nous nous pencherons sur la série Dark de Baran Bo Odar, la trilogie Retour vers le futur de Spielberg, Interstellar et Tenet de Christopher Nolan.
Nombre d’œuvres cinématographiques proposent des histoires composées de voyages temporels ; la plupart, paradoxalement, font partie de la pop-culture. La pop[1]-culture est la culture plutôt populaire inhérente à la société, celle qui n’est pas élitiste. Ce paradoxe se retrouve dans l’idée que les voyages temporels sont de nature complexes et il est difficile de les aborder sans les connaissances scientifiques nécessaires. Tout d’abord, peut-être pouvons-nous préciser la différence assez importante entre les deux types de voyages temporels ; l’un menant vers le passé, l’autre vers le futur. Il serait possible de voyager vers le futur, mais non vers le passé. Des recherches scientifiques appuient cette thèse, mise en parallèle de la thèse concernant l’impossibilité des voyages vers la temporalité inverse ; ils créeraient des paradoxes temporels, pouvant mener potentiellement l’humanité à sa perte. Nous reviendrons plus tard sur cette théorie.
Tout d’abord, il semble important de souligner la nature même du « vecteur » des voyages temporels. Pour coller à l’aspect scientifique mais aussi au sens même du voyage temporel, la possibilité de voyager ne se fait pas en un claquement de doigts, mais grâce à des machines ou passages pensés pour cette utilité si spéciale, ou alors la capacité de voyager dans le temps est donné à des fins bien précises. Dans les œuvres de science-fiction ici évoquées, les voyages temporels ne sont pas permis par les mêmes « machines à voyager dans le temps ». Certaines relèvent de la création de machine, mais surtout de machine qui se déplace. C’est par exemple le cas de la Delorean dans Retour vers le futur. Ce choix cinématographique peut être motivé de différentes raisons. La voiture est un véhicule, et par extension les véhicules permettent de s’arracher à un lieu familier pour en découvrir un nouveau ; l’on a l’idée du voyage. La Delorean est une voiture rapide qui induit la vitesse, celle par laquelle on arrive avec une vitesse déconcertante à maitriser le temps dans l’œuvre. Le voyage dans Dark revêt à l’image de la série un caractère plus sombre ; c’est un passage, creusé dans une grotte, créé à partir d’une science développée, nommée « particule de dieu », soit la matière noire. C’est d’ailleurs la Science qui permet dans nombre d’œuvres comme Interstellar, Tenet de voyager ; soit à travers l’Espace (trous de ver), soit avec le développement de « l’entropie inversée », qui consiste à inverser le temps. Donnie Darko, film que nous aborderons plus longuement, octroie au personnage principal des supers-pouvoirs, dont celui de voyager dans le temps.
Nous pouvons réaliser deux types de voyages temporels, qui nous permettent d’avancer à nouveau dans notre raisonnement. Certains voyages semblent voulus, et d’autres sont plutôt subis. Ces derniers présentent la particularité de souligner le caractère inévitable des événements mais aussi l’incapacité des personnages à lutter contre le temps. Ces derniers peuvent découvrir contre leur plein gré des secrets appartenant tant au passé comme au futur trop lourds à porter. Cependant, il ne faut pas se leurrer sur les voyages temporels voulus ; ils proposent aussi un aspect bien particulier ; celui du sacrifice.
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