Podcast sur Marguerite Yourcenar

Nous allons aujourd’hui vous parler de l’une des plus grandes écrivaines de littérature française. Marguerite Yourcenar.

Mais qui est-elle ? D’où vient-elle ?

Marguerite de Crayencour naît le 8 juin 1903 à Bruxelles. Orpheline de mère, elle est la fille de Charles Michel de Crayencour, un notable français. Rentier cultivé et au train de vie nomade, son père vit et voyage à travers le monde. Montrant peu d’enthousiasme à l’idée d’éduquer une fille, il va néanmoins l’emporter dans ses valises et lui apprendre à s’instruire par elle-même en parcourant le monde. Ces multiples voyages vont alors être à l’origine d’une véritable passion de l’autrice pour les civilisations, orientales notamment.

Comment se passent ses débuts d’écrivain ?

Son père meurt en 1929, année de la parution du premier roman de sa fille, Alexis ou le Traité du vain combat. Il s'agit d'une longue lettre dans laquelle un homme confie à son épouse son homosexualité et sa décision de la quitter dans un souci de vérité et de franchise.

Elle écrit sous le pseudonyme de Yourcenar, anagramme de Crayencour, son nom de naissance.

Vous l’aurez compris, Marguerite Yourcenar est une femme libre, audacieuse et anticonformiste qui ne craint aucunement de traiter des sujets tabous pour l’époque.

Poète, romancière, traductrice, essayiste, nouvelliste et dramaturge franco-belge, elle acquiert la nationalité américaine en 1947, après s’être installé aux Etats-Unis en 1939. Bisexuelle, elle y vit avec la traductrice américaine Grace Frick.

Que peut-on dire de son style ? De son œuvre ?

Traductrice, elle est l’auteure de plus d’une soixantaine de romans, recueils, pièces de théâtre et essais, et se distingue par la qualité et la complexité des recherches qu’elle effectue avant d’écrire, à la manière d’un Emile Zola. Selon elle, « la valeur humaine est singulièrement augmentée par la fidélité aux faits ». Ayant une prédilection pour les fictions et autobiographies historiques, elle considère l’Histoire comme une « école de liberté ». Ses récits sont souvent qualifiés de moralistes et ont une dimension psychologique et philosophique.

Lisant le latin et le grec ancien et ayant vécu en Grèce et en Italie, elle va connaître un succès international avec Les Mémoires d’Hadrien, parues en 1951. Cette autobiographie historique fictive conte la vie du 14eme Empereur romain, personnage qui l’a toujours fascinée. Le texte lui apporte une renommée dans le monde entier, célébrité à laquelle elle ne s’attendait pas.

Mais en quoi peut-elle être considérée comme une auteure engagée qui a marqué l’Histoire ?

Eh bien Marguerite Yourcenar a toujours défendu des causes importantes. Naturalisée américaine, elle dénonce la ségrégation raciale et prend position contre la guerre du Vietnam avec véhémence. Elle est aussi connue pour ses engagements avant-gardistes en faveur de l’écologie et de la cause animale, prônant notamment la création de multiples réserves naturelles en France.

Mais avant tout, Marguerite Yourcenar c’est un symbole. Le 6 mars 1980, elle est la première femme à être élue à l’Académie Française. Avant cette date, en 345 ans d’existence, la plus prestigieuse des institutions littéraires n’avait jamais admis aucune femme et cela en dépit de l’éternelle et considérable contribution à l’œuvre littéraire française des femmes de lettres.

« Si je suis rentrée c’est avec toute la troupe des femmes qui aurait dû rentrer. Il y a Colette, Madame de Staël, etc. » déclarera-t-elle lors de sa réception sous la Coupole en 1981. Suscitant à l’époque de nombreux débats, cette entrée historique a été rendu possible grâce à la volonté de l’académicien Jean d’Ormesson qui dit l’avoir imposée à ses confrères « non par féminisme, non par amitié, mais par admiration ».

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